Grenoble : on prend les "œufs", pas la voiture

La capitale des Alpes, déjà connue pour le téléphérique de la Bastille, devrait être reliée au massif du Vercors par un nouveau transport par câble d'ici à 2014. Un projet ambitieux qui serait une première en France.
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Terre de résistance, le Vercors a fait entendre sa voix, refusant de se voir imposer un projet de téléphérique par Grenoble Alpes Métropole (Métro)... sans avoir été consulté?! La communauté de communes du massif aura donc voix au chapitre. L'infrastructure, longue de 10°kilomètres, relierait l'agglomération grenobloise à Saint-Nizier-du-Moucherotte en 13°minutes et à Lans-en-Vercors en 29°minutes. Avec une possible prolongation jusqu'en Chartreuse, via la Presqu'île scientifique. De quoi transporter sur un dénivelé de 795°mètres jusqu'à 2?400°personnes par heure, à raison de deux cabines par minute. À la clé, le délestage de deux routes départementales à flanc de montagne, empruntées chaque jour par 9?000 véhicules.
« L'idée est de sortir de l'usage monomaniaque de la voiture », explique Marc Baïetto, président de la Métro. Et ainsi de diminuer la pollution tout en réduisant les embouteillages. L'enjeu est aussi social, alors que le prix des carburants fl ambe. « À Brides-les-Bains, la télécabine pour Méribel, d'une capacité de 1?200 personnes par heure, est déjà saturée?! » assure Pierre Jaussaud, directeur du bureau d'études EFCâbles, qui rappelle la frilosité des Français dans ce domaine, alors que la Suisse compte 308 appareils. « Le câble pourrait permettre de faire travailler les circuits courts et de diversifier l'économie locale, notamment dans les petites entreprises innovantes et le tourisme d'affaires », observe Jean-Paul Gouttenoire, maire de Lans-en-Vercors.
Pour sa part, Chantal Carlioz, maire de Villard-de-Lans, redoute que le Vercors ne devienne la banlieue de Grenoble. « Le projet tel qu'il est pensé ne concerne que les habitants du plateau travaillant dans l'agglomération. [...] D'autre part, si le câble s'arrête à Lans, comment va réagir la clientèle qui allait jusqu'alors en car de la gare jusqu'au pied des pistes?? » D'où la question d'une éventuelle extension vers Villard-de-Lans et Méaudre. Autre risque : celui d'un développement anarchique de l'urbanisme. « Aujourd'hui, notre souhait est de travailler sur un plan local d'urbanisme intercommunal qui limiterait la constructibilité », assure Pierre Buisson, président de la communauté de communes du massif et maire de Méaudre, déjà rodé à la forte pression foncière.
Le constructeur isérois Pomagalski, qui a déjà installé des téléphériques en Amérique latine et en Asie, est prêt : «?On sait tout faire?! » assure Christian Bouvier, le directeur commercial. Pour les collectivités, le temps est aux études complémentaires : « Si le département a bien acté le principe du pilotage du projet par la Métro, la délibération repousse l'adoption de la convention lui transférant la maîtrise d'ouvrage, le temps que des études complémentaires soient faites », explique Olivier Bertrand, élu écologiste, membre du bureau du Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) de l'agglomération. Il faut en e? et rassurer élus et habitants du plateau en mal de concertation. Si la communauté de communes et le SMTC donnent leur accord, l'appel d'offres devrait être lancé début 2013. Les travaux, d'un montant estimé à 50 millions d'euros, débuteraient alors à l'automne pour s'achever fi n 2014.

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