Le patron d'Acer fait les frais du retard pris dans les tablettes

Gianfranco Lanci, directeur général du constructeur informatique taïwanais, a été débarqué jeudi. Il avait sous-estimé le potentiel des tablettes.
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Fan de lecture et de tennis, l'italien Gianfranco Lanci devrait avoir un peu de temps à consacrer à ses deux passions, au cours des prochaines semaines. Le directeur général d'Acer, âgé de 56 ans, a été débarqué jeudi par le constructeur informatique taïwanais, « avec effet immédiat ». À l'origine de ce départ surprise : un profond désaccord entre Gianfranco Lanci et la majorité des membres du conseil d'administration d'Acer, au sujet de la stratégie du groupe. Dans un communiqué très détaillé - alors que les entreprises annoncent généralement la démission de leurs dirigeants en termes édulcorés -, Acer évoque « la création de valeur pour les clients », « le renforcement de la marque », « l'allocation des ressources », comme autant de points d'achoppement entre Gianfronco Lanci et le conseil d'administration.

Le président du conseil, J. T. Wang, qui devient directeur général par intérim, s'est montré plus explicite encore, lors d'une conférence de presse, jeudi. Il reproche à Gianfranco Lanci d'avoir lancé Acer trop tardivement sur les marchés porteurs des tablettes et des smartphones. Certes, Lanci, patron du groupe depuis 2005, avait réussi le tour de force de le hisser en 2009 au rang de deuxième fabricant mondial d'ordinateurs, devant l'américain Dell. Et ce, en pariant sur les netbooks, ces mini ordinateurs portables bon marché. Mais c'était compter sans la déferlante des tablettes en 2010, sous l'impulsion, de l'iPad d'Apple. Le succès des tablettes, apparemment sous-estimé par Gianfranco Lanci, est tel que, toutes marques confondues, les PC (personal computer) ne devraient plus représenter que 48 % des ventes mondiales de matériel informatique, dès 2011, selon le cabinet Deloitte.

Alerte sur le chiffre d'affaires

Preuve de la cannibalisation des PC par les tablettes, Acer avait lancé vendredi 25 mars une alerte sur son chiffre d'affaires du premier trimestre, et averti que l'activité stagnerait au deuxième trimestre. Une annonce qui a provoqué une chute de 18 % de l'action Acer en quatre séances. Le groupe, qui avait déjà publié des résultats 2010 décevants, accuse un plongeon de 33 % de son cours depuis le début de l'année. Afin de regagner les faveurs des investisseurs, J. T. Wang entend faire d'Acer « l'un des leaders sur le marché des appareils mobiles ». Mais par quel miracle ? Alors que le marché des tablettes, ou celui des smartphones, est déjà très concurrentiel. Difficile d'imaginer qu'Acer puisse s'y tailler une place de choix, surtout que sa tablette - l'Iconia -, lancée en début de semaine, vaut la coquette somme de 1.200 dollars. Alors que l'iPad coûte entre 499 et 829 dollars.

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