Si le pin et plus encore la résine qu'il produit constituent la matière première de la société DRT, basée à Dax, la tempête du 24 janvier dernier, qui a ravagé le massif forestier des Landes, n'aura? aucun impact sur son activité. Voilà bien longtemps que ce chimiste a dû diversifier ses sources d'approvisionnement : ses dérivés résiniques et terpéniques (DRT) entrent dans la composition de nombreux produits industriels (encres, chewing-gums, caoutchoucs, détergents, solvants, parfumerie, adhésifs, produits nutraceutiques, etc.).
« Nos produits se font à base de colophane de gemme et d'essence de térébenthine, deux produits que l'on obtient traditionnellement à partir du gemmage ? une opération qui consiste à entailler le pin pour récolter sa résine ? ou, depuis plus récemment, sous forme de résidus du process de fabrication de la pâte à papier », révèle Laurent Labatut, PDG de l'entreprise, l'une des dernières sociétés françaises à capitaux familiaux du secteur.
Le gemmage, ne se pratiquant plus dans les Landes pour des raisons liées au coût de la main-d'?uvre, l'entreprise s'approvisionne désormais essentiellement auprès des papetiers, tant landais qu'espagnols ou portugais, qui satisfont 70 % de ses besoins. Le solde provient toujours du gemmage, mais en provenance d'Indonésie, du Brésil ou de Madagascar. Des sources d'approvisionnement internationales qui risquent cependant de se tarir à l'avenir.
« Quelque 90 % de la matière première gemmée mondiale est produite en Chine. Un pays dont les besoins sont devenus tels qu'il déstabilise le marché », explique Laurent Labatut. Pour sécuriser ses approvisionnements, DRT vient donc de prendre une concession de 10.000 hectares de pins dans le centre de Madagascar. Une exploitation de 250 personnes qui devrait, à l'horizon 2012, assurer 30 % des approvisionnements de la société en gemmage. La résine y sera même distillée sur place. « Depuis sa création en 1932, jamais DRT n'avait elle-même produit sa matière première. Mais cette incursion vers l'amont de la filière ne peut qu'être payante à terme », assure Laurent Labatut, qui envisage clairement de persévérer dans cette voie. Les produits de la distillation de cette résine malgache seront ensuite acheminés vers les différentes unités du groupe.
présent en Chine et en Inde
DRT (plus de 800 salariés, 150 millions d'euros de chiffre d'affaires) dispose de trois sites français, essentiellement situés dans un rayon de 30 kilomètres autour de Dax, et de deux autres usines en Asie, la première en Chine, filialisée à 100 %, et la deuxième en Inde, reprise en joint-venture avec un acteur local. « Ces développements, qui datent de 2007, constituent une étape stratégique importante. D'abord parce que, malgré la crise, cette région du monde connaît encore une croissance rapide. Ensuite parce qu'ils nous permettent d'entretenir des liens encore plus serrés avec ceux de nos clients qui sont présents eux-mêmes là bas », explique Laurent Labatut en précisant que ses deux usines asiatiques réaliserons, en 2009, 10 % de la production du groupe après triplement de la capacité de l'usine indienne. n