Tata passe à l'offensive pour relancer Jaguar

Le groupe indien investit 5,5 milliards d'euros et lance une nouvelle « supercar » avec l'écurie de formule 1 Williams.
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C'est le genre de joujou qui coûte plus cher qu'une maison. A 800.000 euros pièce comme premier prix, la nouvelle « supercar » de Jaguar relève plus de la Formule 1 que de l'automobile de tous les jours. Produit à seulement 250 exemplaires entre 2013 et 2015, le bolide sera d'ailleurs conçu en collaboration avec l'écurie de F1 Williams. La C-X75, c'est son nom, fera rêver les amateurs de voiture de course, avec une vitesse de pointe de 320 km/h. Fait original : la voiture sera hybride, avec un moteur électrique, certes d'une relativement faible autonomie de 50 kilomètres.

En dévoilant son plan pour cette « supercar » vendredi ? sa première depuis 1989 -, Jaguar faisait avant tout un coup de publicité. De l'aveu même de Carl-Peter Forster, le patron de Tata Motors, cette voiture est une « vitrine », avec laquelle il ne cherche guère à gagner de l'argent. Mais elle symbolise bien les ambitions qu'il a pour la marque : après avoir acheté Jaguar Land Rover (JLR) en juin 2008, Tata passe désormais à l'offensive.

L'entreprise veut désormais investir « bien plus dre 1 milliard de livres (1,1 milliard d'euros) » par an dans le lancement de nouveaux produits pendant les cinq prochaines années. Soit au moins 5,5 milliards d'euros. Cela doit permettre de lancer « une quarantaine de nouveaux produits ». Carl-Peter Forster se refuse à être trop précis sur les gammes qu'il compte développer, mais il s'agira notamment de « renouveler les Range Rover », la voiture mythique de Land Rover, de lancer de « plus petits véhicules », et de se « développer dans les voitures de sport ». Bref, il s'agira d'une expansion tous azimuts des deux marques.

Une usine en Chine ?

Cette offensive marque la deuxième phase de l'investissement de Tata dans JLR. La première a consisté à faire face à la crise et à préparer le terrain. L'acquisition mi-2008 de JLR, auprès de Ford qui était en graves difficultés, s'est faite au pire moment. Le marché des voitures de luxe s'est effondré avec la crise financière, et les difficultés étaient d'autant plus grandes que JLR était en déclin de long terme. Mais Tata a décidé de continuer malgré tout à investir.

Après avoir longtemps hésité à fermer l'une de ses trois usines britanniques, l'entreprise indienne a finalement décidé de les garder toutes ouvertes. Mieux, 1.500 personnes ont été embauchées pour construire l'Evoque, un petit modèle de sa Range Rover qui sera livré à partir de septembre.

Reprise économique aidant, les ventes de JLR ont rebondi de 24 % l'an dernier (avril 2010 à mars 2011), à 240.000 véhicules. Les ventes en Chine en particulier ont doublé, faisant de ce pays le troisième marché mondial pour Jaguar et le quatrième pour Land Rover. À tel point que Tata envisage d'y construire une usine et discute avec des partenaires pour y créer un joint-venture.

Le succès de JLR dans les années qui viennent est cependant loin d'être garanti. Il dépendra de ses nouveaux modèles et de la conjoncture économique. Mais pour la première fois depuis longtemps, les deux marques ont retrouvé de l'ambition.

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