La bataille se corse pour les parcs de loisir

Par latribune.fr  |   |  725  mots
Disneyland Paris a vu sa fréquentation baisser sensiblement en 2013 (-7%)
La fréquentation de nombreux parcs a diminué en 2013. Un rebond cette année?

 Les parcs de loisirs avaient plutôt résisté à la crise jusqu'en 2012 mais l'année 2013 a été contrastée, du succès du Puy du Fou aux déceptions de Disneyland Paris et du Futuroscope. L'enjeu: attirer, mais aussi faire dépenser et revenir le visiteur.

"La raison essentielle du recul de beaucoup de parcs en 2013, c'est la baisse de pouvoir d'achat des familles, en particulier des classes moyennes", explique Didier Arino, directeur du cabinet d'études Protourisme.

Déléguée générale du Snelac, le grand syndicat de la profession, Sophie Huberson fait le même constat: "le tourisme de proximité était favorisé depuis la crise de 2008. Mais aujourd'hui, même ce tourisme est devenu difficile. Certaines familles peuvent payer un ticket d'entrée à 12 euros pour un parc régional, mais pas 70 euros pour un grand parc".

La crise pèse sur les chiffres de fréquentation

En 2013, le numéro un européen Disneyland Paris a vu sa clientèle reculer de 7%, soit 1,1 million de visiteurs en moins, et ses hôtels perdre 100.000 nuitées, après une année 2012 record où l'on fêtait les 20 ans du Mickey parisien. Les clients français ont manqué (600.000 en moins), surtout ceux des alentours, mais aussi les Espagnols et les Italiens. Bilan: une perte d'exploitation de 27,5 millions d'euros.

De son côté, le Futuroscope, attraction majeure pour la région de Poitiers, a perdu environ 200.000 visiteurs (-14%), ramenant sa fréquentation à 1,46 million d'entrées contre 1,8 million en 2011, et alors qu'il visait les 2 millions en 2020.

Le Parc Astérix a lui aussi eu du mal à séduire les familles, de l'aveu de son propriétaire Compagnie des Alpes.

Un problème de positionnement

Les parcs à la peine ont eu "un problème de positionnement d'offre et/ou de prix", commente Didier Arino. "Mais d'autres ont très bien réussi en 2013", dit-il.

A commencer par le Puy du Fou en Vendée, élu en 2012 meilleur parc de loisirs au monde et ancré dans l'Histoire, avec ses spectacles de vikings, de chevaliers et autres mousquetaires: le parc a accueilli 1,74 million de visiteurs en 2013 (+8%), mieux que le Futuroscope, pour un chiffre d'affaires de 63,8 millions d'euros.

"Beaucoup de parcs qui ont bien marché ont une forte identité. Le Puy du Fou est unique", note Didier Arino.

Le Puy du Fou continue de progresser, et dispense ses conseils à l'étranger

Fort de sa réputation, le Puy du Fou dispense désormais ses conseils à l'étranger. Après une mission aux Pays-Bas, il vient de remporter un appel d'offres en Russie pour épauler la création d'un parc à thème sur l'histoire russe au sud de Moscou.

Le secteur français des attractions et des loisirs, dont le chiffre d'affaires était estimé à deux milliards d'euros en 2012, possède une expertise et une créativité mondialement reconnues, estime l'IAAPA, l'association internationale des parcs d'attraction.

Dauphins et orques attirent toujours

Assez atypique lui aussi, le Marineland d'Antibes, célèbre notamment pour ses orques et ses dauphins, a attiré 1,3 million de visiteurs en 2013 (+3%), pour un chiffre d'affaires de 42 millions d'euros.

Côté allemand, le numéro deux européen Europa Park, proche de Strasbourg, a attiré près de 5 millions de visiteurs, un record, notamment parce qu'il bénéficie d'une clientèle au pouvoir d'achat plus élevé (allemande, suisse...) et qu'il n'a pas de concurrent dans la zone, estime Didier Arino.

Investir pour fidéliser les visiteurs

Parmi les gagnants de 2013 figurent précisément des parcs régionaux, à l'ambiance familiale, qui ont diversifié leur offre, mais aussi des sites qui ont "un rapport qualité-prix excellent", relève Sophie Huberson.

Tel que Nigloland, le royaume du hérisson près de Troyes en Champagne (un demi-million de visiteurs), ou le PAL en Auvergne, mi-parc d'attraction et mi-parc animalier, qui comprend un hébergement en "lodges" haut de gamme.

En 2014, la bataille devrait se renforcer pour attirer le client, le faire dépenser davantage et l'inciter à une nouvelle visite. "La règle d'or dans les parcs est de renouveler l'attractivité pour faire revenir le client. C'est le nerf de la guerre", souligne Sophie Huberson.

Dans ce but, plusieurs parcs inaugureront de grosses attractions, la principale étant "Ratatouille" attendue chez Disneyland Paris et estimée à plus de 100 millions d'euros, alors que le Futuroscope vient de lancer ses "Lapins crétins".