Financement : Bruxelles tacle sèchement le Real Madrid et le FC Barcelone

Sept clubs de foot espagnols sont dans le collimateur de la Commission européenne qui les soupçonne d'avoir bénéficié d'aides publiques illégales. Une enquête a été ouverte.
Si, au terme de son enquête, la Commission européenne déclarait les aides incompatibles avec le droit de l'UE, elle pourrait en exiger le remboursement. Or, les clubs espagnols croulent déjà sous des dettes colossales. La dette de l'ensemble des clubs espagnols s'élèverait ainsi à 3,6 milliards d'euros.

C'est un tacle qu'ils n'avaient pas vu venir. Sept clubs de foot espagnols, dont les prestigieux Real de Madrid et FC Barcelone sont dans le collimateur de la Commission européenne qui les soupçonne d'avoir bénéficié d'aides publiques illégales.

Le financements des clubs ne doit pas se faire "aux frais du contribuable"

"Les clubs de football professionnel devraient financer leurs coûts de fonctionnement et leurs investissements par une bonne gestion financière plutôt qu'aux frais du contribuable", a martelé le commissaire chargé de la Concurrence, l'Espagnol Joaquin Almunia, en annonçant l'ouverture d'une "enquête approfondie" contre sept clubs espagnols, dont six évoluent en première division.

"Les Etats membres et les pouvoirs publics doivent se conformer aux règles de l'UE en matière d'aides d'Etat dans ce secteur comme dans tous les autres secteurs économiques", a souligné Joaquin Almunia, lui-même supporteur d'un des clubs incriminés, l'Athletic Bilbao. Les sept clubs visés par Bruxelles sont le Real Madrid, le Barça, l'Athletic Bilbao, Osasuna, Valence CF, le Hercules Alicante et Elche. A l'exception du club d'Alicante, en deuxième division, tous ces clubs évoluent en première division.

De la compatibilité des prêts accordés au club aux opérations immobilières en passant par des exonérations de charges sociales...

Bruxelles cherche d'une part à déterminer si le Real Madrid, le FC Barcelone, l'Athletic Bilbao et Osasuna ont bénéficié indûment d'exonérations de charges sociales et de dettes fiscales. Ces quatre clubs appartiennent à leurs "socios" et ne sont donc pas constitués en sociétés anonymes. Cela leur permet notamment de bénéficier d'avantages pour le paiement de l'impôt sur les sociétés (25% au lieu de 30%).

La Commission veut également vérifier la compatibilité des prêts accordés en juillet 2011 par le gouvernement régional de Valence aux clubs de Valence CF, Alicante et Elche. Ces prêts s'élèvent au total à 118 millions d'euros. La région de Valence est l'une des les plus endettées d'Espagne avec une dette de 20% de son PIB et un déficit de 4,6% en 2011.

La Commission veut enfin vérifier les opérations immobilières autour de terrains du Real Madrid. Le Real a obtenu un terrain municipal dont la valeur était estimée à environ 600.000 euros en 1998 avant d'être réévaluée à 22,7 millions d'euros en 2011. La Commission soupçonne que la valeur de ce terrain a été sous-estimée lors de la transaction avec le club.

"Le gouvernement (espagnol) entend défendre les clubs jusqu'au bout", prévient le ministre espagnol des Affaires étrangères

Contrairement à ce qu'avait annoncé lundi à Bruxelles le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Garcia-Margallo, la Commission n'a en revanche pas ouvert d'enquête sur les conditions de l'aide publique accordée à l'Athletic Bilbao pour la construction de son nouveau stade.

Joaquin Almunia, originaire de la région de Bilbao, a catégoriquement démenti tout conflit d'intérêts dans ce dossier et assuré qu'il n'était pas "socio" du club basque. "Le gouvernement (espagnol) entend défendre les clubs jusqu'au bout", a prévenu José Manuel Garcia-Magallo. "De ce que je sais, il n'y a rien eu d'illégal (...) mais je m'inquiète du préjudice qui peut être causé aux clubs", a-t-il ajouté.

La dette de l'ensemble des clubs espagnols s'élèverait à 3,6 milliards d'euros

Miguel Cardenal, le président du Conseil supérieur des sports espagnol (CSD) a quant à lui rappelé mardi que "la fiscalité que supportent les clubs de football espagnols est beaucoup plus lourde et sensiblement plus importante que celle de leurs homologues, par exemple allemands, anglais, français ou italiens".

"Nous parlons d'établissements qui paient, dans certains cas - j'ai un chiffre récent - plus de 170 millions d'euros" par an, a-t-il dit. Si, au terme de son enquête, la Commission européenne déclarait les aides incompatibles avec le droit de l'UE, elle pourrait en exiger le remboursement. Or, les clubs espagnols croulent déjà sous des dettes colossales. La dette cumulée de l'ensemble d'entre eux s'élèverait ainsi à 3,6 milliards d'euros.

Clubs et pouvoirs publics ont un mois pour donner des explications

En mars dernier, la Commission avait déjà ouvert une enquête à l'encontre de cinq clubs de foot néerlandais dont le PSV Eindhoven pour déterminer s'ils avaient reçu des financements illégaux de collectivités.

D'autres clubs d'autres pays, pourraient être à l'avenir dans la ligne de mire de Bruxelles, a mis en garde Joaquin Almunia. Les clubs et les pouvoirs publics concernés ont désormais un mois pour apporter leurs explications aux questions de la Commission.

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Commentaires 2
à écrit le 19/12/2013 à 11:30
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Le salaire des joueurs étant trop élevé, il faut aider ces pauvres clubs pour qu'ils puissent survivre...!

à écrit le 19/12/2013 à 10:51
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Enfin !

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