La SNCF fera payer ses données TGV aux géants du Net

Accompagnant la future règlementation sur l'ouverture des données transports, la SNCF annonce l'ouverture de ses données TGV. Elles seront gratuites pour les start-up (ou peu chères) mais payantes pour les Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple), autrement dit, les majors de l'Internet.
Fabrice Gliszczynski

Comment ouvrir ses données pour faciliter l'innovation des start-up sans se faire piller par les Google, Amazon, Facebook, Apple et autres géants du Net et prendre ainsi le risque d'être désintermédié ? Autrement dit, comment ouvrir ses données sans que les Gafa en profitent pour s'immiscer entre l'usager et le transporteur et devenir des prescripteurs de déplacement capables de proposer des solutions de transport autres que les leurs ? Bref, comment ouvrir ses données sans prendre le risque d'être dépossédée de sa relation client? Réponse : en permettant l'accès à ses données et en les faisant payer (probablement cher).

C'est ce que compte faire la SNCF qui, dès 2013, avait identifié Google comme le principal concurrent du groupe, afin faire financer ses investissements par les géants du Net, voire de les dissuader d'utiliser ses données. Ceci alors que se profile l'ouverture des données transports, qui figurera dans la loi numérique.

Ouverture des données TGV

«Nous allons ouvrir nos données, les horaires théoriques, celles en temps réel, mais aussi les correspondances sur l'ensemble des trains du quotidien et prochainement des TGV », a expliqué ce mardi Yves Tyrode, Digital chief officer de la SNCF lors de la présentation de la stratégie digitale du groupe.

Sur le plan technique, la SNCF donnera accès à ses API, ces standards du web qui permettent aux développeurs de se connecter à ses bases de données.

«L'accès à ces API se fera avec un modèle économique clair et vertueux. Les start-up et les petits utilisateurs ne paieront pas ou très peu, les multinationales du Net paieront davantage», a ajouté Yves Tyrode.

"Il faut faire attention", dit Pepy

"Nous ne sommes pas là pour subventionner les Gafa», a indiqué en aparté le président du directoire de SNCF Mobilité, guillaume Pepy. Et d'expliquer : «nous avons été pionniers dans l'ouverture des données de transport public, c'est-à-dire lorsqu'il y a un contrat passé avec une autorité organisatrice de transport. Nos données sur les transiliens, les TER ont été parmi les premières ouvertes. Jusqu'à présent le domaine du BtoC, comme le TGV n'était pas concerné. Ces données sont les nôtres. Elles vont être ouvertes, mais, il faut que l'on fasse attention car ces Gafa vont instantanément les prendre et les commercialiser y compris au détriment des start-up et des petits acteurs. La bonne idée est d'avoir une tarification qui sera soit peu chère ou gratuite pour les start-up et le monde non marchand et une autre à la hauteur de ce que les Gafa mettent pour recueillir des données. Chacun, selon ses capacités aura accès à ces données ».
Cette annonce accompagne l'esprit de la loi sur le numérique à venir, dit-on au ministère des Transports.

«SNCF pense avoir trouvé un rempart en demandant à ceux qui veulent utiliser ses données de se brancher à ses API, ce qui lui permet de les maîtriser. Ce n'est pas dans la stratégie des Gafa de se brancher sur des API », explique un expert, estimant néanmoins illusoire que la SNCF gagne beaucoup d'argent avec cette pratique.

Un fonds d'investissements pour les start-up

L'idée de la SNCF est au contraire d'aider les start-up à développer des nouveaux services digitaux pour les voyageurs. La SNCF va créer un fonds d'investissements pour prendre des parts dans les start-up « les plus  prometteuses » Il sera doté de 30 millions de budget sur trois ans. Un budget distinct des 450 millions d'euros d'investissements prévue par la direction dans le digital au cours des trois prochaines années.

La SNCF a conçu une plateforme de développement, Store.sncf, "une boîte à outils avec un support dans le design des applications, un support pour la bonne utilisation de nos API et le fait de pouvoir récolter la note des utilisateurs", explique Yves Tyrode. Store.sncf est destiné aux développeurs de la SNCF, puis il sera ouvert à l'ensemble des développeurs externes.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaire 1
à écrit le 12/02/2015 à 7:48
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Rigolo Pepy, ta filiale Sncf-Voyages ne paient rien à la maison Mère , mais son jeton de présence doit être conséquent

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