Evasion fiscale : comment Uber se soustrait à l'impôt en Grande-Bretagne

Uber a doublé son chiffre d'affaires en Grande-Bretagne en 2015 d'après ses comptes annuels. Malgré la hausse de son activité, la firme poursuit sa stratégie pour échapper à l'impôt.
Grégoire Normand
Uber est décrié par une grande partie de la classe politique en Grande-Bretagne.

Le débat sur la fiscalité d'Uber fait rage en Grande-Bretagne.Les derniers comptes de l'entreprise pour 2015 analysés par le Guardian, indiquent que la firme n'a payé que 455.000 euros (411.000 livres) de taxes alors que son chiffre d'affaires a doublé, passant de 12,5 millions d'euros en 2014 (11,3 millions de livres) à 25,8 millions d'euros en 2015 (23,3 millions de livres). En 2014, Uber n'avait payé que 24.500 euros d'impôts (22.100 livres).

Des profits records

Les comptes de la compagnie révèlent que Uber a enregistré des profits records en 2015 s'élevant à 2 millions d'euros (1,8 million de livres) contre 983.000 euros en 2014 (888.000 livres). Selon le journal britannique, Uber profiterait d'un système fiscal basé aux Pays-Bas et très controversé, dans lequel transiteraient les commissions prélevées sur les courses des chauffeurs. Déjà épinglé à plusieurs reprises pour avoir profité du système fiscal néerlandais, le géant américain semble encore tirer les ficelles du "sandwich néerlandais" qui est régulièrement utilisé dans l'économie numérique, par les GAFA notamment.

>> LIRE AUSSI : Où va l'argent d'Uber ?

Pour comprendre ce principe d'optimisation fiscale utilisé par les GAFA, la vidéo suivante permet d'illustrer les stratégies fiscales employées par Uber et des grands groupes.

Par ailleurs, les commissions provenant des chauffeurs Uber ont explosé en 2015 au niveau mondial. Les comptes internationaux indiquent qu'elles s'élèveraient à 520 millions de dollars en 2015. C'est sept fois plus que les chiffres de 2014. La publication de tels comptes pourraient ainsi attiser la polémique et les conflits judiciaires en cours outre-Manche.

Uber au centre de conflits

En Grande-Bretagne, 19 chauffeurs ont attaqué Uber en justice au mois de juillet dernier pour qu'ils soient reconnus comme salariés de l'entreprise. Cette reconnaissance leur permettrait de bénéficier d'avantages. La décision judiciaire devrait être prononcée dans les prochaines semaines.

De nombreuses voix se sont élevées contre les pratiques fiscales d'Uber. Alexis Cobham, directeur de recherche chez Tax Justice Network a ainsi déclaré que"les comptes d'Uber en Grande-Bretagne confirment que les multinationales sont imperméables aux discours des décideurs politiques et elles voudront prendre tous les avantages liés aux faiblesses des règles fiscales internationales et de l'absence de transparence."

Pour sa défense, Uber a indiqué que :

"la vaste majorité des revenus générés par notre technologie va tout droit dans la poche des conducteurs qui utilisent notre application et restent dans l'économie locale. Nous avons hâte de nous développer dans d'autres villes et de créer plus d'opportunités dans les mois à venir. "

Dans un discours devant un rassemblement du parti conservateur, Thérésa May a dit qu'elle était déterminée à s'attaquer à l'évasion fiscale. "Si vous êtes une société internationale qui menace les lois fiscales [...] je vous mettrai en garde. Cela ne peut pas continuer ainsi.Un changement doit arriver."

Selon le Guardian, Uber serait l'une des dernières firmes technologiques américaines à résister à la pression des élus britanniques pour abandonner cette structure fiscale controversée. Mais dans la pratique et sous couvert d'annonces, les pratiques de Google et d'eBay pour échapper à l'impôt demeurent inchangées.

Grégoire Normand

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Commentaires 2
à écrit le 11/10/2016 à 16:56
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Le ministre des finances néerlandais est aussi président de l'Eurogroupe, qui étrangle la Grèce ...

à écrit le 11/10/2016 à 16:27
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Merci pour cette explication qui montre que c'est le système financier qui profite de ces fraudes fiscales massives qui ne concernent pas que les GAFA, il faudrait faire attention à ne pas faire croire aux gens que seuls les géants du net magouillent...

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