Air France-KLM demande à Paris de ne pas accorder plus de vols à Emirates

Des négociations sur les droits de trafic débutent mardi entre les Emirats arabes unis et la France. Les grosses commandes d'Airbus faites par Emirates donnent du poids à leurs requêtes.

Airbus ou Air France ? C'est l'enjeu, à peine caché, des négociations entre les Emirats arabes unis (EAU) et la France sur les droits de trafic qui se tiendront mardi et mercredi à Paris. Deux journées à l'issue desquelles doit déboucher un nouvel accord aérien, fixant le nombre de vols, les villes pouvant être desservies entre la France et les Emirats, mais aussi les compagnies autorisées à le faire. Elles s'annoncent extrêmement tendues. Car elles concernent, en fait, Air France-KLM et deux de ses grands rivaux : la puissante compagnie aérienne de Dubai, Emirates et celle et d'AbuDhabi, Etihad. Lesquels sont deux très gros clients d'Airbus comme l'a rappelé mardi dernier Emirates en commandant quelque trente-deux A380 supplémentaires, une donnée majeure dans ce dossier.

Ces transporteurs à la forte croissance inquiètent et agacent Air France. En raison de la bonne situation géographique de aéroports de correspondances (hub) les compagnies du Golfe (y compris Qatar Airways, qui n'est pas membre des Emirats arabes unis) ne cessent de rafler des parts de marché entre l'Europe et l'Asie. Au grand dam des poids lourds européens, qui les accusent de bénéficier d'aides directes ou indirectes de leurs états-actionnaires. "Il y a une distorsion de concurrence", dénonce t-on chez Air France qui pousse, en vain, l'association des compagnies aériennes européennes (AEA) à déposer plainte à Bruxelles.

Aussi, quand Emirates et Etihad demandent des vols supplémentaires au départ de France (Emirates souhaite un troisième vol quotidien à Paris et des vols vers un autre aéroport de province), et qu'Air Arabia, une low-cost privée de l'émirat de Sharjah, tape aussi à la porte, Air France tire la sonnette d'alarme. "Nous demandons qu'il n'y ait pas de droits de trafic supplémentaires", explique un dirigeant de la compagnie tricolore.

Relations politiques

Mais les Emirats ont de sérieux moyens pour se faire entendre. Leur centaine d'unités commandées chez Airbus notamment. La menace d'Emirates il y a plusieurs années d'annuler des achats d'A380 en cas de refus de droits de trafic est dans tous les esprits. "Ce n'est pas une négociation comme les autres au regard de leurs commandes d'avions", admet un très haut dirigeant de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). En outre, la volonté de la France de maintenir de bonnes relations politiques avec les Emirats ne sera pas neutre. Ni, les projets d'Open-skies, filiale française de British Airways, d'ouvrir un jour Dubai ou Abu Dhabi au départ d'Orly. Des vols supplémentaires côté français qu'il faudrait accorder aux Emiriens au nom de la réciprocité.

"Parmi les requêtes des Emirats, il y a notamment des vols vers des aéroports de province. Cela élargit le cadre des négociations. De plus, si on autorise davantage de vols, nous pouvons le faire de manière progressive", explique- t-on au ministère des Transports, où l'on reconnaît que la situation actuelle est favorable aux compagnies du Golfe, la part de marché d'Air France étant passée de 46% à 28% entre 2002 et 2009.

 

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