"La crise conforte la pertinence de la fusion des voyagistes de TUI France"

Le patron de TUI France détaille la fusion de tous les voyagistes du groupe et annonce de nouvelles économies ainsi qu'un changement de marque pour Corsairfly.
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Après une année difficile, comment voyez-vous l'année 2012 pour le secteur du tourisme ?

Pascal de Izaguirre : je suis très pessimiste. L'année 2012 sera très difficile, en particulier pour le voyage. Outre un environnement défavorable, il faudra également tenir compte des élections présidentielles et législatives dont on sait par expérience qu'elles ne sont jamais propices à des déplacements à l'étranger. Tous les acteurs du tourisme vont souffrir. Pour autant, même si le marché va baisser, nous comptons reprendre des parts de marché. Nous avons la chance de nous appuyer sur un actionnaire solide et peu endetté. C'est un atout considérable. Ne vont rester que les meilleurs, les gros et les voyagistes de niche.

Le 1er janvier, tous les tour-opérateurs du groupe du TUI en France, Nouvelles Frontières, Marmara, Tourinter, Aventuria ont fusionné. Quel est l'objectif ?

Déjà cette fusion permet de lever une incongruité au sein du groupe TUI dans la mesure où la France était jusque là le seul marché du groupe à ne pas disposer d'une seule et unique entité. En nous permettant de devenir le numéro un du secteur tourisme en France avec un chiffre d'affaires de 1,31 milliard d'euros (pour la partie tour-operating), cette fusion renforce notre pénétration commerciale et notre poids face aux distributeurs, les réseaux d'agence de voyage. Dans le même temps, les synergies et les réductions de coûts sont considérables. La crise conforte la pertinence de la fusion.

Quelles sont vos prévisions financières pour 2012 ?

Nous ne communiquons pas la feuille de route. Le groupe est déficitaire. Nous visons l'équilibre dans trois ans.

Où en est le processus de 400 licenciements ?

D'ici fin janvier, les conditions de départ seront connues. Les départs volontaires sont favorisés. Les premiers départs sont prévus en juillet.

Comment va s'organiser le positionnement des marques ?

Jusqu'ici, ces entreprises avaient le même actionnaire mais se concurrençaient. Désormais, nous allons faire disparaître les doublons. L'idée est de capitaliser sur les marques dont la notoriété est forte. Si Nouvelles Frontières et Marmara continueront par exemple à exploiter des clubs de vacances, il faudra que la différenciation soit claire. C'est nécessaire au regard de l'évolution de la demande, des comportements de la clientèle. TUI France va ainsi occuper tout le spectre du marché, du club de vacances au haut de gamme avec Tourinter par exemple et répondre à l'ensemble de la demande. Nous voulons devenir le leader sur le marché français, non seulement par la taille, mais aussi en termes de profitabilité, de capacité d'innovation.

C'est-à-dire ?

Même si c'est le moyen d'obtenir des prix intéressants de la part des hôteliers, il ne faut pas trop s'engager longtemps à l'avance afin d'éviter de se retrouver avec des stocks de lits vides comme Nouvelles Frontières l'a subi en 2010. En effet dans les pays où nous sommes présents, nous sommes confrontés à tout moment à un événement défavorable qui nous pousse à nous redéployer rapidement. Côté recettes, nous allons affiner les méthodes d'optimisation de la recette unitaire (yield management) très développées dans le transport aérien. Un hôtel est composé de chambres différentes (vue sur mer, près du lobby) auxquels on peut associer un prix différent. En s'inspirant toujours du transport aérien, nous allons développer les revenus annexes. Pourquoi, au moment de la vente d'une chambre d'hôtel, ne pas offrir la possibilité d'acheter des excursions par exemple. Par ailleurs, nous avons beaucoup à progresser dans nos relations avec les hôteliers. Si un hôtel rencontre des problèmes de remplissage tel mois, pourquoi ne pas faire une promotion durant ce mois (Flash deals).

Nouvelles Frontières dispose de 350 agences de voyages et d'une compagnie aérienne, Corsairfly, le modèle intégré a-t-il toujours un sens ?

Oui. Un réseau de distribution a certes un coût mais c'est aussi un important vecteur de notoriété pour la marque. Pour vendre un produit à valeur ajoutée, il faut du conseil. Quant à Nouvelles Frontières et Corsair, leur activité est de plus en plus dissociée depuis l'évolution du business model de Corsair vers une compagnie régulière. Aujourd'hui Nouvelles Frontières n'a plus aucun traitement de faveur concernant les stocks de sièges d'avions comme cela l'était auparavant.

Vous attendez-vous à une consolidation du marché du tour-operating français ?

Tous les voyagistes sont concentrés sur la préservation de leur cash. Si un tour-operateur était en vente, aucun concurrent ne le rachèterait. Pour notre part, nous n'allons pas nous lancer dans une acquisition, nous préférons nous concentrer sur notre fusion.

Quel est l'état des réservations pour les prochains mois ?

Nos réservations sont en baisse. En outre, le phénomène des ventes de dernières minutes (VDM) ne cesse de s'accentuer. Pour les périodes de pointe, les réservations sont très tardives car les clients attendent la promotion. Ils savent qu'un siège d'avion ou une chambre d'hôtel n'est pas un produit stockable que les voyagistes préfèrent les brader plutôt que de les perdre. L'élément prix est déterminant dans sa démarche. La sécurité aussi. Les destinations sûres sont privilégiées. L'Europe, le bassin méditerranéen reviennent très forts.

Passons à Corsairfly, où en le plan de restructuration "Take-off 2012" lancé en 2010 ?

L'année 2010-2011, clos fin septembre, a été une très bonne année, en avance sur le plan de marché qui vise à un retour à l'équilibre en 2013. Pour autant, en raison d'un environnement extrêmement difficile, marqué par l'inquiétude sur le pouvoir d'achat, le ralentissement du fret, les élections..., la parité euro/dollar qui devient défavorable, la cherté du prix du kérosène, la guerre des prix que se livrent les compagnies françaises en raison d'une situation de surcapacités, cela va être difficile de coller à la feuille de route. De nouvelles économies sont en cours de réflexion. Elles ne concerneront pas l'emploi. Ce sera plus des ajustements du programme de vols.

Le renouvellement de la flotte n'interviendra pas un peu tard ?

Il commencera en juillet et s'achèvera en avril 2013. On ne peut pas l'accélérer. En revanche, la deuxième phase, qui concerne les années 2016-2017, peut, peut être, être anticipée si notre actionnaire l'accepte.

Allez-vous changer la marque ?

Oui en juillet.

Corsair, XL, Aigle Azur, Europe Airpost, Air Caraïbes, Air Austral, Air Méditerrannée, y a-t-il de la place pour tout le monde à côté d'Air France ?

A l'avenir, il n'y en aura pas autant. Pour survivre Corsair devra posséder la taille critique. Par ailleurs, je ne pense pas à une fusion qui est très difficile à réaliser dans le transport aérien, mais on ne peut pas exclure des coopérations à terme. La crise permet des choses qui n'étaient pas réalisables jusqu'ici.

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