Paris renoue avec les palaces

Avec l'ouverture au public ce lundi du Royal Monceau débute une nouvelle ère pour l'hôtellerie de luxe parisienne. La capitale va se doter dans deux années qui viennent de trois nouveaux palaces. Et ce n'est pas fini. A terme, Paris pourra faire enfin jeu égal avec Londres.

La Ville lumière prépare activement sa montée en gamme à la faveur de cinq ouvertures d'hôtels de très grand luxe. Ils rejoindront le cercle fermé des palaces parisiens constitué du Bristol, du Crillon, du George V, du Meurice, du Plaza Athénée, du Ritz et, depuis 2007, du Fouquet's Barrière. Une nouvelle page de l'histoire de l'hôtellerie parisienne de luxe est en train de s'écrire et le premier chapitre a été signé par Le Royal Monceau Raffles Paris, qui reçoit ses premiers clients à partir de ce lundi 18 octobre. Cet établissement a été entièrement rénové durant deux ans par son propriétaire, le fonds souverain Qatari Diar. La refonte de ce palace a été confiée au célèbre designer Philippe Starck. Il sera géré par le groupe singapourien Raffles.

Cette inauguration est la première d'une série d'ouvertures de palaces à Paris. À la fin de l'année, la chaîne hong-kongaise Shangri-La s'installera avenue d'Iéna, sa première adresse en Europe. Pour l'occasion, elle s'offre une vue imprenable sur la tour Eiffel. En 2011, un autre hôtelier de Hong Kong, Mandarin Oriental, ouvrira ses portes rue Saint-Honoré, derrière une façade repensée par l'architecte Jean- Michel Wilmotte. Enfin, Qatari Diar ouvrira en 2012 une deuxième adresse d'exception à Paris, le Peninsula (chaîne originaire de Hong Kong), près de l'Arc de Triomphe, dans un immeuble racheté pour 460 millions d'euros à l'État.

Londres compte déjà 14 palaces 

Grâce à cette vague d'ouvertures, Paris va rattraper une partie de son retard vis-à-vis de Londres, qui compte quatorze palaces. La France espère même capter une partie des spectateurs qui viendront assister aux Jeux olympiques à Londres en 2012. Les plus fortunés d'entre eux profiteront de leur venue pour visiter d'autres pays d'Europe. « L'entrée sur le marché des quatre enseignes asiatiques devrait générer un intérêt grandissant des clientèles asiatiques, et notamment chinoise, pour l'hôtellerie haut de gamme parisienne », souligne le cabinet Jones Lang Lasalle, dans une étude qu'il vient de consacrer à « L'avenir des palaces parisiens ». Pour le directeur général de l'office de tourisme de Paris, Paul Roll, cette abondance de palaces « tire la destination parisienne vers le haut » Et d'ajouter : « Toute ouverture d'un palace est un événement. Les hôtels de cette qualité deviennent une destination dans la destination ».

Des établissements qui emploient jusqu'à 450 salariés

Chacun de ces établissements crée 300 à 450 emplois. Les nouveaux palaces inaugurés d'ici à 2012 permettront d'augmenter de 70 % les capacités d'accueil luxueux à Paris. Cet accroissement des capacités ne devrait pas peser sur les prix de vente de cette catégorie d'établissements car il coïncide avec un redémarrage de l'activité des palaces qui avait été fortement pénalisée par la baisse de la fréquentation des touristes étrangers au plus fort de la crise. Au premier semestre 2010, le revenu par chambre de cette catégorie d'hôtels rebondit de près de 10 %, retrouvant les niveaux de 2006-2007, une excellente période, souligne le cabinet d'audit KPMG.

Le Crillon et le Ritz ont besoin d'une rénovation

L'arrivée de palaces flambant neufs va imposer de nouvelles références à l'ensemble de ces établissements. « Il faut que les plus anciens soient rénovés pour rivaliser avec les prestations des nouveaux venus », prévient Stéphane Botz, en charge du secteur chez KPMG. Le Crillon, qui occupe une position unique sur la place de la Concorde, a besoin d'être modernisé. Depuis plusieurs années, il est mis en vente pas l'américain Starwood Capital et c'est certainement son prochain propriétaire qui mènera le chantier. Le Ritz, propriété de Mohamed Al-Fayed, est lui aussi en attente d'une nouvelle jeunesse.

En 2014, l'offre d'hôtels de haut de gamme devrait encore s'accroître avec la transformation de la Samaritaine en hôtel par le groupe LVMH. Grâce à sa situation, face à la Seine, cet établissement pourra prétendre à rejoindre la liste des palaces. Le Lutetia, revendu tout récemment par Starwood au groupe immobilier israélien Alrov, pourrait lui aussi se placer sur le très haut de gamme. Et le Park Hyatt Paris-Vendôme, installé rue de La Paix, est tenté par un classement parmi les palaces.

La dénomination palace bientôt réglementée

La France, qui veut attirer les touristes fortunés du monde entier, a décidé de donner une meilleure visibilité à la fine fleur de son hôtellerie. Après avoir hésité à ajouter une catégorie six étoiles au classement hôtelier qui vient tout juste de se doter d'une cinquième étoile, Hervé Novelli, le secrétaire d'état au Tourisme, a chargé des experts de réfléchir à la définition d'une catégorie palace. Parmi la centaine d'hôtels cinq étoiles répertoriés en France, il s'agit de définir la « quintessence du luxe ». Jusqu'à présent, la désignation de palace était subjective. Ces établissements de prestige devaient être chargés d'histoire, installés dans un site exceptionnel, et proposer une offre de services pratiquement sans limite, tout en abritant, si possible, un restaurant étoilé par « Le Guide Michelin ». À quelques exceptions près sur la Côte d'Azur, les palaces français sont regroupés dans la capitale. Lors de son ouverture en 2007, l'hôtel Fouquet's avait créé l'émoi en s'autoproclamant palace. Ses détracteurs n'avaient alors pas trouvé d'arguments tangibles à lui opposer.

Cette offre sera-t-elle rentable? Oui, de l'avis du cabinet d'étude Jones Lang Lasalle. « Les palaces ont représenté dans le passé des investissements affichant des niveaux de rentabilité compris entre 5 et 10 %. » L'importance des prix d'acquisition et les efforts financiers pour maintenir le positionnement ainsi que les charges de personnel limitent la rentabilité des actifs. Les coûts de développement totaux pour les futurs hôtels s'élèvent jusqu'à plus de 3 millions d'euros la clef. Le profit des investisseurs est principalement effectué à la revente de l'hôtel. Ils apprécient généralement la valeur patrimoniale de ces produits, garantie dans la durée, et sont sensibles au prestige attaché à leur détention, constate l'expert du cabinet d'étude Jones Lang Lasalle. Pour les chaînes hôtelières candidates à la gestion de cette catégorie d'hôtels, l'enjeu est de se doter d'une légitimité internationale. Paris, capitale emblématique du secteur du luxe, est à ce titre une adresse de référence.
 

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