Des Rafale au Qatar contre des vols de Qatar Airways en France : la crainte d’Air France

Lors de la visite en France du cheikh Tamin ben Hamad Al-Thani, le Qatar pourrait manifester son intérêt pour le Rafale. De quoi relancer le débat sur l'attribution de nouveaux vols en France de Qatar Airways.

La question de l'attribution par la France de plus de vols  droits de trafic) à Qatar Airways sera évidemment posée par les Qataris lors de la visite ce lundi en France du cheikh Tamin ben Hamad Al-Thani. L'an dernier, le Premier ministre du Qatar avait écrit à Jean-Marc Ayrault pour lui faire part de son regret de voir les demandes de vols supplémentaires de Qatar Airways en France refusées. La compagnie aérienne qatarie avait déjà atteint le quota de vols inscrit dans le dernier accord bilatéral entre la France et le Qatar (21 vols hebdomadaires) souhaitait à nouveau augmenter sa présence au départ de Paris. Sa demande de dérogation ayant été refusée par la direction générale de l'aviation civile (DGAC), Qatar Airways a été contrainte de fermer ses vols au départ de Nice fin mai 2013 pour les transférer à Paris début juin afin d'y exploiter trois vols quotidiens entre Roissy et Doha. Aujourd'hui Qatar Airways entend positionner l'A380 sur Paris pour pouvoir augmenter ses capacités en France.

Emirats et Rafale, la leçon à retenir

Si le Qatar achète un jour le Rafale de Dassault Aviation, il est fort probable que la France accordera des droits de trafic à Qatar Airways. Si tel était le cas, les Émirats viendront frapper à la porte pour obtenir la même chose pour leurs compagnies Emirates et Etihad Airways. Au grand dam d'Air France qui demande à l'Etat ne plus accorder de nouveaux droits à des compagnies dont le soutien de leur Etat-actionnaire fausse les règles du jeu. Pour autant, il faudra être très prudent. En 2011, pensant avoir assuré des contrats stratégiques, comme celui des Rafale aux Emirats, Paris avait accordé de nouveaux vols pour Emirates et Etihad. Mais Abu Dhabi n'a, par la suite, jamais passé commande à Dassault Aviation. A méditer.

Depuis l'arrivée de Hollande à l'Elysée, le ton a changé

Si sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy les compagnies du Golfe se sont régulièrement développées, le ton a changé depuis l'arrivée de François Hollande à l'Élysée en 2012. Un consensus s'est installé dans différents ministères pour ne pas accorder de droits de trafic aux compagnies du Golfe, tant que le redressement d'Air France ne se sera pas achevé. Jusqu'ici, le gouvernement a su résister aux demandes pressantes des pays du Golfe. Si le Qatar demande plus de vols en France, les Émirats arabes unis souhaitent la mise en place d'« un ciel ouvert » avec la France (les compagnies de chacun des deux pays pourraient exploiter le nombre de vols qu'ils souhaitent), comme ils l'ont demandé l'an dernier lors de la visite aux EAU de François Hollande.

Sujet polémique

L'attribution de nouvelles autorisations de vols à des compagnies du Golfe est toujours un sujet polémique en France. Car elle met en scène des acteurs dont les intérêts sont divergents. Ceux d'Air France d'un côté, vent debout contre les compagnies du Golfe, accusées de venir piller le marché européen, et de l'autre, ceux des différents acteurs de l'économie qui ne veulent pas que ce sujet pollue leurs affaires avec les pays du Golfe, notamment les industriels de l'aéronautique et de la défense, en particulier Airbus.

Officiellement, lier les droits de trafic aérien entre deux pays aux affaires commerciales est interdit par la convention de Chicago, qui régit le transport aérien. Seuls les flux de passagers qui voyagent entre les deux pays concernés doivent être pris en compte. Mais dans les faits, il en est tout autre. Au regard de la puissance économique et diplomatique des États du Golfe, la direction générale de l'aviation civile (DGAC) a le plus souvent négocié ces derniers années avec un mandat ayant fait l'objet d'un arbitrage au plus haut niveau de l'exécutif, après plusieurs réunions interministérielles agitées.

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Retrouvez les analyses des intervenants du forum de l'aéronautique civil et militaire, le Paris Air Forum, qui se déroulera le 11 juillet prochain.

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Commentaires 28
à écrit le 01/07/2014 à 14:31
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Si c'est le prix à payer (vente de rafales) pour exporter notre "bijou" pourquoi pas . De toute les façons et malgré de multiples plans de restructuration AIRFRANCE ne s'en sort pas car ses divers coûts sont trop élevés par rapport à ses recettes.

le 16/07/2014 à 11:56
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Il est vrai que le Rafale est absolument exemplaire pour cette subtile équation coût sur recette, le succès international du joujou électronique de Dassault me laisse même carrément sans voix!

à écrit le 30/06/2014 à 3:38
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c'est un scandale. La france est un pays qui veut proteger les interets d'une minorite plutot que de laisser les citoyens profiter de la concurrence.

le 16/07/2014 à 12:01
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En effet, le Rafale subit la véritable concurrence loyale du marché citoyen, d'ailleurs même les suisses n'en veulent pas. Le Scandale, le vrai, c'est que l'armée française supportée par la contribution publique est bien contrainte d'en acheter et so...

à écrit le 29/06/2014 à 15:11
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Il est claire que les monopole des grand groupe étatique vons devoir un jour se terminer pour le bien des citoyens français....

le 16/07/2014 à 12:04
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Qatar Airways et son président d'état n'est bien reçu que s'il achète des avions. Si vous appeler cela "en terminer un jour" je pense hélas que nous n'en sommes qu'au début.

à écrit le 27/06/2014 à 12:09
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"...tant que le redressement d'Air France ne se sera pas achevé." et ça va prendre encore combien de temps parce que ça fait déjà des lustres que ça aurait du être fait, mais c'est un peu comme la SNCM, la SNCF, ça ne finit jamais et pendant ce temps...

le 16/07/2014 à 12:08
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Qui paie les Rafales? Mais c'est vous ainsi que la contribution publique cher monsieur. Il ne s'en vend pas un seul à l'international. Sinon, toutes les compagnies sont en redressement, Qantas par exemple, la concurrence est beaucoup plus rude que v...

à écrit le 24/06/2014 à 8:30
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on rigole le Rafale c'est l'arlesienne ce n'est pas parce que l'on a des contactes que l'on va vendre mais comme d'habitude on developpe des produits sophistiques mais qui ne sont pas necessaire pour d'autre acheteur ( voir negoce avec la suisse le b...

à écrit le 24/06/2014 à 8:18
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la tribune répond à la question principale: quelle contre partie à l'achat de rafales par le quatar. C'est en effet le plus important et jusqu'à présent les réponses étaient plutôt inexistantes.

à écrit le 24/06/2014 à 6:55
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"La France confiante dans la vente de Rafale au Qatar..." F comme Fille Facile et Facilitatrice ou entremetteuse entre la p... Dassault et son client richissime, l'émir du Qatar... Le président Hollande se fait encore plus petit pour séduire son Ami ...

à écrit le 24/06/2014 à 1:22
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Ce serait une erreur de vendre une telle arme à un pays qui est potentiellement un ennemi. Ce d'autant plus que ce pays finance le terrorisme et la construction de multiples mosquées en France.

à écrit le 23/06/2014 à 19:25
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Si Airbus (y compris via Dassault, filiale à 40% d'Airbus) doit compter sur une contrepartie en Droit de trafic ... Airbus DOIT faire une contrepartie proportionnelle en prix de vente d'avion à AirFrance !! Ainsi, la competitivité de la compagnie nat...

le 24/06/2014 à 1:19
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Dassault Aviation n'a jamais été une "filiale" d'Airbus ! Airbus Group détient 46% des actions et plus de 50% sont détenus par la GIMD (famille Dassault). Dassault Aviation n'es dons pas une filiale.

le 16/07/2014 à 12:11
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Enfin bon, disons que la participation est croisée, et pas qu'un peu. Qu'est ce qu'il faut pas faire pour ménager les succeptibilités de bons contribuables...

à écrit le 23/06/2014 à 18:43
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Assez spéciale, vendre des rafales à un état qui soutient et finance le terrorisme islamique ! Vraiment honteux et écœurant !

le 02/07/2014 à 4:21
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et la vente par la France de navire de guerre à la Russie? ou à d'autres pays à la démocartie plus que douteuse.?

à écrit le 23/06/2014 à 17:28
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C est pourtant simple: 50 rafales en commande ferme contre la réouverture du Nice-Doha en 787 quotidien. Donnant donnant, sinon vous avez pas fini les amis!

à écrit le 23/06/2014 à 16:08
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D'abord on livre , ensuite on signe ! pas complique ....faut croire que sur Paris sa marche pas comme ailleurs !

à écrit le 23/06/2014 à 15:26
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tjrs en train de jouer au moralisateur cette france!!

à écrit le 23/06/2014 à 14:41
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Les pays du Golfe rois du chantage, sourire devant couteau derrière, toujours la même technique, et nos politicards toujours aussi naïfs et stupides, baisser le pantalon d'abord et voir après. Pauvre France, à quel niveau ce pays a chuté..!!!!! B...

à écrit le 23/06/2014 à 14:00
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La France va encore sacrifier les compagnies aériennes européennes au profit de son industrie aéronautique ?

à écrit le 23/06/2014 à 12:00
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Rien ne presse le contrat signé et les premiers rafale livrés sont une bonne garantie. Quand au redressement d'Air France c'est tellement comique, soit Air France peut vivre soit Air France doit mourir... Mais Air France est tellement lié à ADP...

à écrit le 23/06/2014 à 11:44
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Désormais, il semble de bon ton d'attendre la signature des contrats promis en "contrepartie" avant d'accorder effectivement les droits de trafic. Le précédent émirien offre le parfait exemple aux négociateurs pour soutenir une telle position.

le 23/06/2014 à 17:09
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Je dirai même plus, attendons que les 1er rafales soient livrés et payés avant de faire la moindre concession de trafic, si c'est la contrepartie.

le 23/06/2014 à 19:20
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Les droits pour Emirates et Etihad ne sont pas forcément éternels : les contrats prévus n'ayant pas été concrétisés... les droits ne devraient pas l'être non plus !!?

le 23/06/2014 à 22:33
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@ @mobius : effectivement, il semblerait logique de ne pas les renouveler à la fin de leur période d'effet.

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