Easyjet veut contrer la stratégie low-cost d'Air France

Par Eric Albert, à Londres et Fabrice Gliszczczynski  |   |  613  mots
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La compagnie augmente sa présence à Nice et Toulouse, deux villes où Air France a prévu de lancer sa riposte aux low-cost.

La contre-attaque d'Air France face aux compagnies à bas coûts était déjà compliquée en soi. Si les Ryanair, Easyjet et autres Vueling lancent de nouvelles banderilles dans l'Hexagone, l'équation économique risque de tourner au casse tête pour la direction de la compagnie tricolore : les objectifs de coefficients d'occupation ne pourront en effet être tenus, sauf à baisser les prix d'une manière plus importante que prévue. C'est l'une conséquence, probable de l'annonce d'un nouveau développement en France d'Easyjet, même si cela ne peut que conforter la décision d'Air France de lancer un plan de riposte d'envergure. Alors que la compagnie française a ouvert dimanche dernier sa première base de province, à Marseille, et prévoit de dupliquer ce modèle de production censé baisser les coûts à Nice et Toulouse en avril 2012, Easyjet a en effet annoncé jeudi l'ouverture au même moment de nouvelles bases à Nice et Toulouse.

Guerre des prix

Déjà dans la Ville Rose, l'espagnole Vueling avait lancé au printemps dernier une base opérationnelle. Si l'on ajoute la base d'Easyjet à Lyon, celle de Ryanair à Marseille, l'offensive des low-costs étrangères en province est de taille. Avec la réplique d'Air France, la guerre des prix va faire rage, en particulier sur les lignes transversales (province-province), un marché à fort potentiel en raison d'une offre ferroviaire peu compétitive. Elles sont en bonne place parmi les ouvertures de 10 nouvelles routes prévues par Easyjet à Nice. : Bordeaux, Toulouse et Nantes. « Il y a beaucoup à faire pour désenclaver les régions », explique le directeur général France François Bacchetta, qui ajoute qu'il ne vise pas que la concurrence aérienne : « nous espèrons aussi prendre des parts de marché à la voiture. » À Toulouse, des vols européens seront développés, vers Bruxelles (une destination prévue par Air France, qui semble menacé avec la présence actuelle de Brussels Airlines) et Bâle-Mulhouse.

Dans chacune des deux nouvelles bases, Easyjet va y implanter un nouvel appareil A319. Il y sera dédié à temps plein. La compagnie vise un trafic supplémentaire de 500.000 passagers par an.

Plus de flexibilité

Nice et Toulouse sont deux aéroports déjà desservis par Easyjet, qui y transportent respectivement 1,4 million et 2,4 millions de passagers par an. Mais l'ouverture d'une base, où sont garés les avions et où l'équipage est présent, permet une flexibilité bien plus importante. « Avec l'ouverture des bases, nous pouvons aller vers n'importe quelle destination depuis ces deux aéroports », explique François Bacchetta. De plus, cela permet de fournir le premier vol du matin et le dernier de la journée, très appréciés par la clientèle d'affaires car ils permettent d'effectuer des aller-retours dans la journée. Ce type de vol génère, le plus souvent, de belles marges.

La compagnie low cost, créée en 1996, continue ainsi son expansion en France. Elle y transporte aujourd'hui 12 millions de passagers par an, ce qui en fait la deuxième compagnie aérienne du pays, avec 12 % de parts de marché. Easyjet estime cependant que ce n'est qu'un début. « La part de marché des low cost en France, autour de 20 %, est deux fois inférieure à la moyenne des autres pays européens, explique François Bacchetta. Nous sommes dans une phase de rattrapage, et à terme, on peut doubler notre part de marché. » Sans vouloir s'engager, il ajoute qu'on « peut imaginer qu'Easyjet ouvre à terme d'autres bases en France. »

Si l'Hexagone a mis plus de temps que ses voisins à se mettre à l'heure du low-cost, ce retard est en train d'être comblé de manière très rapide.