Parcs d'attractions : une saison "massacrée" par le pass sanitaire

Selon le syndicat représentant les parcs d'attraction, la mise en place de ce pass sanitaire, qui ne prend en compte ni les spécificités de l'acte d'achat dans leur secteur ni l'efficacité des protocoles de sécurité jusqu'à présent, est une catastrophe économique: le Snelac, qui fustige "l'imprévoyance" du gouvernement, annonce une perte d'exploitation de 20% à 50% et jusqu'à 70% pour les petits sites.
(Crédits : DR / Parc Astérix)

Le président du Syndicat national des espaces de loisirs, d'attractions et culturels (Snelac) ne décolère pas. Dans un entretien publié ce matin dans les colonnes du quotidien "Le Parisien-Aujourd'hui en France", Arnaud Bennet dénonce l'obligation du pass sanitaire depuis le 21 juillet, qui est en train de littéralement "massacrer" la saison touristique des parcs d'attraction et de loisirs:

"Globalement, il y a une chute très forte, de 20% à 50% selon les sites, et jusqu'à 70% chez certains. Plus le site est petit, plus l'achat est impulsif, la veille ou le matin même, et moins on vend de tickets à cause du pass sanitaire", explique-t-il.

Un poids lourd du tourisme et des loisirs

Dans le domaine du tourisme et des loisirs, le secteur des parcs d'attraction ou historiques, zoos, aquariums, est un poids lourd: il emploie au total quelque 50.000 personnes et réalise un chiffre d'affaires annuel de 3 milliards d'euros en effet, dixit le Snelac qui revendique fédérer 500 entreprises.

Pour Arnaud Bennet, cette mesure est "inutile" puisque les activités de ces parcs se déroulent par essence en plein air et non dans des lieux clos. Et il laisse entendre que c'est aussi une mesure injuste car jusqu'ici, affirme-t-il, aucun cluster ne s'est jamais formé à l'intérieur d'un parc:

"Il y a une désaffection très nette dans tous nos parcs à cause d'une mesure inutile dans ces espaces en extérieur, où le protocole de sécurité avait très bien fonctionné l'été dernier" (...) "on est en train de massacrer la saison et des entreprises, alors qu'il n'y a jamais eu un cluster dans un parc", dénonce-t-il.

Impréparation, incertitude, bugs... des tensions avec la clientèle

Arnaud Bennet se dit "consterné par l'imprévoyance politique". Et le dirigeant syndical d'aligner les arguments pour critiquer l'action gouvernementale qui, dénonce-t-il, s'active pour les discothèques d'un côté mais oublie les parcs d'attraction de l'autre:

"Sur les gros sites, on aurait pu mettre en place un système de tests sur les parkings, mais le décret, qui le permet pour les discothèques, n'a même pas été élargi aux parcs. Ce qui signifie que tous les frais seraient à notre charge."

Outre le problème des surcoûts de cette nouvelle mesure, il y a aussi le manque de préparation et de pédagogie : selon lui, les parcs n'ont eu "aucun délai pour mettre en place ce pass" ce qui a généré des tensions avec la clientèle à l'entrée des installations. En effet, certains visiteurs "arrivent en voiture après deux ou trois heures de route et ne sont même pas au courant de la mesure".

Le dirigeant syndical fait référence notamment à l'agression, rapportée par Le Républicain lorrain, dont a été victime dans la journée de dimanche 25 juillet le directeur du parc Walygator, en Moselle, admonesté puis molesté par un visiteur se disant doublement vacciné mais dont le QR Code affichait un pass sanitaire non valide -sans doute un bug de l'application TousAntiCovid Verif.

Les parcs d'attraction s'adaptent avec célérité et volontarisme

Pourtant, au lendemain de l'annonce lundi 12 juillet par le président de la République de la généralisation progressive du pass sanitaire, la situation dans les parcs d'attraction ne semblait pas aussi périlleuse que le dit aujourd'hui le dirigeant du Snelac et l'ambiance était au volontarisme sinon à l'optimisme.

Mardi 13 juillet, en effet, les parcs d'attractions comme le Puy du Fou et le Parc Astérix (affiliés au Snelac tout comme Eurodisney) assuraient préparer avec célérité la mise en place en quelques jours du pass sanitaire en permettant à leurs visiteurs de se tester à l'entrée.

"Nous partageons l'objectif de mettre un terme définitif à cette épidémie. À partir du 21 juillet, un pass sanitaire sera exigé sauf pour les moins de 12 ans et il devrait y avoir une souplesse jusqu'à 18 ans. Nous allons tout faire pour mettre en sécurité nos visiteurs: on proposera des tests sur place, dans nos principaux sites", a déclaré à l'AFP Dominique Thillaud, directeur général de la Compagnie des Alpes depuis le 1er juin.

Le dirigeant du groupe, qui possède aussi notamment le parc Astérix, les Parcs Walibi et le musée Grévin, ajoutait :

"Nous ne laisserons personne à la porte et nous continuerons de mettre en place les protocoles de sécurité sanitaire"(...) "On teste notre agilité en tant qu'opérateurs, car les délais sont extrêmement courts."

Dominque Thillaud insistait sur le défi que cela représente :

"Les deux tiers de nos visiteurs ont moins de 35 ans, ils ont été éligibles tardivement à la vaccination: c'est un gros challenge."

De même, le groupe attend les "modalités précises de mise en oeuvre" du pass sanitaire pour les salariés des parcs, dont de nombreux saisonniers, et espère que le gouvernement mettra en place des "dispositifs spécifiques":

"Au Parc Astérix, faire passer des tests toutes les 48 heures aux 2.500 employés, c'est un défi logistique".

De son côté le parc du Puy du Fou annonçait ce 13 juillet lui aussi faciliter l'accès au pass sanitaire pour ses visiteurs âgés de plus de 12 ans, en généralisant les tests antigéniques sur place, déjà proposés aux quelque 15.000 spectateurs qui ont assisté à son spectacle nocturne "La Cinéscénie" depuis le 1er juillet.

Quelque 2.000 tests gratuits ont été effectués lors des trois premières représentations, en partenariat avec l'Agence Régionale de Santé (ARS) et un laboratoire régional, précise-t-il dans un communiqué. Le Puy du Fou étendra le pass sanitaire à tout son parc soit "20 spectacles, 23 restaurants, 8 bars et 6 hôtels" sur 150 hectares, le 21 juillet.

"Atténuer l'impact de la soudaineté" de la mesure

Il y a moins de deux semaines, la mise en place du pass sanitaire s'engageait donc sous le signe de la concertation: l'ensemble des organisations professionnelles des secteurs concernés par l'extension du pass sanitaire (restaurateurs, commerçants, salles de sport, lieux de loisirs et d'attractions) étaient en effet consultées mardi 13 juillet par le ministère de l'Économie.

"On verra ce qui peut être fait pour atténuer un peu l'impact de la soudaineté" de la mesure, avait alors affirmé M. Thillaud.

Au vu de la réaction ce matin du syndicat représentatif de 500 entreprises du secteur, il semble que le compte n'y est pas.

De fait, les remontées du terrain sont, chez certains, inquiétantes, à l'instar du parc d'attractions Family Park, à Sorigny, qui a vu sa fréquentation baisser de plus de moitié depuis la mise en place du passe sanitaire. La Nouvelle République rapporte les propos de Patrick Bonneau, le gérant, qui affirme que la fréquentation a complètement plongé : de plus de 2.000 visiteurs mardi dernier, à 700 le lendemain.

« Le jour de l'application du pass sanitaire, mercredi, nos entrées ont chuté de 68 % par rapport à la veille. Le lendemain, de 50 %. C'est catastrophique ! », affirmait-il samedi 24 juillet dans les colonnes du quotidien régional.

(avec AFP et quotidiens régionaux)

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Commentaires 6
à écrit le 28/07/2021 à 7:29
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Leur syndicat professionnel doit avoir une armee d'avocats, qui ne demandent qu'à travailler. Ils n'ont qu'à demander des comptes à leur gourou Macron. Dailleurs, c'est ce que tous les syndicats professionnels auraient du faire depuis un an déjà. M...

à écrit le 27/07/2021 à 13:00
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A vouloir sauver tout le Monde on ne sauve personne. C'est médiocrité pour tous. Nous ne sommes pas prêts de gagner la prochaine guerre.😂

le 27/07/2021 à 17:26
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Malheureusement, on l'a déjà perdu. Les s chinois viennent tout juste de la gagner.

à écrit le 27/07/2021 à 9:45
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Chut... ils sont tellement obsédés par anéantir les libertés des français que vous allez finir par avoir des ennuis vous aussi ! Ne faites pas attention de grâce à ces propos outrageants messires ! Ils ne se rendent pas compte que nous sommes en dict...

le 27/07/2021 à 19:29
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Le gang des pleureuses soumises : parc dattraction, restaurants ... a force de n'avoir comme conviction que celle de se soumettre avec zele aux politiques, ils recoltent ce qu'ils ont semer. Pour ma par, etant officiellement devenu un pestiféré en F...

le 28/07/2021 à 9:34
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Ils vont pas abandonner leur business parce que des fous furieux serviteurs des marchés financiers détruisent la France. Tout les actifs sont pris en otage en dictature financière et l'humain est fait pour s'adapter au pire, une révolte ne se ferait...

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