Le Nicaragua veut construire un canal pour concurrencer... celui de Panama

Par Jessica Dubois  |   |  434  mots
Sur le lac Nicaragua, vue sur le volcan Concepcion REUTERS/Oswaldo Rivas
Le gouvernement compte sur ce projet, qui reste encore flou, pour relancer l'économie. La construction d'un tel ouvrage devrait prendre 11 années, et le choix du trajet n'est pas encore fixé.

Le canal de Panama aurait-il du souci à se faire ? Peut-être, même si ce n'est pas pour tout de suite. En effet, le Nicaragua a décidé de se lancer lui aussi dans le trafic de marchandises entre les océans Pacifique et Atlantique. Son congrès a approuvé, jeudi soir, un projet de 40 milliards de dollars (30 milliards d'euros) qui prévoit la construction d'un canal, situé à moins de 600 kilomètres au nord du canal historique.

Cette annonce intervient alors que le canal du Panama s'apprète à fêter, en 2014, son centième anniversaire. Et qu'il effectue actuellement d'énormes travaux d'élargissement.

800 kilomètres en moins entre New York et San Francisco

Pour le Nicaragua , l'intérêt d'un canal se chiffre en millions de dollars. Celui de Panama représente déjà à lui seul 5 % du transit du commerce mondial. Le Nicaragua croit d'autant plus tirer sa part du commerce maritime que son ouvrage permettra de réduire de 800 kilomètres la distance entre New York et San Francisco. Ses partisans estiment qu'il pourrait permettre de doubler le PIB par habitant du pays, un des plus pauvres d'Amérique latine.

Pour l'heure, le projet reste flou. Six trajets potentiels ont été évoqués, donc cinq traverseraient le lac Nicaragua, afin de réduire la quantité de terre à creuser. Aucun n'a encore été retenu. La construction prendrait 11 ans, pour une voie maritime de 200 kilomètres. Elle permettrait la création de 40.000 emplois.

L'intérêt d'une "obscure" entreprise chinoise

Les travaux seront à la charge d'un consortium chinois, Chinese HK Nicaragua Canal Development Investment, qui obtiendrait également la concession du canal pour 50 ans, renouvelable. L'accord prévoit que cette entreprise verserait 10 millions de dollars par an au gouvernement au cours de la première décennie, puis un pourcentage croissant des revenus générés par le canal. Au terme de la 51e année, le gouvernement deviendrait proprétaire à part entière du canal.

Malgré ses avantages affichés pour le pays, certains contestent le projet au Nicaragua. Ces détracteurs accusent le président Daniel Ortega d'"hypothéquer le Nicaragua" en faveur d'une "obscure" société créée par "un entrepreneur chinois que personne ne connaît", l'avocat Wang Jing. Cette opposition rassemble certains secteurs économiques, écologistes, et des communautés indigènes. Elle dénonce le fait que Wang Jing aura "tous les pouvoirs pour exproprier, confisquer, étendre, draguer et dévier les cours d'eau" du Nicaragua. En votant le projet, le Congrès a cependant préféré les perspectives économiques aux risques soulignés par cette opposition.