L'Égypte traque les patrons proches de Moubarak

Soupçonnées de détournement de fonds publics, plusieurs personnalités liées à l'ancien régime voient leurs transactions financières gelées.
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Toutes les accusations portées contre moi sont fausses, et mon procès sera, je l'espère, l'occasion de démontrer mon innocence. » Dans une lettre adressée aux médias qu'il a rédigée avec soin depuis son lieu de détention, Ahmed Ezz, ex-président d'Ezz Steel, tente encore de se défendre comme il peut. Mais les soupçons qui pèsent sur son nom sont lourds.

Arrêté le 17 février dans la foulée de la chute d'Hosni Moubarak, cet ex-magnat de l'acier, proche du fils de l'ancien raïs, Gamal Moubarak, qui a récemment démissionné du Parti national démocratique, est notamment accusé d'avoir bénéficié des largesses de certains politiques pour racheter la société publique al-Dekheila. Le groupe Ezz Steel aurait été approvisionné d'acier à bas coût par cette dernière, ce qui lui aurait valu d'accuser de lourdes pertes.

Emblématique, le cas d'Ezz Steel n'est cependant pas isolé. Dans un décret diffusé la semaine dernière auprès des différentes institutions financières, notamment les fonds et les sociétés d'investissement, les régulateurs boursiers ont nommément indiqué les personnes - actionnaires et clients - dont les activités financières devaient être suspendues. « Toute personne figurant sur cette liste ne peut en aucun cas procéder à des transferts d'argent, de biens immobiliers ou de titres [actions, obligations...] », précise le décret. Les sociétés de gestion sont donc sommées de déclarer officiellement la présence d'actionnaires ou de clients accusés.

Une liste de près de 140 noms

« Si nous comptons parmi nos clients une personne figurant sur cette liste, nous sommes tenus de ne pas exécuter ses ordres d'achat et surtout de vente », explique Sébastien Hénin, gérant chez The National Investor à Abou Dhabi. Selon lui, la liste qui n'était que d'une dizaine de personnes aurait été depuis étendue à près de 140 noms. Parmi les secteurs particulièrement ciblés, la promotion immobilière figure en bonne place. « Certaines sociétés pourraient être poursuivies dans un futur proche. La justice va étudier à la loupe l'ensemble des transactions commerciales effectuées avec l'État, poursuit Sébastien Hénin. « Il s'avère qu'il y a beaucoup de similitudes entre les personnes qui figurent sur cette liste et les sociétés qui pourraient faire l'objet d'une enquête. » Certaines comme Palm Hills Development (PHD) doivent déjà rendre des comptes à la justice. Le deuxième promoteur du pays coté en Bourse, dirigé par Yasseen Mansour, est jugé pour l'achat d'un terrain public dans la banlieue du Caire réalisé à très bon compte.

« Il y a eu de grandes manipulations dans les transactions relatives aux terrains. Les terrains agricoles ont été exploités dans un but industriel et vice-versa. Tout cela doit changer. Le gouvernement doit élaborer avant tout une carte des terrains pour une bonne distribution et exploitation dans l'intérêt du pays », espère un homme d'affaires égyptien.

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