L'e-tourisme français a une formule numérique pour contrer les sites américains

Une pincée de mobile, quelques photos sur Instagram et des prix chamboulés... Les professionnels français de l'hébergement veulent actionner ces leviers de croissance face au succès du modèle collaboratif d'Airbnb. Ou contourner les comparateurs et autres plateformes de réservation en ligne comme Booking qui rognent sur les marges.
Marina Torre
Instagram, nouveau chouchou des hôteliers.

Le marché de l'e-commerce continue de croître. Mais l'e-tourisme, lui, est à la traîne. Du moins d'après des chiffres pas tout à fait exhaustifs de la Fédération e-commerce et vente à distance qui indique que ce dernier a reculé de 2% en 2014.

"En intégrant Booking et Airbnb, nous aurions une croissance de 1%", précise Marc Lolivier, délégué général de la Fevad, lors de la conférence Next Tourisme organisée le 9 avril. "Nous enregistrons aussi une croissance à deux chiffres sur Accorhotels.fr", souffle Romain Roulleau, le directeur général e-commerce du groupe, également présent lors de cette conférence.

Dans ces conditions quelles répliques apportent les industriels du voyage à la progression des sites américains, qu'ils soient collaboratifs comme Airbnb - ou reposent sur la réservation en ligne (Booking)? Une étude menée pour les organisateurs de Next Tourisme auprès de 200 décideurs du secteurs apporte des éléments de réponse.

  • Le mobile? Réservé aux "grands"

Parmi eux, les professionnels de l'hébergement ne sont que 12% à déclarer qu'ils investiront surtout dans le mobile. Signe que le développement du "m-tourisme" n'en est encore qu'à ses balbutiements. Ainsi, parmi tous les types de services d'e-tourisme (hébergement, transport, etc.), ce sont surtout les plus "gros" acteurs qui prévoient d'investir temps et argent dans le mobile.

Cela se traduit par la mise en place de service "d'e-conciergerie" pour réserver sa chambre, une table ou même pour payer son séjour. Chez Accor, l'astuce consiste à "fondre" toutes les applications mobiles du groupe en une seule. "Un utilisateur moyen a 23 applications sur son smartphone, mais n'en utilise pas plus de 4 dans le domaine du voyage. Si nous faisons bien notre travail, nous pouvons obtenir au moins l'une de ces places", justifie Roman Roulleau.

Déjà, "12% des revenus du groupe" transiteraient déjà par ses applications. Pour tenter de rendre son trafic mobile encore plus rentable, le groupe hôtelier compte également sur le paiement en un clic qui consiste à faire enregistrer sa carte de paiement pour ne plus avoir à inscrire à nouveau lors d'achats ultérieurs.

  • Instagram, la star des hôteliers?

Reste qu'avant le mobile, d'autres postes d'investissements sont privilégiés par la plupart des professionnels de l'hébergement interrogés dans le cadre du sondage cité plus haut. Ainsi 41% d'entre eux comptent d'abord investir dans l'amélioration de leur site internet, un quart dans leur visibilité sur internet et plus d'un sur cinq dans le marketing.

En matière de visibilité, Instagram récolte la majorité des suffrages. Plus d'un quart des acteurs privés de l'e-tourisme interrogé ont déjà tenté des opérations de communication sur le réseau social de partage de photos acheté par Facebook.

  • Revoir ses prix

Enfin, plus d'un quart des professionnels de l'hébergement (26%) compte revoir sa politique tarifaire. Dans quel sens? La question n'a pas été posée... Mais la tendance générale en 2014 semblait déjà à la baisse.

"Il y a une baisse des prix qui explique en partie la baisse du panier moyen", indique Marc Lolivier. Le montant moyen à chaque achat de voyage, de vol ou de nuit d'hébergement sur internet a même reculé de 2% par rapport à l'année précédente d'après la Fevad.

Dans le détail et en particulier dans l'hôtellerie (que ce soit en ligne ou pas), les stratégies diffèrent selon les catégories concernées. Ainsi, l'an dernier, les prix ont très légèrement augmenté dans le luxe (+0,3%) et sont quasi restés stables dans le "haut-de-gamme" et le "milieu de game" (respectivement  +0,1% et - 0,1%), selon une étude du cabinet Deloitte publiée en février.

Toutefois, les classes "économiques" et "super-économiques" ont, elles, vu leur prix chuter de plus de 2% en 2014, la hausse de la TVA n'ayant pas été répercutée dans les prix à la consommation dans ces catégories là. Autrement dit, pour l'instant, les nouveaux géants du tourisme en ligne ont tendance à pousser les prix du luxe vers le haut, et ceux du "low cost" vers le bas.

Marina Torre

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