Emirates répond à Air France

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  540  mots
Copyright Reuters
Tim Clark, le PDG de la compagnie de Dubai assure qu'Emirates ne bénéficie pas de subventions. Pour lui, « la subvention la plus importante est de protéger son marché à la concurrence », alors qu'Emirates demande de pouvoir disposer de plus de vols vers la France.

"Le gouvernement de Dubai ne fournit aucun fonds. Si on trouve le moindre euro de subvention, je démissionnerai le lendemain". Désireux de répondre aux attaques d'Air France-KLM (lire à ce sujet l'interview de Pierre-Henri Gourgeon en cliquant ici)  le PDG d?Emirates, Tim Clark, a pris la parole ce mercredi à Paris devant la presse pour réfuter l'argumentaire du groupe français qui accuse les compagnies du Golfe de venir piller le marché européen grâce, en partie, aux soutiens massifs de leur Etat-actionnaire sans lesquels ils seraient dans l'incapacité de mener leur politique tarifaire très agressive. "Nous ne représentons pas une menace pour quiconque. Nous n?allons tuer personne", a-t-il ajouté en réponse aux craintes du président d?Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta qui affirmait récemment que les compagnies du Golfe étaient en train de "tuer" le transport aérien européen.

Pour Tim Clark, la "subvention la plus importante est de protéger son marché à la concurrence". Une allusion aux demandes d?Air France qui pousse les autorités européennes, en particulier françaises, à refuser aux compagnies du Golfe l?octroi de vols supplémentaires (droits de trafic), alors qu?une réunion sur le sujet est prévue en janvier entre les Emirats arabes unis et la France.

Pour autant, il existe une différence entre les compagnies du Golfe. Entre Emirates d?une part qui publie ses comptes, certifiés par PricewaterhouseCoopers, et Etihad Airways, (Abou Dhabi) et Qatar Airways, dont les comptes n?ont jamais été publiés. Il y a quelques années, l?association des compagnies européennes (AEA) avait indiqué en interne avoir des preuves de subventions accordées à Etihad et Qatar Airways mais pas à Emirates. Etihad.

Autre point, l?agressivité tarifaire. S?il est difficile de donner la tendance sur l?ensemble des marchés de la planète, il apparaît qu?en France, Emirates ne casse pas les prix. "Nous suivons au jour le jour les prix d?Emirates pratiqués en France, explique un dirigeant d?une grande compagnie asiatique basé à Paris, et ce transporteur n?est pas agressif sur les prix, contrairement à Etihad ou de Qatar Airways".

Pour le PDG d?Emirates, la concurrence de sa compagnie est loin d?être aussi forte que le prétend Air France. "Il y a en fait très peu de destinations où nous sommes en concurrence frontale. Nous offrons plus de choix aux clients". Et d?ajouter: "Que s?est-il passé depuis les premières attaques de Jean-Cyril Spinetta en 2003 ? Air France n?est pas mort. Il est devenu l?un des plus gros groupes du monde avec le rachat de KLM et a dégagé de très bons résultats semestriels ; Lufthansa a racheté Swiss, BMI? et dégage des bénéfices (?) Comment pouvez-vous argumenter qu?Emirates constitue un danger. Tout ce qui avait été prédit par Air France il y a sept, ne s?est pas produit".

Chez Air France, on répond que le véritable danger, si rien n?est fait, se situe dans cinq à dix ans, une fois qu?Emirates aura fait entrer l?ensemble de ses commandes d?avions dans sa flotte.