SNCF : la négociation sur l'arrêt du recrutement au statut de cheminot fait monter la tension

Par latribune.fr  |   |  571  mots
Le deuxième de grève à la SNCF a été très suivi. (Crédits : Emmanuel Foudrot)
Après une réunion jeudi qualifiée par les syndicats de "mascarade", les discussions ont repris ce vendredi après-midi avec le gouvernement. A l'ordre du jour : l'arrêt du recrutement au statut de cheminot. Une séance sous haute tension avant la reprise, samedi soir, d'une grève qui s'annonce longue.

Reçus jeudi par la ministre des Transports, Elisabeth Borne, les syndicats de cheminots avaient quitté la table des négociations sur un constat d'échec, estimant n'avoir avancé sur aucun des points à l'ordre du jour. Visiblement déçus par la réunion qualifiée de "mascarade" par la CGT, les leaders syndicaux ont, pour plusieurs d'entre eux, prédit un durcissement de la grève face à un gouvernement déterminé à jouer la montre sans négocier sur le fond.

"Posture" des syndicats versus "mascarade" de concertation: une guerre des mots s'est engagée entre les deux camps à l'issue de cette réunion, qui portait sur la question de la dette de 55 milliards d'euros de la SNCF et sur celle du transfert des cheminots vers des sociétés privées après l'ouverture à la concurrence.

Réunion "pénible et inutile" selon la CGT

La table ronde de plus de six heures a été "pénible et inutile", a déclaré hier soir à sa sortie Laurent Brun, de la CGT Cheminots.

"Nous sommes donc fondés à dire que cette réunion a été une véritable mascarade dans laquelle la ministre s'est contentée de critiquer ou de faire des remarques sur les propositions des organisations syndicales, sans apporter elle-même de propositions et de contenu", a-t-il déclaré.

Il ajoutait:

"Nous sommes donc extrêmement déçus de cette réunion et extrêmement mécontents que les revendications des cheminots n'aient pas été entendues".

Vendredi matin, sur la radio FranceInfo, la ministre des Transports a cependant assuré que la concertation sur l'avenir de la SNCF était "utile":

"Je ne dirais jamais qu'une négociation est inutile et je pense vraiment que la bonne voie, c'est le dialogue social", a déclaré la ministre des Transports, invitée de franceinfo.

Elisabeth Borne, pour qui "il y a des tas de choses à discuter", a également précisé :

Deux syndicats, la CFDT-Cheminots et l'Unsa-ferroviaire "vont proposer des amendements et, bien sûr, moi, je vais les examiner. (...) Donc la concertation est utile."

Le statut des cheminots, une négociation sous haute tension

Ce vendredi, les organisations représentatives à la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) étaient de nouveau reçues pour une table ronde au ministère des Transports à partir de 14h30, afin de discuter "de la modernisation sociale et de la contractualisation dans le secteur ferroviaire en lien avec l'arrêt du recrutement au statut".

En prévoyant que les nouveaux arrivants ne soient plus embauchés au statut de cheminot, qui prévoit la garantie de l'emploi et fixe notamment les éléments de rémunération, de mobilité ou encore de congés pour environ 90% des effectifs de la SNCF actuellement, le gouvernement fait face à l'opposition totale des syndicats.

A leur arrivée devant le ministère des Transports, ceux-ci se sont tous montrés très pessimistes sur l'issue de la réunion. Pour la CFDT, Didier Aubert a déclaré ne "rien" espérer "vu les documents préparatoires" transmis. Ces derniers sont "assez vides", a abondé le secrétaire général de la CGT Cheminots Laurent Brun, se disant à l'avance "dépité" par "le contenu probable des discussions".

"On n'a pas l'intention d'y passer six heures et demie pour avoir le même résultat qu'hier", a-t-il prévenu.

Samedi soir, ce sera la reprise d'une grève qui s'annonce longue.

(Avec AFP et Reuters)