Lettre prioritaire

L'éditorial de Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Dire que la sortie de Henri Guaino sur le report de l?ouverture du capital de La Poste est inopportune, inélégante et inappropriée, relève de l?euphémisme. Inopportune pour des raisons de calendrier. L?ouverture étant prévue pour 2011, bien malin qui peut dire comment se comporteront alors les marchés financiers. Inélégante sur la forme, puisque le conseiller de l?Elysée s?est exprimé avant que la commission Ailleret n?ait rendu le rapport que le chef de l?Etat lui a commandé sur le sujet. On ne saurait mieux signifier que cette commission est un alibi, sans objet.

Inappropriée sur le fond, enfin. Car les faits sont têtus. Et, parmi ceux-ci, il y a la nécessité pour La Poste de se préparer à la concurrence sur son coeur de métier. Le 1er janvier 2011, l?établissement public perdra son monopole sur la distribution des plis de moins de 50 grammes. La décision est bruxelloise, mais l?évolution est commandée par la mutation de ses métiers. L?établissement public, efficacement géré, a chiffré le coût de ce changement imposé: 3 milliards d?euros, dix fois sa capacité d?investissement. La seule question qui vaille, est donc de savoir comment les financer. L?endettement? L?entreprise l?est déjà à hauteur de 5,8 milliards pour 3,4 milliards de fonds propres. Une alliance industrielle? Il n?y a pas de partenaires, hors la poste allemande qui est aussi le principal concurrent.

Reste donc l?augmentation de capital, qu?elle soit souscrite par un investisseur institutionnel ou par un mise sur le marché. D?investisseur institutionnel, il n?en existe qu?un seul, la Caisse des Dépôts, que l?Etat sollicite à tout propros. Or, les intérêts de La Poste et de la CDC sont parfois concurrents, notamment sur leur filiale commune, CNP Assurances. Dire qu?il n?est plus question pour l?instant, d?ouvrir le capital de La Poste, c?est réduire une décision de long terme à une simple décision d?opportunité. Les marchés ne jouent momentanément pas leur rôle. Les besoins, eux, demeurent.
 

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Tout simplement d'accord. Un milliard de fois d'accord.

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