Norwegian planche sur des vols low-cost entre Paris et Los Angeles cet été

Même si elle n'a pas obtenu des créneaux horaires pour ouvrir Orly-Los Angeles cet été, la compagnie à bas coûts norvégienne, pionnière en Europe dans le low-cost long-courrier, étudie d'autres scenarii pour ouvrir cette ligne en juillet au départ de Roissy ou d'Orly. La décision sera tranchée rapidement.
Fabrice Gliszczynski

Une compagnie low-cost long-courrier étrangère, ni française, ni américaine, va-t-elle débarquer à Paris pour desservir cet été Los Angeles ? Le projet est sur la table de Bjorn Kjos, le PDG de Norwegian Air Shuttle, la compagnie à bas coûts norvégienne, pionnière en Europe dans le low-cost long-courrier.

Pas de nouveaux slots à Orly

Selon nos informations, Norwegian, étudie l'ouverture en juillet prochain de la ligne Paris-Los Angeles. Même si sa demande de créneaux horaires de décollage et d'atterrissage (slots) pour assurer six vols hebdomadaires entre Orly et Los Angeles n'a pu être satisfaite fin janvier, la compagnie n'a pas laissé tomber. Au contraire. Car, à défaut de nouveaux créneaux à Orly où elle assure déjà des vols vers la Scandinavie, Norwegian a en obtenu au départ de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle pour la prochaine saison été qui débute fin mars.

possibilités

Aussi, plusieurs scenarii s'offrent à elle : transférer une partie de ses vols actuels à Orly (Oslo, Copenhague, Stockholm et Helsinki) vers Roissy pour libérer des créneaux à Orly permettant d'ouvrir Orly-Los Angeles ; optimiser son portefeuille de créneaux à Orly pour faire de la place à un vol long-courrier peu consommateur de créateur ; ou bien utiliser tout simplement les nouveaux créneaux obtenus à Roissy pour ouvrir la ligne transatlantique au départ de CDG. Sur le papier, il y a même une quatrième possibilité : effectuer le vol en partenariat avec une autre compagnie qui dispose de créneaux.

Déjà trois opérateurs sur Paris-Los Angeles

La décision n'a pas encore été tranchée selon nos informations. Elle devra l'être rapidement si Norwegian veut lancer la commercialisation des vols.

"Norwegian a 30 B787 en commande et qu'elle regardait toutes les opportunités d'ouvrir de nouvelles routes (...). Etant l'une des villes les plus visitées au monde, Paris est évidemment intéressant pour nous Cependant, nous ne pouvons confirmer aucune nouvelle ligne à ce stade", a indiqué à La Tribune un porte-parole de la compagnie.

Si jamais Norwegian décidait de se jeter à l'eau, elle serait confrontée à Air France et Air Tahiti Nui (désormais partenaire) mais aussi à XL Airways qui va ouvrir Roissy-Los Angeles en juin prochain. L'arrivée de deux nouveaux acteurs sur la ligne se traduirait sans surprise par une forte baisse des prix. En Angleterre, Norwegian propose le vol aller Londres (Gatwick)/Los Angeles à partir de 179 Livres TTC (235 euros).

Le développement long-courrier fait débat

Si Norwegian débarque à Paris pour développer du long-courrier, elle sera très surveillée. En effet, depuis quelques années, son développement long-courrier cristallise l'opposition à la fois des autorités américaines et de certains pays européens, mais aussi des syndicats de navigants des deux côtés de l'Atlantique.

En effet, même si elle a le droit d'assurer des vols entre n'importe quel point de l'Union européenne et n'importe quelle destination aux Etats-Unis (puisque la Norvège, bien qu'elle ne soit pas membre de l'UE, a été incluse dans l'accord de ciel ouvert entre l'Union européenne et les Etats-Unis mis en place en 2008), Norwegian tente de sortir de ce cadre norvégien par des chemins qui ont fait débat.

Il y a quelques années, après avoir obtenu une licence et un certificat de transporteur aérien (CTA) irlandais, la compagnie a créé une filiale long-courrier irlandaise avec des navigants intérimaires basés en Asie du sud-est, accusés par les autorités américaines d'être affectés non seulement aux vols vers l'Asie mais aussi vers les Etat-Unis. Poussé par les pilotes américains qui dénoncent un "dumping social", Washington a mis son veto aux vols vers les Etats-Unis de cette filiale irlandaise. Ceci alors que Bruxelles était au contraire favorable. Fin 2015, Norwegian a également obtenu une licence et un CTA au Royaume-Uni. Là aussi, le dossier reste à l'étude.

Du coup, Norwegian assure ses vols au départ de Gatwick avec le CTA norvégien de Norwegian Air Shuttle.

Sauf à obtenir un feu vert de Washington prochainement pour ses CTA anglais et irlandais, c'est le même schéma qui se profile à Paris, si Norwegian décidait de se lancer en long-courrier. Auquel cas, l'affectation de ses navigants serait suivie de près. S'ils devaient être basés en France, ils devront disposer de contrats français et cotiser en France.

Deux arguments juridiques

Deux arguments juridiques s'affrontent dans le dossier Norwegian. La direction de la compagnie estime que le blocage américain viole le principe de la reconnaissance mutuelle des licences d'exploitation et des CTA inscrit dans l'accord ouvert entre les Etats-Unis et l'Union européenne. La licence et le CTA irlandais et anglais obtenus par Norwegian en Irlande et en Angleterre devraient de facto être reconnus par Washington. Ce point est notamment soutenu par Willie Walsh, le président de IAG (la maison-mère de British Airways, Iberia, Vueling, Aer Lingus).

Pour autant, les Américains et une partie des Etats européens ne l'entendent pas ainsi et mettent en avant un autre principe de l'accord que ne respecte pas  Norwegian en créant des filiales en Irlande et en Angleterre : la libéralisation de l'espace transatlantique ne doit pas être le véhicule d'une dégradation des normes sociales.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 4
à écrit le 04/02/2016 à 12:40
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La solution pourrait être le rachat d'une compagnie française ayant déjà les droits de trafics....

le 04/02/2016 à 17:32
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Vivement la Faillite d'Air France, et son rachat en morceaux par les Britanniques, les Allemands, Emirates ou les Norvégiens. Leur occulte Rubrique surcharge, et leurs prix abusifs, sur plusieurs lignes, assez ! qu'ils coulent ! qu'ils fassent grève...

à écrit le 04/02/2016 à 10:38
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Les Américains ne sont pour le libre-échange à outrance que seulement s'ils y trouvent leurs comptes, pour l'instant manifestement ils boivent le bouillon avec les compagnies du Golfe ainsi qu'avec les compagnies low costs...

à écrit le 04/02/2016 à 9:33
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Article très informatif et complet. Une petite remarque amicale au passage pour le rédacteur : on se doit d'écrire " des scénarios" et non pas "des scenarii". Les pluriels des langues étrangères ne s'appliquent pas à la langue française. Même si je v...

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