L'Egypte en mal de touristes

Par Stéphanie Wenger, au Caire  |   |  465  mots
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Les touristes boudent la destination depuis la révolution, alors que le secteur est vital pour l'économie du pays. Du coup, le gouvernement lance une campagne de promotion pour attirer les voyageurs.

"Mille et un sourires pour l'Egypte", "Souriez pour l'Egypte, L'Egypte sourit pour vous". C'est avec ces slogans que la nouvelle campagne publicitaire qui met en scène des voyagistes sera lancée lundi prochain. Le ministre égyptien du tourisme Mounir Fakhry AbdelNour sera en France pour l'occasion avec pour objectif de relancer la destination... et un secteur qui fait grise mine depuis la révolution.

Avec 12,5 milliards de dollars de recettes en 2010 (soit 11% du PIB), le tourisme est l'une des premières sources de devises du pays. On estime que le secteur emploie 12,5% de la population active. En 2010, l'Egypte avait accueilli 14,8 millions de visiteurs. Cette année la fréquentation aurait baissé de 45,7% au premier trimestre, et de 35% au deuxième avec 2,2 millions de personnes. En avril, le ministre du tourisme avait prévu une baisse de 25% des recettes sur l'année. "De janvier à juillet nous n'avons eu aucune demande", déplore Sara Villermet à Louxor qui organise des croisières à la voile sur le Nil et travaille notamment pour Comptoirs du monde et Voyageurs du monde. "Cela repart un peu avec réservations pour la Toussaint, mais d'habitude nous sommes plein un an à l'avance à cette période. Les chiffres ne sont pas à la hauteur, malgré les promotions, s'alarme-t-elle.

Un nécéssaire retour au calme

Depuis la révolution du 25 janvier et la chute du président Moubarak, l'Egypte s'est engagée dans une transition politique qui a été compliquée par quelques épisodes d'instabilité. Les affrontements entre coptes et musulmans, les manifestations violentes et la répression musclée sont autant d'événements qui ne contribuent pas à rassurer les touristes. "On a eu des difficultés à vendre des séjours à Sharm el Sheikh tant que l'ancien président était là-bas", explique Pakinam, une responsable de chez Isis Tours, un tour opérateur égyptien. Elle espère un retour à la normale pour l'automne. "Nos partenaires en Europe et en Chine nous annoncent une très belle saison...si c'est calme".

Ramy Yassa, de First Travel qui travaille surtout avec le marché français est plus pessimiste. "Je ne crois pas à un vrai retour des touristes avant février 2012, à condition que les élections aient lieu dans le calme et que l'Egypte ait un parlement et un président. Nous avons des réservations, mais les gens attendent le dernier moment pour voir comment cela se passe sur le terrain".

Les messages contradictoires qui émanent des autorités n'arrangent pas les choses. Cette semaine, un porte-parole du gouvernement a annoncé que les visas ne seraient plus délivrés à l'aéroport mais après une demande dans les consulats étrangers, réciprocité oblige. Une annonce qui tombe mal. Le lendemain le ministre du Tourisme montait au créneau pour annoncer la suspension de la mesure.