Donner un sens à son épargne... Oui, mais comment ?

L'encours de l'épargne solidaire - qui finance des associations ou des entreprises à vocation sociale ou environnementale - a été multiplié par près de douze, en France, au cours des dix dernières années, à 3,55 milliards d'euros. Un montant qui ne représente toutefois que 0,1% de l'ensemble du patrimoine fi nancier des Français.
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Vous souhaitez donner un sens à votre épargne, savoir exactement à quoi elle est employée ? La finance solidaire est faite pour vous. Cette épargne, qui finance des associations ou des entreprises à vocation sociale ou environnementale, connaît un développement spectaculaire depuis quelques années. Début 2012, les encours de l'épargne solidaire s'élevaient à 3,55 milliards d'euros, en France, selon Finansol, un collectif d'acteurs de la finance solidaire. Certes, ce montant ne représente que 0,1% du patrimoine financier des Français, mais il a été multiplié par près de douze depuis 2002!
Résultat, dans le même temps, les sommes investies dans des activités à forte utilité sociale ou environnementale ont été multipliées par huit, pour atteindre 897 millions d'euros fin 2011. Une progression qui a permis de financer 82.700?entreprises au cours des dix dernières années et, partant, de créer ou de préserver quelque 201.000?emplois. Mais aussi d'offrir des logements décents à faible loyer à 33.500?personnes aux ressources financières très limitées.
À l'origine de cette envolée de l'épargne solidaire : la crise financière de 2008 - qui a poussé nombre de particuliers à se montrer plus sourcilleux sur la destination de leurs placements - et, surtout, l'essor de l'épargne salariale solidaire. À quoi s'ajoute l'élargissement de l'offre de finance solidaire des banques et des compagnies d'assurance : 128?produits d'épargne solidaire sont aujourd'hui labellisés par Finansol, contre 33 il y a dix?ans.
Si l'épargne solidaire attire autant, ce n'est pas seulement par philanthropie, mais également parce qu'elle rapporte, jusqu'à 3% brut pour les livrets, selon Finansol. Sans oublier les avantages fiscaux auxquels elle donne droit. Alors, cela vous tente? Revue de détail des différentes façons de devenir un épargnant « solidaire. »

L'épargne salariale solidaire

Depuis le 1er?janvier 2010, les sociétés françaises ont l'obligation de proposer au moins un fonds solidaire à leurs collaborateurs, dans le cadre de leurs plans d'épargne entreprise (PEE) et de leurs plans d'épargne pour la retraite collectifs (Perco). Les salariés peuvent ainsi choisir de placer leur intéressement, leur participation ou l'épargne abondée par leur entreprise sur un fonds commun de placement d'entreprise (FCPE) solidaire, lequel doit être investi à hauteur de 5% à 10% dans des entreprises solidaires, le solde de 90% à 95% étant placé en actifs cotés, plus précisément en actions et en obligations de sociétés considérées comme socialement responsables. On parle là de fonds « 90/10. »Seule contrainte, pour les épargnants-salariés : impossible de toucher à cette épargne durant cinq ans, dans le cas d'un PEE, ou avant la retraite, s'il s'agit d'un Perco. À moins de se marier, de se pacser, ou bien encore en cas de cessation du contrat de travail. En revanche, les sommes investies, les revenus et les plus-values de cette épargne sont exonérés de l'impôt sur le revenu.
L'épargne salariale solidaire fonctionne si bien que ses encours ont plus que quadruplé, au cours des trois dernières années, pour se monter aujourd'hui à 2,6 milliards d'euros, selon l'Association fran-çaise de gestion financière. Un montant qui représente près des trois quarts de l'épargne solidaire globale. Et, sur les 900000?épargnants solidaires que compte la France, pas moins de 700000 le sont via leur entreprise.

Les produits financiers solidaires

Banques, compagnies d'assurance et conseillers en gestion de patrimoine proposent deux catégories de placement solidaire. D'abord, les livrets, FCP, assurance-vie et autres produits dits de partage, dont 25% des revenus, au minimum, doivent être reversés chaque année par l'épargnant à une association ou à un organisme solidaire de son choix. En contrepartie, l'épargnant pourra déduire 66% de cette obole de son impôt sur le revenu, dans la limite de 20% du revenu imposable. Prenons l'exemple d'une personne qui place 5000 euros sur un livret, lequel, sur la base d'un taux de 3%, lui rapporte 150 euros d'intérêts par an. Cette personne décide de donner chaque année 50% de ses intérêts, soit 75 euros, à une association solidaire. En échange, elle pourra déduire de son impôt sur le revenu 66% de cette somme de 75 euros, soit 49,50 euros. À noter que la déduction s'élève à 75% en cas de don à une association spécialisée dans l'aide alimentaire, les soins et l'hébergement des personnes dans le besoin. Le montant des dons versés aux associations bénéficiaires d'épargne de partage a d'ailleurs atteint un nouveau record en 2011, à 6,05 millions d'euros, portant le total à 41 millions d'euros environ sur les dix dernières années.
Les produits d'investissement solidaire constituent la seconde catégorie de placement. À la différence des produits de partage -?dont les encours peuvent être affectés par les établissements financiers à autre chose qu'à l'économie sociale et solidaire?-, tout ou partie des sommes investies dans des livrets, des FCP ou des Sicav (société d'investissement à capital variable) solidaires financent des projets d'utilité sociale ou environnementale. Sur le plan fiscal, à moins d'être souscrits dans le cadre de l'épargne salariale (voir plus haut), ces produits d'investissement solidaire ouvrent droit à une réduction de l'impôt sur le revenu égale à 18% du montant de la souscription, dans la limite d'un investissement de 50.000 euros pour une personne seule, et de 100?000 euros pour un couple. Si le souscripteur est assujetti à l'impôt de solidarité sur la fortune, il pourra réduire son ISF de 50?% du montant de son investissement, dans la limite de 45.000 euros.

L'achat de capital d'une entreprise

L'aspirant-épargnant solidaire peut choisir d'acheter directement une partie du capital d'une entreprise ?uvrant dans le domaine social ou environnemental. Auquel cas il bénéficiera des mêmes avantages fiscaux que celui qui aura souscrit à un produit d'investissement solidaire. À condition, toutefois, de garder ses titres durant cinq ans, au moins.

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