Air France : Fillon veut une enquête parlementaire sur la situation de la compagnie

L'ancien Premier ministre craint qu'Air France soit rachetée par une compagnie du Golfe ou par des capitaux chinois. Pourtant Air France n'est pas au bord de la faillite. Le plan de restructuration vise à augmenter la rentabilité de la compagnie pour lui permettre de financer ses investissements à l'avenir. Les salariés sont quant à eux déboussolés. Explications.
Fabrice Gliszczynski

François Fillon rejoint tous ceux qui pensent qu'Air France est au bord de la faillite. Ce qui n'est pas le cas.

Mercredi, l'ancien Premier ministre a déclaré sur France 5 avoir déposé une demande de commission d'enquête parlementaire sur la situation d'Air France.

«J'ai déposé une demande de commission d'enquête parlementaire sur la situation de la compagnie Air France, cet après-midi (...) pour établir la réalité de la situation de la compagnie nationale et pour proposer des solutions qui nous éviterons l'issue qui est probable si on ne fait rien c'est-à-dire le rachat d'Air France par une compagnie du Golfe ou un fond de pension chinois. Le Parlement doit faire toute la lumière sur la réalité de la situation d'Air France pour des solutions puissent être trouvées", a-t-il insisté.

Pour rappel néanmoins, des investisseurs non communautaires ne sont pas autorisés à prendre plus de 49% d'une compagnie aérienne européenne.

Retour aux bénéfices en 2015 et vents favorables en 2016

François Fillon risque néanmoins d'être surpris. Si ses fondamentaux sont fragiles avec des fonds propres négatifs selon une source syndicale, si la maison-mère, Air France-KLM ne vaut pas grand chose en Bourse (moins de deux milliards d'euros), Air France n'est pas pour autant au bord de la faillite.

Après six ans de pertes consécutives, la compagnie française va dégager cette année en 2015 un bénéfice d'exploitation au moins de 300 millions d'euros (il s'agit du budget fixé en début d'année en interne selon nos informations et la direction a dit qu'il était aujourd'hui respecté). Air France-KLM devrait afficher des résultats opérationnels supérieurs, entre entre 500 et 700 millions d'euros selon un expert.

A la fin du mois octobre le groupe devrait publier le meilleur troisième trimestre de son histoire en raison d'un très bon été.

«Juillet a été excellent, août formidable et septembre très bon », reconnaît une source interne.

Une performance qui traduit la baisse des coûts mis en œuvre par la compagnie depuis trois ans mais aussi, et surtout, l'impact favorable de la forte baisse du prix du baril. Avec l'expiration progressive des couvertures pétrole, Air France-KLM profitera même d'une baisse de 500 millions d'euros de sa facture kérosène l'an prochain. « Et aux conditions actuelles, sauf aléas extérieurs, Air France-KLM se rapprochera l'an prochain du milliard d'euros en 2016 », explique un bon connaisseur de l'entreprise.

Lire ici : Ces bénéfices qui posent problème

Financer les investissements

Mais ce n'est pas pour éviter une faillite à court terme qu'Air France lance un nouveau plan de restructuration. Mais pour améliorer sa compétitivité par rapport à ses concurrents IAG (British Airways, Iberia, Vueling) et Lufthansa (qui vont publier cette année des bénéfices d'environ 2 milliards pour le premier et 1,5 milliard d'euros pour le second) et pour dégager un niveau de profits suffisants (fixé à 740 millions d'euros en 2017) qui lui permettra de financer le renouvellement de sa flotte et de disposer aussi de moyens de prendre des participations capitalistiques dans d'autres compagnies. En dessous de 740 millions d'euros de bénéfices opérationnels, Air France n'est pas en mesure de financer sa croissance, assure la direction. Au niveau d'Air France-KLM, il faudra un résultat d'exploitation de 1,4 milliard d'euros pour financer les investissements internes et externes.

Faire cet effort aujourd'hui est donc vital pour Air France et Air France-KLM afin d'assurer son avenir, non pas immédiat, mais à plus long terme. Car British Airways et Lufthansa ne vont pas baisser la garde en termes de réduction de coûts, et l'environnement concurrentiel ne va pas cesser de s'accentuer avec les énormes plans de flottes des compagnies low-cost européennes (Easyjet et Ryanair) mais aussi les ambitions des transporteurs du Golfe.

Salariés déboussolés

Cette situation a de quoi déboussoler les salariés. Comment leur expliquer qu'ils ont fait des efforts pendant trois ans, que les comptes se redressent mais qu'il faut supprimer des postes ? Comment dire aux personnels au sol, qui ont fait plus que les efforts demandés dans le plan précédent Transform, qu'ils vont faire l'objet de 1.900 suppressions de postes au cours des deux prochaines années parce que les pilotes, qui, eux, n'ont pas fini la copie du plan Transform, n'ont pas signé un accord de productivité avant fin septembre ? Comment dire aux hôtesses et stewards qui ont peu ou proue réalisé les efforts demandés lors du plan précédent, qu'ils doivent revenir sur l'accord collectif à durée déterminée, pourtant signé par la direction il y a deux ans ? Enfin, comment dire aux pilotes de travailler plus sans contreparties ? C'est là tout l'enjeu de la communication interne de la compagnie. Et il extrêmement compliqué.

La demande de François Fillon "va passer dans les prochains jours ou les prochaines heures devant le bureau de l'Assemblée nationale", a-t-il ajouté Pour être lancée, la demande de commission d'enquête parlementaire doit d'abord être acceptée par la commission parlementaire compétente, avant d'être examinée en séance publique.

"L'Etat a mal fait son travail dans cette affaire", a même estimé François Fillon.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 15
à écrit le 09/10/2015 à 8:48
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une solution serait de ne plus " ecouter les violons " ( de La Tribune )... l'autre est de ne pas laisser faire la désinformation ... mais , celà fini par etre lassant , surtout quand c'a tourne au concert...!

à écrit le 08/10/2015 à 20:11
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Une commission parlementaire ? Elle a dejà eu lieu avec la commission Leroux sur le transport aérien qui préconisait une baisse des taxes adp et 13 autres mesures jetées aux orties par Valls .

à écrit le 08/10/2015 à 16:43
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" cette année en 2015 un bénéfice d'exploitation au moins de 300 millions d'euros", excusez moi de loller un max ! Ils sortent d'ou vos chiffres ? En 2015 les analystes tablent sur - 130 millions de résultat net a - 177 millions d'euros selon Bloomb...

à écrit le 08/10/2015 à 14:38
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pauvre Fillon il n'a plus aucune visibilité et essaie d'exister alors que personne ne s'intéresse à lui. Qu'il profite de la vie en faisant de la course automobile mais pour la course aux présidentielles il est out!

à écrit le 08/10/2015 à 14:27
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Comment le point peut affirmer que la santé d'AF est bonne. Afin 2014 situation nette négative, résultat net négatif etc....

à écrit le 08/10/2015 à 12:59
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" la compagnie nationale française " ce sont donc des fonctionnaires?

à écrit le 08/10/2015 à 11:15
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il n'a qu'a lire le dernier rapport annuel. C'est marrant cette manie de toujours faire des commissions .....

à écrit le 08/10/2015 à 11:07
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C'est Fillon qui a donné un statut spécial au syndicat de pilotes d'Air France avec tout pouvoirs même celle de tuer la compagnie et qui partiront avec bonus et retraite plein pot, pourquoi travailler plus ?

le 08/10/2015 à 16:50
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Quand on n'y connaît rien, il vaut mieux ne rien dire, cela évite de passer pour un imbécile... Les pilotes partent à 65 ans avec une retraite qui vaut 30% de leur salaire., sans aucun bonus.

à écrit le 08/10/2015 à 9:27
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"Fillon veut" cette expression est très tendance !!! tous les politiques veulent ...mais ne font rien ou presque lorsqu'ils en ont la possibilité .... Et à quelques semaines des élections régionales aucune idée novatrice, aucun projet ...trop préoccu...

à écrit le 08/10/2015 à 9:27
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"Fillon veut" cette expression est très tendance !!! tous les politiques veulent ...mais ne font rien ou presque lorsqu'ils en ont la possibilité .... Et à quelques semaines des élections régionales aucune idée novatrice, aucun projet ...trop préoccu...

le 08/10/2015 à 12:29
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Non puisqu'ils seront élus par les 80% de votant....

à écrit le 08/10/2015 à 8:30
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... tout et son contraire !

à écrit le 08/10/2015 à 8:30
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... tout et son contraire !

à écrit le 08/10/2015 à 8:06
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et lui quand il a vendu les routes national a t'il pose toute les questions et pese les pour et contre non seul sa commission l'a emporte

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