L'Iata s'inquiète des retombées de la crise de la dette sur le secteur aérien

Les compagnies aériennes risquent de subir de lourdes pertes l'année prochaine si les responsables politiques européens ne parviennent pas à une solution à la crise de la dette souveraine, a prévenu ce mercredi l'Association internationale du transport aérien (Iata).
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L'Iata a réduit ses estimations de bénéfices pour le secteur à 3,5 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) pour 2012 tout en prévenant que les compagnies pourraient enregistrer des pertes cumulées de 8,3 milliards de dollars si l'Europe basculait dans une nouvelle crise bancaire.

L'association, qui représente 240 compagnies aériennes et 84% du trafic aérien mondial, prévoyait auparavant un bénéfice de 4,9 milliards de dollars en 2012, après 6,9 milliards attendus pour 2011. Cette dernière estimation reste inchangée.

"Le plus grand risque qui pourrait affecter la rentabilité des compagnies aériennes l'année prochaine, c'est l'agitation économique qui proviendrait d'un échec des gouvernements à résoudre la crise de la dette souveraine de la zone euro", a déclaré Tony Tyler, directeur général de l'Iata. "Une telle évolution pourrait entraîner des pertes de plus de huit milliards de dollars, les plus lourdes depuis la crise financière de 2008", a-t-il ajouté.

Jusqu'ici, le secteur du transport aérien est resté relativement optimiste sur ses perspectives. Mais les risques croissants de récession en Europe alors que la demande progresse en Asie et que les contraintes de capacités en Amérique du Nord semblent doper les bénéfices risquent de se traduire par l'émergence d'un marché à deux vitesses.

L'impact de la crise de la dette

Rares sont les dirigeants du secteur qui ont pour l'instant dit prévoir une baisse de l'activité. Quant aux deux grands constructeurs d'avions, Airbus et Boeing, ils accélèrent leur production afin de répondre à la demande.

Pourtant, l'Iata souligne qu'elle ne peut pas ignorer des risques économiques qui ne cessent de s'aggraver. "Il y a un fort risque que la crise de la dette souveraine dans la zone euro puisse échapper à tout contrôle, entraînant une crise bancaire et une récession économique plus étendue", explique-t-elle dans ses prévisions publiées mercredi.

Le pire des scénarios qu'elle envisage prend en compte l'évaluation des risques liés à la crise de la dettes européenne réalisée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il intègre une crise bancaire et une profonde récession en Europe avec des conséquences négatives sur le marché du transport aérien mondial. Dans ce cas de figure, l'Iata a pris en compte une croissance mondiale de 0,8% en 2012.

"Dans ce scénario, les compagnies aériennes verraient la croissance du trafic passagers marquer le pas et le trafic de fret aérien se contracterait de 4,7%", précise l'Iata.

Le trafic de fret a déjà reculé de 5% entre mai et octobre, alors que le trafic passager s'en sort mieux que prévu. Les estimations disponibles auprès des compagnies aériennes montrent que l'Europe aura du mal à éviter une crise et ses conséquences.

"Même si une intervention gouvernementale évite une crise bancaire, il est impossible que l'Europe évite une brève récession. L'activité et la confiance des consommateurs ont déjà enregistré une forte chute", a souligné l'Iata.

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