La caisse à outils du travail collaboratif

Les comités de direction cherchent à économiser temps et argent en limitant les déplacements.

A près de 300.000 euros la salle équipée, la téléprésence est moins démocratique qu'un Black- Berry. Ce qui ne l'empêche pas de conquérir aussi les états-majors du CAC 40. Les premiers aficionados sont les PDG « high- tech » : Laurent Blanchard, le patron de Cisco France, annonce sur son agenda des deux prochains jours cinq réunions internes, dont une rassemblant vingt-six personnes dans treize lieux différents, deux réunions clients, un entretien d'embauche, puis une interview avec des journalistes lyonnais.

« Sans téléprésence, j'aurais dû me lever à 5 heures du matin, me déplacer à Lyon, Londres... c'était impossible. » Les économies liées au temps passé dans les déplacements comptent autant que celles en frais de déplacements proprement dits. Le coût à la minute d'un comité de direction (Codir) se chiffre à plusieurs milliers d'euros. Gagner du temps par salarié est fondamental, tout comme la nécessité de décider vite dans un monde très concurrentiel. « Le Codir sort de sa tour d'ivoire », affirme Olivier Baraquin, directeur général de Tandberg, ce qui annonce « un nouveau mode de gouvernance des entreprises où l'on peut inviter un expert dans une réunion en l'appelant sur son PDA équipé de sa carte 3 G ». « Cela relève encore de la sciencefiction, rétorque Alain Despiau, experte vidéoconférence dans un grand groupe d'énergie français. En revanche, il est possible de solliciter une personne sur son téléphone pour participer vocalement à une décision lors d'une conférence ou sur son poste de travail avec une minicaméra. »

Projets de déploiement

Quoi qu'il en soit, la technologie avance : Axa Tech, la société de services informatiques (SSII) intégrée d'Axa, a élaboré une offre de téléprésence qu'elle propose à toutes les filiales du groupe. Dans les domaines de l'énergie, de la banque ou de l'industrie, plusieurs entreprises planchent sur des projets de déploiement importants. Mais pour un dirigeant, elle ne peut être un outil à part, elle n'est qu'un élément de la nouvelle caisse à outils du travail collaboratif. « Dans l'entreprise, les collaborateurs ne sont plus à portée de voix, explique Daniel Chaffraix, PDG d'IBM France. Je ne sais pas où les gens sont, ce qui m'importe, c'est qu'ils sont actifs. » Il démarre sa journée en ouvrant plusieurs conversations en messagerie instantanée ? « plus efficace que 36 notes » ?, certaines peuvent déclencher un appel téléphonique, d'autres une réunion.

Disponibilité réelle

Le poste de travail est au coeur du dispositif avec cette notion de disponibilité réelle de travail que les gens affichent en vert. Car des personnes interconnectées en permanence peuvent être sans attention réelle. Ce qui va bien au-delà de la problématique des Codir. Les nouveaux outils interactifs (e-mail, SMS) incitent à travailler seul dans son coin, de façon asynchrone ou dans l'urgence. Des dérives dénoncées par Patrick Lalouette, directeur des systèmes d'information de la PME Virbac : « Aujourd'hui, si l'on se croise à la machine à café, c'est pour se dire qu'on s'envoie un e-mail, et quand on s'envoie un message instantané sur un PDA, on oublie de prendre le temps d'une réflexion à plusieurs. »

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