Air France-KLM : les 25% dans Alitalia ne valent plus rien, et ça plombe le bénéfice

Le groupe français a fini de déprécier la totalité de sa participation dans la compagnie italienne, acquise en 2009 pour 323 millions d'euros. L'opération impacte le bénéfice net du troisième trimestre de 119 millions d'euros. Il s'est effondré de 51,4%.
Fabrice Gliszczynski
Air France-KLM qui détient 25% du capital d'Alitalia devrait voir sa participation diluée à moins de 10%

Les résultats financiers d'Air France-KLM ne sont toujours pas reluisants, mais ils s'améliorent. S'il ne l'a pas formulé ainsi dans ses "guidances" pour la fin de l'année, le groupe français table sur un bénéfice opérationnel en 2013 et sur une perte nette, a précisé ce jeudi son PDG Alexandre de Juniac en aparté de la présentation des résultats du troisième trimestre. Sur les neuf premiers mois de l'exercice, le résultat opérationnel se traduit par un bénéfice de 183 millions d'euros (-199 l'an dernier), tandis que le résultat net reste dans le rouge à -649 millions d'euros, en amélioration certes par rapport à l'an dernier (-980 millions). Le tout pour un chiffre d'affaires de 19,513 milliards en hausse de 1%. Gros bémol, l'objectif de réduction de la dette  de deux milliards de dettes par rapport à 2012 (à 4,5 milliards d'euros) ne sera pas atteint fin 2014 comme prévu mais en 2015.

 634 millions de bénéfice d'exploitation

Au cours du troisième trimestre, qui couvre les mois de juillet, août et septembre -une période de haute saison où toutes les compagnies aériennes gagnent en théorie de l'argent : c'est même le cas d'Alitalia, de justesse,  qui a dégagé un bénéfice d'exploitation de 36 millions-, Air France-KLM a amélioré de 29,1% son bénéfice opérationnel, à 634 millions d'euros. Le résultat net est lui aussi marqué par un bénéfice (144 millions) mais celui-ci s'est effondré de 51,4% par rapport à la même période de l'an dernier, en raison notamment de l'impact négatif de sa participation de 25% dans Alitalia. La perte de valeur de celle-ci s'élève en effet à 119 millions d'euros au troisième trimestre. Air France-KLM finit ainsi de déprécier la totalité de sa participation dans la compagnie italienne, acquise en mars 2009 pour 323 millions d'euros. Autrement dit, Air France-KLM considère que sa participation dans Alitalia ne vaut plus rien. D'ailleurs la compagnie italienne ne vaut pas grand-chose. La valorisation des fonds propres retenue par Alitalia pour établir les conditions de l'augmentation de capital de 300 millions, n'est que de 30 à 50 millions d'euros. L'opération de dépréciation d'Air France-KLM ne concerne pas le prêt de 23 millions d'euros consenti en début d'année, lequel peut être converti en options.

Date limite mi-novembre

Interrogé sur les discussions avec la compagnie italienne pour une éventuelle participation à l'augmentation de capital d'Alitalia, Alexandre de Juniac a une nouvelle fois expliqué la position du groupe qu'il préside. "Si nos conditions ne sont pas réunies, nous ne participerons pas. C'est dans l'intérêt d'Air France-KLM et d'Alitalia qu'elles le soient".  Et d'ajouter : "on n'est pas là pour mettre de l'argent dans une société qui ne peut pas tenir à long terme. Il faut un plan propre, carré, qui tient la route. "Ce n'est pas une punition pour les Italiens ou un mauvais traitement, je pense que c'est bon pour les Italiens de faire cela". Si Air France-KLM ne suivait pas l'opération, sa part serait diluée en dessous de 10% du capital d'Alitalia.

Divergences sur le périmètre

Le groupe français demande une restructuration financière et un plan industriel crédibles. En d'autres termes que la dette de 813 millions d'euros soit restructurée (abandon d'une grande partie des créances ou (et) transformation de celles-ci en capital), et que la taille de la compagnie ne soit pas aussi importante que celle prévue par les dirigeants italiens. Air France-KLM demande une baisse de l'activité sur le court et moyen-courrier supérieure à celle envisagée par Alitalia et une stabilisation de l'offre long-courrier quand la compagnie italienne compte l'augmenter. "Développer le long-courrier, c'est augmenter les pertes et la dette", explique-t-on chez Air France-KLM.

Les actionnaires actuels ont jusqu'au 14 novembre pour se prononcer sur leur participation à l'augmentation de capital. Alitalia a démenti une information de presse assurant que des banques italiennes avaient déjà versé par anticipation leur contribution à la recapitalisation. Le président de la compagnie aérienne italienne en difficulté Alitalia Roberto Colaninno quittera son poste à l'issue de la recapitalisation en cours du groupe, a indiqué Alitalia dans un communiqué jeudi à l'issue d'un conseil d'administration.

 

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 6
à écrit le 02/11/2013 à 19:46
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Merci pour cet article édifiant. Ou sont maintenant les pro-Alitalia qui me sautaient à la gorge lorsque je disais qu' il ne fallait surtout mettre un cent de plus dans ce désastre volant qu'est Alitalia (=AF puissance 10!). J'espere que chez AF on a...

à écrit le 01/11/2013 à 14:16
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Notre société hyper-technologique et ruineuse se transforme pro-graisse-hiiii-voeux-m'en à bénêts-fils avec trop de cancer, de maladies pulmonaires, d'AVC pour ne plus assez bouger du tout, pas assez de nos jeunes à tâter du terrain en campagnes prop...

à écrit le 01/11/2013 à 12:38
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Dépréciation d'actifs, amendes cargo, pertes sur les couvertures pétroles, provision pour PDV tout les six mois, attrition du réseau court courrier , perte de part de marché sur les liaisons domestiques... Et une septième année de pertes qui se profi...

le 01/11/2013 à 18:41
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AF paie les erreurs stratégiques de l'équipe Spinetta/ Gourgeon. Espérons que la voie choisie par ADJ sera la bonne. Malheureusement, nous ne le saurons que dans cinq ans....

à écrit le 31/10/2013 à 18:39
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Alitalia c'est fini ! Quelle sera la prochaine compagnie aérienne européenne à disparaître des tableaux d'affichage ? Les paris sont ouverts. Pour l'heure Lufthansa et British Airways ont fait leur marché.

à écrit le 31/10/2013 à 16:30
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Pour la énième fois ne surtout pas participer à l'augmentation de capital de la compagnie "papale" car de toutes les façons 25% de zero ou 10% de zero à défaut de suivre c'est quif quif pour une compagnie qui ne vaut plus rien.

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