Aeroflot réussit un peu trop aux yeux de son actionnaire principal, l'Etat russe

La première compagnie aérienne russe, partenaire d'Air France au sein de Skyteam, renonce à multiplier par cinq le nombre de ses passagers d'ici 2025. Le gouvernement russe s'inquiète de sa mainmise sur un aéroport moscovite.
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Pourquoi donc l'actionnaire majoritaire d'Aeroflot -l'Etat russe- mettrait-il des bâtons dans les roues de la compagnie aérienne alors même qu'il songe à sortir progressivement de son capital? La direction d'Aeroflot hésite actuellement entre deux stratégies. La première, la plus modeste, consiste à « croître avec le marché » tout en restant un acteur de dimension régionale. La seconde, privilégiée jusqu'ici par le conseil des directeurs, visait une expansion globale du groupe en faisant de Moscou un hub de premier plan sur le continent eurasiatique. Mais c'est justement la trop grande proximité entre Aeroflot et l'aéroport Sheremetyevo que dénonce depuis lundi l'Agence Fédéral Anti-monopole, qui dépend du gouvernement russe. L'agence soupçonne le partenariat stratégique de « limiter la concurrence à travers l'application de contraintes inégales entre les différentes compagnies aériennes ».

La plainte déposée a surpris et fâché la direction d'Aeroflot, qui veut dorénavant se replier sur la stratégie « modeste », selon le quotidien Vedomosti, qui cite des sources au sein de la compagnie aérienne. Cette dernière stratégie mise quand même sur le triplement du nombre de voyageurs à 42 millions d'ici 14 ans, et sur 40% du marché domestique contre 21% aujourd'hui. En 2012, la compagnie a transporté 17,6 millions de passagers, soit une croissance annuelle de 24,6%. La flotte actuelle de 128 appareils grossirait à 400 appareils dans le scénario « inertie » et jusqu'à 600 appareils dans le scénario « agressif ».

Pourquoi couper les ailes de son champion?

Aeroflot refuse de commenter sur son changement de stratégie, mais une source proche de la compagnie « trouve singulier que l'Etat gêne l'apparition d'un champion global sous le prétexte de la protection de la concurrence à l'échelle domestique. D'habitude, c'est exactement l'inverse qui se produit ». Durant la dernière décennie, le Kremlin a effectivement privilégié la formation de géants russes de dimension internationale au détriment évident de la compétition domestique (Gazprom, Rosneft, Rusal... la liste est longue).

Actuellement, Aeroflot et ses partenaires de Skyteam représentent 80% des vols opérés par l'aéroport Sheremetyevo. Si l'Agence Fédérale Anti-monopole russe a le dernier mot, Aeroflot verra ses possibilités d'expansion fortement limitées, car Sheremetyevo fonctionne déjà à la limite de ses capacités. « Aeroflot a vraiment intérêt à démarrer des vols à partir d'autres aéroports moscovites », estime un professionnel européen de l'aviation basé à Moscou. « Cela lui permettrait de continuer à croître, et commercialement parlant, de capter des passagers en transit venant d'autres compagnies ».
 

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Commentaire 1
à écrit le 31/01/2013 à 16:10
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Un article très bizarre. On ne parle presque pas sur ce sujet même dans les média russes et c'est normal, parce que le conflit (entre l'Agence, Aeroflot et d'autres parties intéressées) est petit. Donc, rien ne digne d'être publié en France.

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