Le marché du crédit russe frise la surchauffe

La Banque centrale de Russie tire la sonnette d'alarme devant la suractivité de certains établissements, alors que des statistiques montrent que la croissance des crédits accordés aux particuliers a cru de 4% au cours du mois de mai.
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Pendant que les banques européennes gèlent leurs activités de crédit, le marché du crédit russe frise la surchauffe. Bien que le thème de la crise soit sur toutes les lèvres dans les cercles financiers moscovites, la croissance des portefeuilles de crédit se poursuit comme si de rien n?était : 4% par mois pour les crédits aux particuliers, un peu moins rapide (2,3%) pour les sociétés non financières. Le régulateur a par conséquent tiré la sonnette d?alarme mercredi. Dans un communiqué, la Banque Centrale de Russie a indiqué que tout sera fait pour que les acteurs du marché «limitent leurs activités dans les limites du raisonnable ».

L?émission de crédit se fait surtout dans le segment des petits crédits à la consommation

Les analyses divergent sur l?observation du niveau de crédits impayés. Depuis un an, ils oscillent autour de 300 milliards de roubles (7,4 milliards d?euros), tandis que le volume total des crédits a plus que doublé (50 milliards d?euros). Certes, le taux d?impayés baisse (autour de 15% aujourd?hui), sur fond de très forte croissance, mais en termes absolu, il ne se résorbe pas.

Dès le mois d?avril, le FMI a voulu attirer l?attention des autorités russes sur les dangers de formation d?une bulle du crédit, soulignant que sur la décennie passée, le PIB de la Russie avait doublé, tandis que le volume de crédit avait triplé. Sans vouloir se montrer alarmiste, la Banque Mondiale a également réagi le mois dernier en conseillant aux pays de chercher des sources de croissance et des investissements non liées à l?activité de crédit. Le portefeuille des crédits aux particuliers en Russie n?atteint pourtant que 11% du PIB, alors qu?il se situe entre 20 et 30% en Europe Centrale et 50% dans bien des marchés développés.

"C?est encore un peu la jungle du côté des bureaux de crédit"

Le problème vient en grande partie de la politique des banques elles-mêmes, soulignent les experts. Le vice président d?Investbank, Vladimir Pakhomov, note qu?en principe les mensualités d?un crédit ne doivent pas dépasser 30% des revenus de l?emprunteur. Or certaines banques octroient des crédits avec des mensualité atteignant jusqu?à 80% des revenus des emprunteurs, mettant en danger aussi bien la banque que son client ». La crise de 2008 a pourtant forcé la plupart des acteurs du marché à une plus grande prudence dans leur politique d?octroi de crédits aux particuliers. Mais le secteur est loin d?avoir atteint la maturité alors que la culture financière de la population russe reste rudimentaire.

« C?est encore un peu la jungle du côté des bureaux de crédit, la législation change un peu trop souvent et pas toujours dans la bonne direction » explique un banquier français établi depuis plusieurs années à Moscou. « Alors que beaucoup de banques spécialisées dans le crédit à la consommation ont très péniblement traversée la crise de 2008/2009, on continue à voir des banquiers accorder des crédits à des taux usuraires à des personnes aux profils incertains »

 

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