Economie mondiale : un rééquilibrage inachevé

Depuis 2006, le Fonds a commencé un processus d'adaptation à un monde économique de plus en plus multipolaire, où les « émergents » ont un poids croissant. Mais la route est longue...
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Le FMI est une institution qui, lentement, poursuit sa mue. Basé à Washington, reliquat du système de Bretton Woods, dépendant de l'importante participation américaine, il a toujours été perçu comme le bras armé des intérêts américains et, plus généralement, de l'Occident.
C'est cette image que le Fonds tente de changer depuis 2006 et son assemblée générale de Singapour. Il s'agit pour lui de trouver sa place dans un monde économique de plus en plus multipolaire où les « émergents » ont un poids croissant.
À Singapour fut donc décidée une révision générale des parts et des droits de vote en faveur des émergents au sein du conseil des gouverneurs du FMI, son instance décisionnelle (la gestion quotidienne étant confiée au conseil d'administration). En 2008, 44 d'entre eux ont ainsi vu leurs droits de vote augmenter. Au total, ces pays ont vu leurs poids progresser de 5 points de pourcentage. Parallèlement, la part des pays très pauvres a été garantie contre toute évolution future.
En 2010, Dominique Strauss-Kahn a lancé une deuxième vague de réformes prévoyant le relèvement des droits de vote pour 53 émergents pour un total de 6 points de pourcentage. Cette réforme n'a pas encore été mise en ?uvre. Lorsqu'elle le sera, ce ne sont pas seulement la Russie, la Chine et l'Arabie saoudite qui figureront dans les 10 premiers détenteurs de droits de vote au sein du FMI, mais aussi le Brésil et l'Inde.
Par ailleurs, plus aucun membre du conseil d'administration de 24 membres ne sera nommé par certains pays comme c'est encore le cas, mais tous seront élus par le conseil des gouverneurs. Les pays occidentaux perdront donc la certitude de disposer d'un siège.
Ces réformes n'ont pourtant pas totalement exonéré le FMI des suspicions d'institution « occidentale ». Les tensions demeurent. En avril dernier, lorsque Christine Lagarde a demandé le relèvement des moyens du Fonds pour faire face à la crise européenne, elle s'est heurtée à la forte résistance des émergents déçus de la lenteur des réformes engagées et de leur caractère limité. Pas question pour eux de payer plus sans avoir le rang auquel leur donne droit leur poids nouveau dans l'économie mondiale.
Il est vrai que les réformes engagées sauvent l'essentiel pour les États-Unis : leur veto de fait. Les décisions du conseil des gouverneurs se prennent en effet à la majorité qualifiée de 85% des droits de vote. Or, à la fin de la seconde vague de réformes, les États-Unis détiendront encore 16,2% de ces droits de vote. L'Union européenne dans son ensemble peut aussi encore - théoriquement, du moins, et à condition de trouver une unité - compter sur ce veto de fait. Le FMI n'est donc pas encore une institution « équilibrée ».

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