Quel sera le paysage du transport aérien en Europe  ?

Par Natasa Laporte  |   |  660  mots
(Crédits : Eric Gaillard)
Au Paris Air Forum, organisé par La Tribune le 21 juin, des dirigeants d'EasyJet, de Norwegian et d'Air France-KLM ont croisé leurs regards sur l'avenir du ciel européen à l'heure d'une nouvelle vague de concentration du secteur, de l'essor du self-connect, de la montée en puissance des low cost long-courrier et de l'approche du Brexit.

La consolidation du transport aérien européen est en marche. Sur le marché très fragmenté du Vieux continent, si on le compare à celui des Etats-Unis, le mouvement de concentration s'est accéléré, impulsé notamment par la reprise il y a quelques mois d'Air Berlin par Lufthansa ainsi que par EasyJet. Va-t-il se poursuivre ? La question était posée aux participants d'une table ronde qui s'est déroulée dans le cadre de la cinquième édition du Paris Air Forum, organisé le 21 juin par La Tribune au Toit de la Grande Arche, à Paris.

Johan Lundgren, directeur général d'EasyJet, affirme que sa compagnie sera de la partie. « Nous souhaitons participer à la consolidation. Mais nous ne le ferons que si cela fait sens stratégiquement et commercialement et si nous pouvons le gérer du point de vue opérationnel », a souligné le dirigeant de la low cost britannique, confirmant par ailleurs l'intérêt que sa compagnie porte au transporteur aérien italien Alitalia, en vente depuis sa mise sous tutelle il y a un an. De son côté, Norwegian, troisième low-cost européenne mais première sur le long-courrier, attise les convoitises. En difficulté financière, la compagnie scandinave est en effet dans le viseur de deux poids lourds du ciel européen, le groupe hispano-britannique IAG (maison mère de British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling), ainsi que de Lufthansa.

Dans cette vague de consolidation, quel rôle pour Air France-KLM, enlisé dans une crise sociale et de gouvernance ? Franck Terner, directeur général d'Air France et directeur général adjoint d'Air France-KLM, de relever que le groupe vient de signer des accords tel celui sur la joint-venture transatlantique élargie par lequel il prend une part significative au capital de Virgin Atlantic. « Nous sommes tout à fait présents sur le marché, nous sommes très actifs », a-t-il assuré.

Le self-connect fait bouger les lignes

Autre tendance qui fait bouger les lignes du marché en Europe, la montée en puissance des low-cost long-courrier. Mais aussi le « self-connecting », autrement dit le fait d'organiser soi-même ses correspondances, qui prend de l'ampleur. Celui-ci risque en effet de peser de plus en plus sur l'influence des hubs des compagnies traditionnelles, ces systèmes de correspondances sur un grand aéroport entre les vols moyen et long-courriers d'une même compagnie aérienne. D'autant qu'on assiste au développement de services de self-connect à l'image de la solution de correspondances de la low cost EasyJet - qui elle-même n'assure pas d'activité long-courrier - mise en place sur l'aéroport londonien de Gatwick, qui propose des vols long-courriers de ses partenaires en correspondance avec ses vols européens. Face à l'essor du phénomène de self-connecting, Franck Terner a pour sa part tenu à rappeler que « le hub est un modèle qui a fait ses preuves ». Pour autant, « le modèle de hub traditionnel va coexister avec d'autres formes de connexions. Dans un marché en très forte croissance, il y a de la place pour les deux modèles », a-t-il estimé.

Confiance face au Brexit

Enfin, à l'heure où les négociations sur le Brexit entrent dans leur phase décisive, les panélistes ont affiché leur confiance à l'unanimité. « Je suis assez confiant dans le fait qu'il y aura un accord concernant l'aviation », a ainsi déclaré Johan Lundgren. La compagnie britannique avait néanmoins pris ses précautions, en créant an la filiale Easyjet Europe en Autriche et en y demandant un certificat d'opérateur aérien, afin de garantir la poursuite de ses opérations sur le continent. Quant au président fondateur de Norwegian, Bjorn Kjos, il a martelé la nécessité d'un ciel ouvert « pour créer des emplois au sol comme en vol », et permettre des tarifs peu élevés. « J'espère sincèrement que nous aurons un ciel ouvert en Europe, que le Royaume-Uni soit dedans ou pas ».