BMW Série 3 : Sport, luxe et... écologie

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1138  mots
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En version 3.20d « Efficient Dynamics », la nouvelle bavaroise réconcilie tous les contraires. Sportive, passionnante à piloter, chic et confortable, elle consomme comme une... citadine. Une merveille. Mais le prix est très élevé.

Vous voulez des performances de coupé sportif, l'élégance et la praticité d'une berline, des consommations de « mini » urbaine... Impossible ? Eh bien, BMW l'a fait. La 3.20d ED (« Efficient Dynamics ») est pour vous. Paradoxale, elle réconcilie tous les contraires ! Sport, luxe et écologie. Alors là, bravo !

Superbe réalisation

Elégante, chic, raffinée, la nouvelle Série 3 rassemble tous les ingrédients traditionnels d'une BMW. La ligne, à la fois personnelle et harmonieusement équilibrée, constitue une réussite. Vraiment, les designers de BMW, Audi et Mercedes, savent renouveler leurs voitures en douceur, sans révolution et en conservant leur identité de marque. Même chose à l'intérieur, bien dessiné, cossu et fort bien fini. Du beau travail. Sur notre version « Modern », les boiseries claires et en relief, les sièges cuir-tissu, l'harmonie intérieure brun-beige, sont accueillantes et chaleureuses. La position de conduite est meilleure que sur le modèle précédent et ne souffre pas de critiques, avec une sellerie confortable. L'habitabilité n'est plus exiguë comme par le passé.

Ergonomie trop compliquée

Après tant d'éloges, déplorons toutefois une ergonomie... plus discutable. L'accoudoir central est coulissant mais non réglable en hauteur. A ce tarif, il n'y a pas non plus de réglage lombaire des dossiers. Mais, surtout, nous détestons cette molette centrale d'ordinateur pour commander toutes les fonctions. Il faut dangereusement quitter la route des yeux pour farfouiller dans des sous-menus, juste pour chercher une station de radio. Vivement un écran tactile ! Quant à l'affichage « tête haute » de la vitesse par projection sur le pare-brise, c'est peut-être très « high tech » mais beaucoup moins lisible qu'un simple affichage normal de la vitesse en chiffres sur le compteur (Volkswagen, Audi, Peugeot...). Car l'affichage tête haute est ici brouillé par les reflets du haut de la planche de bord (claire) sur le pare-brise ! Enfin, l'aide au stationnement est trop bruyante. Elle s'accompagne d'une caméra de recul (bonne idée), mais... impossible d'avoir la caméra sans les bips-bips, contrairement à une Honda ou Toyota. Agaçant. Certains choix (position Sport) sont en outre annulés à chaque redémarrage. Et il faut les reprogrammer. Le levier de vitesses (automatique) électrique n'est pas très intuitif. Enfin, les capteurs d'angle mort sur les rétroviseurs extérieurs (aïe, le coût de remplacement !) clignotent trop souvent. Mais, tout cela est en option et on s'en passera...

Mécanique exceptionnelle

Moteur. Le quatre cylindres diesel est... une pure merveille. Linéaire, souple, rageur quand il le faut, capable de distiller accélérations ou reprises canon, il ne mérite que des éloges. Il est accouplé ici à une transmission automatique à huit rapports, douce, très rapide dans le passage des rapports. Pourtant, cette boîte nous enthousiasme moins que le moteur. Réglée pour réduire les consommations, elle monte en effet les rapports beaucoup trop vite ! On se retrouve en cinquième, alors qu'on voudrait être en... troisième. On est constamment deux ou trois rapports trop haut. On a l'impression de ne pouvoir dominer totalement la machine et que c'est la technique qui nous domine. Et ce, même en position « S ». La transmission a aussi du mal à rétrograder. Elle le fait certes énergiquement en cas de coup de frein brutal avant un virage, mais pas si l'on se contente de décélérer ou de freiner légèrement.

Réglages de transmission discutables

Evidemment, on peut passer les rapports manuellement. Et, dans ce cas, c'est un magnifique régal que d'enchaîner les virages. Surtout, si l'on a sélectionné le réglage « Sport » (rien à voir avec la position « S » du levier de vitesses), qui permet de grimper davantage dans le haut du compte-tours. On se croit alors dans une vraie sportive. Etonnant. Mais, huit rapports, c'est quand même beaucoup pour les monter et les descendre manuellement. Et, une fois qu'on a bien fait joujou, on s'en lasse et revient en position automatique. Finalement, nous préférions l'ancienne boîte automatique à six rapports, plus énergivore, mais plus judicieuse dans ses rétrogradages.

Sobriété exemplaire

Cette mécanique est d'autant plus incroyable qu'elle apparaît remarquable de sobriété, et donc très économe en rejets de CO2 (109 grammes à peine). Avec 5,4 litres de gazole aux cents, nous n'avons pas plus consommé qu'avec une petite voiture de ville. C'est même moins que ce que nous avions relevé sur une Toyota Prius hybride, particulièrement soporifique à conduire. Remarquable. BMW est le seul à combiner hautes performances, agrément de conduite, et sobriété. Une des rarissimes voitures « écologiques », qui préservent le plaisir. BMW nous empêche de désespérer totalement d'un avenir automobile pour le moins sombre.

Comportement routier sûr

Le comportement dynamique se marie très bien avec la mécanique. Malgré les trombes d'eau durant notre parcours d'essai, cette « propulsion » ne nous a jamais fait peur. Sécurisante, précise, suffisamment agile, la Série 3 permet de profiter à plein des performances du moteur. Seule réserve : une direction trop aseptisée, au ressenti imprécis, qui ne permet pas de bien sentir la route en virage. Ce comportement routier équilibré est, en plus, obtenu sans sacrifier un niveau de confort très acceptable. Les pneus Michelin « Energy » (60R16) à flancs assez hauts contribuent à ce bon confort.

Prix élevé

Evidemment, les prix sont élevés. Vu le niveau technique, la qualité de conception et de réalisation, il y a une certaine logique. Mais BMW y va fort. La 320d ED coûte 35.600 euros en version Lounge (base), dépouillée et triste ! Pour « notre » finition « Modern », c'est 3.950 euros de plus. La boîte automatique est à 2.300 euros. Les options sont innombrables et onéreuses. Rien que la peinture métallisée est à 900 euros. Notre véhicule de test embarquait pour 16.500 euros d'options ! Mais, à part l'alarme antivol (à 550 euros), on peut se passer de la plupart d'entre elles. L'aide au stationnement avant est à 300 euros, la caméra de recul à 450, l'affichage « tête haute » à 1.000... Une belle 3.20d ED ? Une voiture recommandable. A condition de ne pas se laisser tenter par les équipements optionnels. Et ce, malgré les réserves sur les réglages de transmission et des détails d'ergonomie.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : BMW 3.20d ED Modern : 39.550 euros

Puissance du moteur : 163 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,62 mètres (long) x 1,81 (large) x 1,43 (haut)

Qualités : Lignes élégantes, intérieur bien fini et présenté (sauf version de base), excellente mécanique, sobriété exemplaire, confort et comportement routier de bon niveau, plaisir de conduite

Défauts : Ergonomie « high tech » complexe, réglages discutables de transmission auto, ressenti imprécis de la direction, prix élevé

Concurrentes : Volvo S60 D3 Momentum : 32.500 euros ; Peugeot 508 HDi 163 Allure : 32.550 euros ; Audi A4 TDi 177 Ambiente : 35.900 euros

Note : 15 sur 20