VTC : pour les syndicats, la médiation de Rapoport a échoué

La pierre d'achoppement entre Uber et les chauffeurs demeure, car la plateforme considère que les tarifs et commissions "(relèvent) de sa stratégie commerciale".
Mounia Van de Casteele
Selon le géant mondial du VTC, si le prix des courses augmentait d'avantage, la demande diminuerait inévitablement. Un raisonnement que ne partagent pas certains syndicats, selon lesquels, Uber est devenu un tel réflexe chez les usagers, qu'une variation des prix n'aurait aucune incidence sur la demande.

La médiation de Jacques Rapoport ne s'est pas achevée comme les syndicats l'espéraient. Le médiateur a d'ailleurs lui-même reconnu que la proposition d'Uber, aussi "satisfaisante" soit-elle, ne répondait pas aux revendications des chauffeurs, qui demandaient une hausse des tarifs et une baisse de la commission prélevée par Uber.

Le géant du VTC s'est pourtant engagé à aider financièrement les chauffeurs les plus en difficulté, et à leur garantir un revenu minimum. Les conducteurs concernés seront ceux qui se connectent au moins 40 heures par semaine à la plateforme, et qui n'arriveraient pas à dégager un chiffre d'affaires supérieur à 21 euros de l'heure. Sachant que ces attributions se feront sous le contrôle d'une commission composée de chauffeurs désignés par leurs organisations représentatives (syndicales ou non).

En proposant une telle aide, Uber, qui détiendrait 80% de parts de marché selon le médiateur, reconnaît donc qu'il existe bel et bien des chauffeurs en difficultés, s'est réjoui Jacques Rapoport mardi, lors de la présentation des conclusions qui figureront dans le rapport qu'il présentera ce jour au gouvernement. Mais syndicats et associations de chauffeurs ont accueilli plutôt froidement cette annonce.

Un "enfumage total"

Ainsi, aux yeux de Jean-Luc Albert de l'association Actif-VTC, cité par l'AFP, "les raisons du conflit ne sont pas résolues. (...) Uber a l'art de faire durer les choses pour instaurer de la lassitude".  Pour Yazid Sekhri (CFDT), en l'état "c'est encore vague, il n'y a rien de nouveau", mais ne ferme la porte aux discussions. Quant à Sayah Baaroun de l'Unsa-VTC, à la pointe de la mobilisation des chauffeurs cet hiver, il estime que la proposition est un "enfumage total" et que "la médiation n'a pas réussi son objectif", permettre aux chauffeurs d'augmenter leurs revenus. "4.000 c'est déjà le chiffre d'affaires que tout le monde fait. Donc Uber garantit quelque chose qui existe déjà. Uber prend 1.000 euros de commission, le chauffeur paye 1.400 euros pour sa voiture, plus l'assurance. A la fin il ne reste que des miettes", poursuit-il. Avant de conclure:

"La dernière carte qu'il nous reste c'est le Ministre. En théorie c'est lui qui aura le dernier mot. On mise tout nos espoirs sur lui".

La pierre d'achoppement entre Uber et les chauffeurs demeure, car la plateforme considère que les tarifs et commissions "(relèvent) de sa stratégie commerciale". Selon le mastodonte du VTC, si le prix des courses augmentait d'avantage, la demande diminuerait inévitablement. Un raisonnement que ne partagent pas certains syndicats, selon lesquels, Uber est devenu un tel réflexe chez les usagers, qu'une variation des prix n'aurait aucune incidence sur la demande.

Quoi qu'il en soit, un porte-parole de l'application américaine a indiqué qu'"Uber a(vait) répondu favorablement aux propositions de Monsieur Rapoport". "Nous nous sommes engagés à un effort considérable en proposant d'établir, en collaboration avec les chauffeurs, un dispositif financier, technique et humain d'envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté vers une meilleure rentabilité".

Cependant, le médiateur "recommande au gouvernement d'avoir une disposition législative sous le coude", car "il conviendrait que le législateur puisse intervenir en fixant un barème minimal", potentiellement calculé de façon horokilométrique si besoin. Et s'il s'agit d'un prix d'une course minimum, qui sera acquitté par le client, cela reviendra à réglementer des tarifs, qui ne le sont, pour l'heure, que pour les taxis.

Mounia Van de Casteele

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