Le Vietnam veut tirer un trait sur la banqueroute du conglomérat Vinashin

Par Marjorie Bertouille  |   |  393  mots
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La communauté financière reste perplexe quant à la gestion des autres groupes publics locaux. D'autant que ceux-ci représentent encore 40 % du produit intérieur brut.

Pour les autorités vietnamiennes, l'affaire Vinashin est close. Du moins sur un plan politique. En dépit d'un impact désastreux pour l'image du pays et des pertes colossales engendrées par la quasi-faillite de ce conglomérat de construction navale (5 milliards de dollars, soit plus de 4,5 % du produit intérieur brut en 2009, PIB), le parti communiste au pouvoir a pris sa décision : il n'y aura pas de sanction politique. « Le gouvernement, le Premier ministre et certains membres du gouvernement ont commis des erreurs », a concédé le vice-Premier ministre, mais le bureau politique « a décidé de ne pas prendre de mesures disciplinaires contre eux ».

Il faudra donc se contenter dans cette affaire de l'arrestation du président de la société et de certains cadres ainsi que de la création d'une structure de défaisance. Une maigre consolation pour les établissements financiers qui ont tant loué la croissance folle de ce pays et en paient aujourd'hui les conséquences. « De nombreuses banques ne peuvent ni recouvrer leurs créances ni faire intervenir la garantie d'État, explique Chantana Ward, gérante chez Comgest. Il faudra des années pour que certaines récupèrent leur mise. Citibank est engagée à hauteur de 300 millions de dollars pour le compte d'institutionnels. Crédit Suisse était pour sa part l'entité en charge de la syndication. »

« Risque systémique »

Pour les investisseurs, ce scandale a révélé combien la gestion des groupes publics était fragile. « Vinashin était à l'origine un chantier naval censé entrer en compétition avec les Chinois. Mais il n'a jamais pu atteindre un niveau de rentabilité suffisant, rappelle Chantana Ward. Le président a alors décidé de diversifier les activités pour générer plus de cash-flows. Cela n'a pas fonctionné et le groupe s'est trouvé incapable de rembourser sa dette. » Il n'est pas exclu que de tels problèmes de gouvernance se reproduisent. Selon la Banque mondiale, les entreprises publiques - qui assurent officiellement 40 % du PIB - seraient pour la plupart exposées à des enjeux de ce type. Les agences de notation alertent d'ailleurs sur les risques encourus par le secteur bancaire. Et au-delà, par l'ensemble de l'économie. « La croissance du crédit bancaire accroît le risque systémique », souligne S&P, notant que ce crédit représente actuellement 120 % du PIB.