VizEat, la start-up parisienne qui veut devenir le Airbnb de la table d'hôtes

L'entreprise aspire à imposer sa plate-forme permettant de réserver un repas chez l'habitant, et à s'affirmer en tant que leader européen du secteur. Elle vient d'investir l'Italie, en vue de l'Expo 2015 qui se tiendra à Milan, et d'acquérir un rival, le site Cookening.
Giulietta Gamberini
Sur VizEat, chaque habitant souhaitant devenir hôte est libre de fixer le menu, le prix, la date, l'heure et la durée du repas qu'il propose, ainsi que d'indiquer le nombre de voyageurs qu'il désire accueillir.

"Le premier réseau social n'est pas Facebook, mais bien la table!". Cette conviction, quelque peu déconcertante à une époque où internet rythme la vie des populations urbaines, est pourtant la devise de Jean-Michel Petit, co-fondateur, avec Camille Rumani, de la start-up parisienne VizEtat.

Plateforme permettant aux voyageurs les plus curieux de se faire "inviter" chez un habitant local, le site aspire notamment à conjuguer le modèle des réseaux sociaux avec la tradition ancestrale du repas partagé, en profitant au passage de la démocratisation et de l'expansion du tourisme international.

"Nous ne proposons pas de la gastronomie, mais de se rencontrer", explique Camille Rumani, qui souligne: "Le besoin est déjà là, nous ne faisons que faciliter l'expérience".

"Il s'agit  d'étendre et d'urbaniser un modèle qui a toujours existé en France mais qui était jusque là limité à l'espace rural: celui de la table d'hôte", observe pour sa part Jean-Michel Petit.

Une seule condition: l'hôte doit participer au repas

Sur VizEat, chaque habitant souhaitant devenir hôte est libre de fixer le menu, le prix, la date, l'heure et la durée du repas qu'il propose, ainsi que d'indiquer le nombre de voyageurs qu'il désire accueillir. "De la planche de fromage au plat sophistiqué, du tête à tête à la tablée partagée entre plusieurs invités, tout est possible, dès lors qu'un accord est trouvé", souligne Camille Rumani.

Seule condition: que l'hôte soit aussi à table, afin que le partage d'expérience -facilité par les échanges virtuelles qui ont lieu sur le site avant le rendez-vous- soit assuré. Aucun échange d'argent n'a lieu directement entre hôtes et voyageurs, et ce ne sont que les premiers à être soumis à une commission.

Un Français sur deux prêt à recevoir des étrangers chez soi

L'envie de créer une telle plateforme a germé de façon indépendante dans la tête de chacun des deux fondateurs lorsqu'ils ont eu la chance de profiter d'expériences de partage inédites. Jean-Michel Petit se retrouve un soir à table avec une population indienne du Pérou. Camille Rumani, expatriée a Shanghai, parvient, grâce à sa maîtrise du mandarin, à se faire inviter dîner chez un ami chinois, en guise d'acte de bienvenue.

Les deux co-fondateurs décident de franchir le pas en 2013, en commandant une étude de marché. Il s'avère que leur idée attire, notamment en France: sept Français sur dix se disent intéressés à aller dîner chez l'habitant et, plus surprenant, un Français sur deux se montre même prêt à recevoir. Afin de surmonter celui qui apparaît être l'un des principaux freins éventuels, à savoir les craintes en matière de sécurité, un contrat d'assurance est ainsi rapidement souscrit auprès des Lloyds de Londres, couvrant les hôtes et les invités jusqu'à 100.000 euros dans le cas où leur responsabilité serait engagée.

Des profils très différents

Le site est officiellement lancé à l'été 2014, en versions française et anglaise, et dès septembre un million d'euros est levé auprès de l'Anglais Eurovestech, fonds d'investissement spécialisé dans les start-up où Jean-Michel Petit a été dirigeant pendant une vingtaine d'années. En décembre, VizEat se décline également en italien, avec l'objectif de capter l'important flux de touristes qui devrait investir Milan et les autres villes de la péninsule à l'occasion de l'Expo 2015.

"En raison de son attrait touristique et de sa tradition culinaire, l'Italie est typiquement l'un des pays où nous souhaitons nous affirmer", explique Jean-Michel Petit.

Aujourd'hui le site, qui emploie dix salariés à temps plein, compte un millier d'hôtes et plus de dix-mille invités. Du voyageur professionnel à la famille avec enfants souhaitant s'ouvrir au monde tout en restant à la maison, des Anglo-Saxons aux Asiatiques, des jeunes aux plus âgés, tous les profils sont représentés, d'un côté comme de l'autre de la table.

Les expatriés du monde entier découvrent la plate-forme pour en faire l'un des moyens de leur première intégration locale. Et dans beaucoup de cas, des liens sur le long terme se tissent, témoigne Camille Rumani, qui dit avoir été émue par les nombreux messages envoyés depuis tous les coins de la planète aux hôtes et invités parisiens lors des attentats de janvier.

L'ambition de devenir le leader européen du secteur

Galvanisés par ces débuts prometteurs, les deux fondateurs envisagent de lever davantage de fonds au printemps 2015 et de lancer prochainement une version espagnole.

"Notre ambition est clairement de devenir le leader européen du secteur", insiste Camille Rumani.

La concurrence de nombre d'autres sites déjà présents dans le secteur ne les effraie pas, car beaucoup d'entre eux sont des "dead-men walking", présents sur la toile mais plus alimentés depuis longtemps, alors que d"'autres ont une dimension purement locale", estime Jean-Michel Petit. VizEat vient d'ailleurs d'en acquérir un parmi ceux les plus présents à l'international, le français Cookening, qu'il compte fusionner avec sa propre plate-forme d'ici un ou deux mois.

Le pari d'un marché en expansion

Pour se distinguer de la concurrence, la start-up parisienne mise d'ailleurs sur l'accompagnement individuel de ses hôtes et l'animation de sa communauté, et s'appuie sur des partenaires tels que l'Office de tourisme de Paris et l'organisme de promotion de la France à l'étranger, Atout France. Elle parie aussi sur un marché qui "dans cinq ans, sera aussi large que celui actuel de partage de logements et laissera la place à plusieurs acteurs", selon Jean-Michel Petit.

Les fondateurs de VizEtat ne craignent pas non plus que l'expansion du site ne dénature leurs intentions originelles et parient que, tant que l'activité restera non professionnelle, la marge de manoeuvre du  législateur sera limitée.

"Nous n'interdirons pas à des professionnels de proposer des repas sur le site. Mais le fait que les hôtes soient censés être présents autour de la table exclut toute forme d'industrialisation", observent-ils, avant de souligner, pour rassurer les professionnels de la restauration: "L'expérience que nous offrons est par essence complémentaire de celle d'un restaurant ou d'un bistrot: les voyageurs continueront sans doute d'y recourir à de manière occasionnelle".

Giulietta Gamberini

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Commentaires 4
à écrit le 09/09/2015 à 13:14
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Moi je suis diplômé en cuisine, et je suis en colère contre les COMMERÇANTS RESTAURATEURS et HÔTELIERS qui n'ont aucune reconnaissance pour les diplômes, ils préfèrent les non-diplômés car ils sont moins chers... leur notions d’hygiène reste bien sou...

à écrit le 02/03/2015 à 16:16
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bien reac et a l heure du temps !!! Ne créez pas, ne changez rien et puis venez vous plaindre que les jeunes passent leur temps devant leur ordi et qu'ils ne rencontrent plus personnes !

à écrit le 21/02/2015 à 9:52
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Le mélange des genres, c'est la porte ouverte au grand n'importe quoi. Chez soi, c'est pour les proches, les amis. Pour les autres, c'est au resto que ça doit se passer. Quid des normes d'hygiène, de la sécurité, des assurances? Qui paie quoi, à qu...

à écrit le 21/02/2015 à 8:09
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Nous somme inscrit sur ce site depuis une semaine nous n'avons encore eu aucune visite... Ça prend du temps ...

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