La péréquation maintient-elle en vie trop d'aéroports français inutiles ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  566  mots
L'aéroport de Roissy
La redevance pour les services terminaux de la circulation aérienne des aéroports parisiens va baisser de 26 millions d'euros en 2017. Mais, elle restera plus élevée qu'en région au nom du principe de péréquation. L'association des compagnies étrangères en France, le BAR, dénonce un système qui maintient en vie une multitude d'aéroports situés parfois les uns à côté des autres.

Bonne nouvelle pour Air France et toutes les compagnies aériennes basées à Paris.  Ce mardi, lors de l'assemblée générale du Board of Representatives (BAR) France qui réunit la plupart des compagnies étrangères présentes dans l'Hexagone, le directeur de la direction générale de l'aviation civile (DGAC), Patrick Gandil, a expliqué qu'il y aurait en 2017 une baisse de 26 millions d'euros de la redevance pour les services terminaux de la circulation aérienne (RSCTA) des aéroports parisiens de Roissy-Charles de Gaulle et d'Orly.

«L'arrêté est en cours d'écriture », a-t-il dit.

Baisse de cette taxe à Paris, stabilité en région

Ces 26 millions correspondent au reliquat de la taxe de l'aviation civile (TAC) qui allait encore en 2015 au budget général. L'an dernier cette somme avait déjà réintégré le budget annexe de l'aviation civile, mais elle avait été consacrée au désendettement de la DGAC.

Malgré cette baisse, cette taxe reste supérieure au coût direct observé à Paris mais aussi au niveau appliqué en région du fait du principe de péréquation en vigueur. L'objectif de la DGAC est de rééquilibrer cet écart « sans casser la péréquation », pour éviter une inflation des taxes dans les aéroports régionaux.

«Nous cherchons à maintenir le niveau de la taxe en province et à baisser celui à Paris», a indiqué Patrick Gandil.

S'en est suivi un vif débat avec Jean-Pierre Sauvage, le président du BAR. Prenant acte «avec satisfaction» de cette réduction, qui représente 10% des recettes de cette taxe, ce dernier a tiré à boulets rouges sur le système de péréquation.

"Nous contestons qu'il faille dévier 100 millions d'euros payés par les passagers des aéroports de taille importante de catégorie 1 ou 2 pour entretenir des aéroports déficitaires, et qui le resteront car, si certains ont une nécessité économique, beaucoup d'entre eux satisfont des égos locaux ou départementaux. Dans notre maillage aéroportuaire, 44 aéroports de province représentent 0,4% du trafic. Une grande partie de cette péréquation sert au maintien de ces aéroports dont certains sont situés à 30 ou 40 km de distance. C'est insupportable".

Pour rappel, il y a plus de 160 aéroports français (outre-mer compris).

S'il reconnaît qu'il est "probable que le système de péréquation aide à maintenir un certain nombre d'aéroports", Patrick Gandil ne pense pas en revanche que la France compte un seul aéroport inutile.

Meilleure coopération entre les aéroports

Citant la "décision locale entre Dijon et Dole de concentrer le trafic de ligne à Dole et maintenir à Dijon du trafic affaires, de plaisance, du transport d'évacuation sanitaire ou de d'organes qui ne demandent pas le même niveau de sécurité et de sûreté", Patrick Gandil estime que c'est autour de cette logique qu'il faut mener la réflexion, plutôt que de jeter l'anathème sur un certain nombre d'aéroports".

"La question est : où se fait le trafic d'avions de ligne car la différence de couts est énorme entre un terrain qui accueille ou pas des avions de ligne (qui impose un service de pompiers élevé et une sûreté adaptée à un certain nombre de passagers). Il y a des économies significatives à gagner sur la péréquation", a-t-il fait valoir.