La Poste devient ce lundi une société anonyme

Par Odile Esposito  |   |  432  mots
Le décret fixant les statuts initiaux de La Poste a été publié samedi au « Journal officiel ». "Un jour de célébration" selon Christine Lagarde, "un jour de deuil" pour Jean-Luc Mélanchon.

Dans l'immédiat, le changement n'aura que peu d'effets. Mais après les vifs débats qu'il a suscités l'an dernier, il mérite d'être signalé. À partir de ce lundi, La Poste passe du statut d'établissement public à celui de société anonyme (SA).

La loi sur cette transformation a été votée le 12 janvier par l'Assemblée nationale, validée le 4 février par le Conseil constitutionnel, et le décret fixant les statuts initiaux de La Poste a été publié samedi au « Journal officiel ». Ce texte indique que les sept représentants de l'État et les sept personnalités qualifiées siégeant au conseil d'administration « restent en fonction jusqu'à la publication des décrets nommant les administrateurs de la société ». Le mandat de ces administrateurs, et notamment de Jean-Paul Bailly, le président de La Poste, expirant fin 2010, le conseil devrait être reconduit à l'identique. Pas d'arrêté spécifique des comptes non plus. Les résultats seront examinés par le Conseil le 11 mars.

Augmentation de capital

À quoi bon, alors, cette transformation ? Elle va permettre l'augmentation de capital de 2,7 milliards d'euros, apportés par la Caisse des dépôts (CDC), promise à La Poste. Quelle sera en échange la part de la CDC au capital de La Poste ? Les négociations entre l'État et la CDC sont ouvertes.

Ce lundi, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a qualifié cet évéènement de "jour de célébration" alors qu'elle inaugurait une plate-forme industrielle de traitement du courrier à Bois d'Arcy, dans les Yvelines, près de Paris. Elle a rappelé que La Poste est le "service public préféré des Français". La Poste reste à "100% un établissement public avec les petites voitures jaunes, avec des hommes et des femmes qui se sentent des salariés du public", a renchéri à ses côtés son collègue de l'Industrie Christian Estrosi.

A l'inverse, ce lundi est "un jour de deuil" pour le leader du Front de gauche (FG) Jean-Luc Mélenchon, qui estime que La Poste "va devenir une boîte comme les autres, préoccupée d'une seule et unique chose: encore plus de rendement, encore plus de profits".
 

Les opposants à cette réforme avait organisé une "votation citoyenne", sans valeur juridique, en octobre. Dans 10.000 "bureaux de vote" improvisés (mairies, marchés, gares...), 2,3 millions de personnes ont ainsi répondu non à la question - un peu biaisée -  : "le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser: êtes-vous d'accord?" alors qu'il ne s'agit pas à proprement parler d'une privatisation.