L'industrie du luxe, ces bons clients de l'aviation privée

Après avoir commandé un grand nombre d'avions pour 16,3 milliards de dollars au cours des deux dernières années, la compagnie aérienne privée NetJets ne craint pas la crise. Ses avions haut de gamme enregistrent même un intérêt en hausse.
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L'intérieur de la cabine mesure près de 15 mètres de long. La moquette est épaisse, le design mêle bois brillant et tissu de teinte beige. « Les couleurs de nos appareils seront plus neutres car notre clientèle est très diversifiée, entre ceux qui viennent d'Inde, de Russie, des pays pétroliers et d'Europe occidentale, » prévient Marine Eugène, la directrice de NetJets Europe. « Bombardier nous livrera nos deux premiers Global 6000 en novembre et, après une intensive série de tests liés à la sécurité qui dureront environ trois mois afin de respecter nos cahiers de charges internes, bien plus strictes que la loi, les premiers vols passagers auront lieu lors du premier trimestre 2013. » Les deux autres appareils seront mis en service trois mois plus tard.

Grosses ambitions

Crise économique ou pas, la première compagnie de jets privés mondiale va de l'avant. Installée dans l'Ohio, avec une filiale européenne basée à Londres et qui emploie 1500 personnes dont deux tiers de personnel naviguants, a dévoilé depuis un an et demi de fortes ambitions. En mars 2011, elle annonce tout d'abord une commande ferme de cinquante avions au constructeur Bombardier d'une valeur de 2,8 milliards de dollars, comprenant trente appareils Global 5000 et Global 6000, (dont quatre exemplaires de ces derniers sont destinés à la filiale européenne), et vingt Global 7000 et Global 8000, qui seront livrés à partir de 2017. Une pré-commande de cent vingt autres appareils a également été passée, pour un montant de 3,9 milliards de dollars. En juin 2012, la compagnie a passé une commande ferme de 75 Bombardier Challenger 300 et de vingt-cinq Bombardier Challenger 605, qui seront livrés respectivement dès 2014 et 2015, et de 25 Cessna Citation Latitudes, livrables dès 2016 sur dix ans. Des options pour 175 autres Bombardier Challenger et 125 Cessna ont également été posées, projetant la transaction potentielle à 9,6 milliards de dollars (7,3 milliards pour la firme canadienne, 2,3 milliards de livres pour l'Américaine). La répartition de ce contrat entre la maison-mère et sa filiale européenne n'a pas encore été déterminée.

Les industriels du luxe, de bons clients

« Nous sommes optimistes, sans quoi nous n'aurions pas placé de telles commandes mais celles-ci serviront avant tout à remplacer notre flotte actuelle car nous ne gardons pas nos appareils plus de dix ou douze ans, » tempère Marine Eugène. « Ce n'est donc pas un pari sur le futur, même si nos options visent à pallier à une hausse de nos clients ces prochaines années. » Ces impressionnants Global 6000, destinés à accueillir jusqu'à quatorze passagers et à voyager 11.500 kilomètres, enregistrent en effet un intérêt croissant. « Comme le confirment Harrod's ou Louis Vuitton, le secteur du luxe se porte bien, et nous vivons la même chose puisque c'est actuellement notre gamme la plus dynamique, » indique la jeune femme. Ces très longs courriers sont portés par les vols vers la Chine et l'Inde, surtout depuis Londres où les liens économiques avec l'ancienne colonie sont restés très forts. La catégorie de moyens courriers (prévus pour 4h de vol) profite de son côté de la forte hausse des vols entre la Russie et le Moyen-Orient, et en particulier Dubaï.

L'Europe de l'ouest, le point noir

Seul point noir : l'Europe de l'ouest. « Nos vols court et moyens courriers, c'est-à-dire pouvant circuler deux à trois heures, connaissent une réduction de l'activité depuis quatre ans, » précise la responsable. « Après une chute de 20% à 30% en 2008, l'activité s'était stabilisée en 2009 et 2010 et a baissé à nouveau légèrement en 2011. » Pour y faire face, la société n'a pas baissé ses prix (« car les aéroports ne l'ont pas fait et le kérosène n'est pas moins cher mais surtout car cette stratégie est risquée ») mais autorise ses clients à acquérir 1/32e de certains de ses appareils courts et moyens courriers pour 125.000 dollars, ce qui leur garantit 25 heures de vol annuelles sur leur durée totale de vie. Pour les autres modèles, l'achat minimal est de 1/16e soit 50 heures annuelles, pour un montant pouvant aller jusqu'à 3,1 millions de dollars pour les Global 6000. Chaque vol entraîne ensuite un supplément lié à ses dépenses spécifiques.
 

 

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