Les fonds d'investissement régionaux à la rescousse des PME

L'Association des régions de France recense 120 fonds d'investissement régionaux. Ils se sont multipliés à la faveur de la crise de 2009, qui avait asséché le financement bancaire des PME.
Les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées ont lancé un fonds d'investissement interrégional, afin d'investir dans des start-up issues de centres de recherche privés ou publics. Copyright Reuters

Avoir une bonne idée de «business», c'est une chose, trouver les fonds nécessaires à son développement, c'en est une autre. Selon Chausson Finance, sur les 400 millions d'euros investis au premier semestre par les fonds de capital-risque français, 4% seulement sont allés à l'amorçage, c'est-à-dire au financement des dépenses préalables à la constitution d'une entreprise. Alors que près des trois quarts de ces fameux 400 millions ont été alloués à des start-up ayant déjà fait leurs preuves en matière de rentabilité, et présentant donc un caractère moins risqué.

Des fonds interrégionaux d'amorçage

Pour pallier ce déficit en capital de démarrage, les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées viennent de lancer un fonds interrégional d'amorçage. Baptisé Irdinov, ce dernier investira des tickets de 250.000 à 3 millions d'euros dans des start-up issues de centres de recherche publics et privés, dans les régions Midi-Pyrénées, Aquitaine et Limousin. Pour ce faire, Irdinov vient de réaliser un premier «closing» de 25,2 millions d'euros, auprès des régions Midi-Pyrénées et Aquitaine (4 millions d'euros au total), de la société de capital-investissement IRDI (4 millions), de banques comme la Caisse d'Epargne de Midi-Pyrénées et les Caisses régionales du Crédit agricole Aquitaine (2,2 millions d'euros), et, surtout du fonds national d'amorçage (FNA, 15 millions), géré par CDC Entreprises.
En début d'année, ce sont les régions Bretagne, Basse-Normandie, Haute Normandie et Pays de la Loire, qui avaient lancé Grand Ouest amorçage, un fonds de 40 millions d'euros dédié, lui aussi, au financement de projets émanant de laboratoires de recherche du Grand Ouest.

Des tickets de 100.000 à 600.000 euros

En 2012 toujours, la région Rhône-Alpes s'est elle aussi illustrée, en portant sur les fonts baptismaux le fonds régional d'investissement FRI Rhône-Alpes 1. Il n'était pas question, là, de «seed money» (amorçage) mais de capital-développement destiné au financement de PME matures ou rencontrant des difficultés conjoncturelles. Pour investir des tickets de 100.000 à 600.000 euros, sur des périodes de cinq à huit ans, le FRI Rhône-Alpes 1 avait bouclé un premier «closing» de 17 millions d'euros, début 2012. La moitié de cette somme avait été apportée par la région Rhône-Alpes et par la Caisse des dépôts, l'autre moitié provenant de banques régionales (Caisses d'Epargne, Banques Populaires, etc.) et d'organisations professionnelles de la métallurgie et de la plasturgie, comme l'UIMM.

Le « credit crunch » en cause

Au total, l'Association des régions de France recense aujourd'hui quelque 120 fonds régionaux d'investissement, dont 86 sont en partie financés par CDC Entreprises, filiale de la Caisse des dépôts. Ces 86 fonds gèrent 1,57 milliard d'euros, alors qu'ils n'étaient que 62 en 2007, avec à l'époque 912 millions d'euros d'actifs sous gestion. En 2011, ils ont investi 113 millions d'euros dans 354 PME. Si les fonds d'investissement régionaux se sont multipliés, ces dernières années, c'est d'abord en raison de la crise financière et économique de 2009. Celle-ci avait débouché sur un «credit crunch», une raréfaction du crédit bancaire qui avait lourdement handicapé les PME, dont le financement est très dépendant des banques.
Nombre de régions avaient alors retroussé leurs manches pour venir en aide à «leurs» PME, en créant des fonds d'investissement. Des initiatives de surcroît facilitées par la mise en place, le 13 juillet 2009, du régime cadre relatif aux interventions publiques en capital-investissement régional.

Un substitut au financement bancaire

Le développement des fonds d'investissement régionaux s'est accéléré depuis un an, la crise financière ayant repris de plus belle et les banques ayant les coudées moins franches pour soutenir les entreprises, du fait de la future réglementation dite de Bâle III, relative au renforcement de leurs fonds propres. C'est d'ailleurs bien pour «aider les TPE et PME à se développer, alors que le financement bancaire se raréfie», que la région Rhône-Alpes a décidé de déployer «de nouveaux outils d'ingénierie financière», comme le FRI Rhône-Alpes 1. C'est également en constatant que nombre d'entreprises «ont de plus en plus de mal à boucler leur tour de table» que la région des Pays de la Loire a lancé "Idee", un fonds d'investissement dédié aux entreprises innovantes.
Peut-être faut-il voir également dans la multiplication des fonds d'investissement régionaux la tentative des régions de continuer à «exister», alors que la Banque publique d'investissement, chargée, notamment, de financer les PME, verra le jour début 2013.
 

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