Faut-il fermer l'aéroport d'Orly ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  561  mots
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Le gouvernement a mis en place une Commission stratégique sur l'avenir du deuxième aéroport parisien, dont les capacités sont bloquées depuis 1994. Des voix s'élèvent pour en créer un nouveau.

Faut-il lever les contraintes de capacités d'Orly, fermer l'aéroport ou en construire un autre ? Alors que le gouvernement met en place une Commission stratégique pour l'avenir de la plate-forme parisienne, la réponse réside dans l'une de ces trois possibilités, dont l'une, très provocatrice (la fermeture) a peu de chance d'aboutir, même si « aucun sujet n'est tabou », a assuré la ministre des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet. Orly est un dossier polémique, qui oppose depuis des années les tenants du développement économique à ceux de la protection contre les nuisances sonores. La ministre a beau dire que « c'est une hypocrisie », la question du déplafonnement du nombre de créneaux horaires à Orly est pourtant au coeur de la problématique du onzième aéroport européen avec 25 millions de passagers accueillis par an.

Car la décision prise par décret en 1994 de limiter à 250.000 mouvements aériens (décollages et atterrissages), soit la moitié de ses capacités pour protéger les riverains des nuisances sonores, constitue un obstacle insurmontable pour définir « Orly dans 20 ans » comme le souhaite la ministre, alors le trafic aérien mondial augmente de 5 % en moyenne chaque année. Si l'utilisation d'avions de plus grosse capacités est une solution (c'est comme cela que la pénurie est gérée dans d'autres aéroports saturés comme Londres-Heathrow), le système à ses limites et ne règle pas le problème à long terme.

Si la levée pure et simple du plafonnement est inconcevable - aucun gouvernement souhaitera être confronté à une levée de boucliers des riverains -, une redéfinition du plafond à un niveau plus haut ou sur un autre critère comme le bruit, pourrait faire l'objet d'un consensus si la mesure est bien expliquée. « Avec l'amélioration des avions depuis 1994, les nuisances ont reculé et il serait possible d'augmenter le nombre de créneaux. Un plafond en bruit aurait le mérite de pousser les compagnies à moderniser leur flottes », explique un expert.

27.000 emplois directs

« Si rien est fait à Orly, il y aura des problèmes de capacité vers 2025 dans la région parisienne car celle de Roissy n'est pas non plus extensible. Il faudra penser à un nouvel aéroport », explique le consultant en aviation Nicolas Zveguintzoff. En 2008, la Cour des Comptes avait tenu le même discours. Et le consultant de préciser : « Dans la mesure où le contrôle aérien est dense au nord, la capacité supplémentaire doit être mise en place au sud de Paris. Si celle d'Orly n'est pas augmentée, il faudrait créer un nouvel aéroport dans le sud, pas très loin, avec, au moment de son ouverture, la fermeture d'Orly ». La mesure est extrême si l'on songe que l'aéroport génère 27.000 emplois directs. Elle rejoint celle du député-maire de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne), Didier Gonzales, qui lui n'a pas déterminé un lieu pour déménager Orly. Un tel scénario consisterait à créer au sud un aéroport aussi grand que Roissy. Aussi, des proches de la Direction générale de l'aviation civile évoquent plutôt un scénario de création d'un troisième aéroport d'une capacité similaire à celle d'Orly, qui serait maintenu. De quoi relancer la polémique sur l'emplacement de cet aéroport.