La nouvelle taxe agite toujours les nuits des hôteliers

Par Rémy Janin  |   |  410  mots
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Mis en vigueur par le gouvernement depuis le 1er novembre sur les nuitées au-delà de 200 euros, ce prélèvement met en émoi l'ensemble des professionnels.

La taxe sur les nuitées mise en oeuvre à compter du 1er novembre, dans le cadre du plan de rigueur du gouvernement, ne passe pas. Cette taxe, qui porte sur les prix supérieurs à 200 euros la nuit, a été votée par le Parlement afin de compenser l'abandon de la taxe sur les tarifs des parcs à thème. Elle ne tient pas compte du nombre d'étoiles de l'établissement. Ce qui signifie que de nombreux hôtels, des palaces aux établissements de moyenne gamme, sont concernés. En effet, selon les estimations, le prix moyen payé pour une chambre standard double dans Paris tourne aujourd'hui autour de 186 euros et le montant moyen de la taxe sera d'environ 4 euros, a évalué le ministre de l'Économie, François Baroin.

Un prélèvement « grotesque », persifle le PDG fondateur de MKG Consulting, Georges Panayotis. « Elle ne rapportera pas grand-chose à l'État et elle est facilement contournable », explique ce spécialiste du secteur. Un hôtelier pourra en effet aisément défalquer de la note de ses clients un certain nombre de prestations afin d'y échapper, explique-t-il. Autre son de cloche du côté de Roland Héguy, président de l'Umih, le principal syndicat d'hôteliers. « Quatre euros, c'est énorme », estime-t-il en rappelant que l'hôtellerie française doit faire face à la concurrence internationale notamment pour ce qui est du marché des congrès. Didier Chenet, le président du Synhorcat, autre syndicat d'hôteliers, ne dit pas autre chose et s'inquiète de voir le nouveau prélèvement frapper « le tourisme d'affaires et le tourisme tout court ».

Fortes disparités

Les hôteliers expliquent qu'ils sont d'autant plus remontés contre la nouvelle taxe que le secteur a été durement frappé par la crise. « Le secteur perd 5 % de ses capacités d'accueil par an, soit quelque 11.000 chambres chaque année, explique Georges Panayotis. Si cette tendance perdure ce sont plus de 150.000 chambres qui vont disparaître d'ici à cinq ans. » Paradoxalement, le chiffre d'affaires de l'hôtellerie française devrait croître cette année entre 3 % et 5 %. Mais cela cache des disparités fortes, affirme-t-il. « En réalité, c'est le haut de gamme qui tire le marché, les autres segments sont tous en net recul. »

Et ce n'est peut-être pas fini. Inquiets sur les intentions du gouvernement sur le relèvement de la TVA, les syndicats d'hôteliers et de restaurateurs ont demandé à être reçus d'urgence à Bercy.