Air France-KLM en perte souffre de la hausse du pétrole

Air France-KLM s'est engagé jeudi à stabiliser sa dette nette à 6,5 milliards d'euros cette année, seule certitude pour le groupe franco-néerlandais en grande difficulté, qui doit désormais faire face à une nouvelle flambée des prix du pétrole alors même que ses réservations sont bien orientées.
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La deuxième compagnie aérienne européenne en termes de chiffre d'affaires, qui a accusé des pertes plus lourdes que prévu en 2011, s'attend à une baisse de son résultat d'exploitation au premier semestre sous le coup de la hausse du coût du kérosène, mais prévoit de récolter au second semestre les premiers fruits de son nouveau plan de restructuration à trois ans. Trois mois après l'éviction brutale de Pierre-Henri Gourgeon de la direction générale et le retour aux commandes des pères fondateurs du groupe, Jean-Cyril Spinetta et Leo van Wijk, Air France-KLM a présenté en janvier un plan de deux milliards d'euros d'économies visant à ramener la dette à 4,5 milliards fin 2014.

Mais la remontée du cours du baril de brut au-dessus des 100 dollars depuis février, conjuguée à un raffermissement de l'euro face au dollar, complique encore la tâche du groupe, qui prévoit une augmentation de 1,1 milliard d'euros de sa facture pétrolière cette année. Le président, Jean-Cyril Spinetta, a toutefois indiqué à des journalistes qu'aucune augmentation de capital ne serait nécessaire pour un groupe qui dispose d'une trésorerie de 2,9 milliards d'euros et de lignes de crédit de 1,85 milliard.

Un appel au marché serait d'autant plus difficile que l'action Air France-KLM ne se traitait qu'à 4,1850 euros en clôture mercredi, après avoir dévissé de 71% en 2011. Le groupe, qui compte retrouver un cash flow libre positif en 2013, a cédé en février 7,5% du capital du spécialiste des réservations aériennes Amadeus pour 467 millions d'euros dans le cadre d'un placement privé.

Négociations avec les syndicats jusqu'à juin

Dans le cadre de son plan à trois ans, le groupe cherche à réduire son coût unitaire hors carburant de l'ordre de 10% d'ici 2014, notamment en ramenant la croissance de son offre de sièges à 1-2% au cours des trois prochaines années, contre 4,7% en 2011. Air France-KLM, qui a passé l'an dernier une méga-commande à Airbus et Boeing, compte désormais réduire drastiquement les investissements dans sa flotte pour la ramener de 1,2 milliard d'euros en 2011 - l'équivalent de sa capitalisation boursière actuelle - à 700 millions en 2012, 600 millions en 2013 et seulement 300 millions en 2014.

Le groupe, dont l'Etat français détient 15,84%, a d'ores et déjà gelé les embauches et les salaires, tout en entamant avec les organisations syndicales des négociations sur la révision des conventions et accords régissant le groupe. "La dénonciation n'a pas été un préalable, elle serait plutôt la sanction d'un non aboutissement des négociations", a dit Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France. "Le sujet est d'aboutir à un nouveau modèle social, pour répondre au nouveau modèle économique que nous souhaitons mettre en place". Cette deuxième phase du plan, dont les syndicats craignent qu'elle comporte des réductions d'emplois, doit aboutir fin juin, après l'élection présidentielle.

Air France-KLM a accusé en 2011 une perte d'exploitation de 353 millions d'euros, contre un bénéfice de 28 millions sur l'année 2010, sous le coup d'une augmentation de 904 millions de sa facture de carburant, son premier poste de dépense. La perte nette part du groupe a plongé à 809 millions d'euros l'an passé, à comparé à un bénéfice de 289 millions sur l'année 2010, qui avait bénéficié d'une plus-value de 1,03 milliard liée à Amadeus. Son chiffre d'affaires a augmenté de 4% à 24,36 milliards d'euros, avec une croissance ralentie à 1,8% sur le seul quatrième trimestre.

Deux nouvelles bases à Toulouse et Nice

Les analystes interrogés par Inquiry Financial Europe attendaient en moyenne un chiffre d'affaires de 24,43 milliards d'euros, une perte opérationnelle de 279 millions et une perte nette de 711 millions. Pour 2012, ils anticipent une perte opérationnelle creusée à 458 millions, avant un retour dans le vert en 2013. Jean-Cyril Spinetta s'est refusé à toute prévision, à l'image d'IAG, le groupe issu de la fusion entre British Airways et Iberia, jugeant trop incertaine la conjoncture économique, pénalisée en 2011 par le printemps arabe et la crise dans la zone euro, à laquelle s'ajoute l'inconnue des prix du pétrole.

Alexandre de Juniac a jugé assez satisfaisantes les réservations pour Air France pour l'été, avec un dynamisme sur les Amériques et l'Asie, un rebond en Afrique et au Moyen-Orient et une bonne résistance en Europe malgré la conjoncture. Le groupe, qui vise un retour à l'équilibre pour l'activité moyen-courrier fin 2014 après une perte estimée à près de 700 millions d'euros en 2011, ouvrira début avril deux nouvelles bases de province à Toulouse et à Nice, après celle lancée en octobre à Marseille, afin de regagner des parts de marché sur les compagnies "low cost" et de réduire ses coûts.

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Commentaires 5
à écrit le 08/03/2012 à 14:25
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merci les syndicats. Mais quand Ils seront avec la décision,que vont-ils faire??? encore une fermeture ou vente d'entreprise ou exil du siége????

à écrit le 08/03/2012 à 10:43
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Blablabla, et les autres alors ils font comment ? Vraiment n'importe quoi.

à écrit le 08/03/2012 à 10:37
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derniére gréves = plan social merci la cgt

à écrit le 08/03/2012 à 9:36
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AF ne souffre pas des coûts du pétrole qui sont l'arbre qui cache la forêt mais du coût fixe devenu insoutenable que représente la masse salariale du groupe au regard de l'exploitation d'appareils de plus en plus performants et fiables.

à écrit le 08/03/2012 à 8:54
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Combien de temps encore perdu depuis plusieurs mois, en particulier à se plaindre de l'augmentation du prix du kérosène, alors qu'on ne s'attaque pas immédiatement au seul vrai problème de la masse salariale. Les propriétaires que sont les actionnair...

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