L'austérité, un mistigri ?

Chaque jour, la Tribune propose une chronique que lui inspire l'actualité.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Copyright Reuters

La recette de l'austérité est-elle la bonne ? On n'aura pas ici la prétention de vouloir trancher dans un débat qui mobilise les experts et autres Prix Nobel les plus réputés autour de cette question : l'austérité tue-t-elle la croissance ou est-elle, au contraire, une condition nécessaire pour la relancer ? Mais enfin, tout semble dépendre du dosage et de la nature de ladite austérité...

Dans certains pays européens, le sujet n'est pas seulement un débat. C'est aussi une réalité avec la réduction drastique du niveau des dépenses publiques. Comme on le sait, la Grèce a appliqué l'austérité sans avoir réellement le choix depuis trois ans, dans un climat social de déprime générale.

La population qui la subit au quotidien doute du bien-fondé de ce remède de cheval. Et pourtant, mardi soir, l'agence Standard & Poors a relevé de 6 crans la note souveraine de la république hellénique (de « défaut » à B-), en qualifiant de « stable » la perspective à long terme. Les Grecs ne vont certes pas danser toute la nuit sur la place Syntagma pour célébrer la nouvelle. Mais enfin, c'est une des rares qui peut au moins leur donner des raisons d'espérer que « les mauvais jours finiront » !

En France, il n'est pas toujours bien vu de critiquer le train de vie de l'Etat et sa gestion des dépenses. Aussi est-on surpris lorsque l'on lit le propos suivant : « Dans un pays où la dépense publique représente 57% du PIB, alors qu'elle était de 52% en 2007 et qu'elle est par exemple, de 51% en Suède, nous devons, Etat, collectivités locales et organismes de protection sociale, nous poser les mêmes questions : les politiques publiques sont-elles aussi efficaces qu'elles devraient l'être ? »

Quel est le libéral qui parle ainsi ? Alain Madelin ? Et bien non, c'est le Premier ministre socialiste de la France, Jean-Marc Ayrault qui mardi justifiait la nécessité d'évaluer certaines politiques d'aides, en particulier celles aux entreprises, le soutien au logement et la politique familiale. D'ores et déjà, l'Etat va devoir réduire ses dépenses, en procédant par exemple à la suppression de 100 commissions consultatives, dont l'intérêt n'a d'ailleurs jamais été clairement établi.

Jean-Marc Ayrault avait, voici quelques mois, balayé d'un revers de main le besoin de recourir à des expressions comme « austérité » ou « rigueur ». Il n'en était pas question. On sait certes combien la psychologie joue un rôle important dans la compétition, quelqu'en soit le domaine, et l'optimisme peut soulever bien des fois des montagnes.

Mais, visiblement, si les « éléments de langage » demeurent - jusqu'à quand ? -, il n'en reste pas moins que ces annonces correspondent à ce qu'ailleurs on appelle une politique de rigueur. Du reste, dans le langage courant, avoir de la rigueur ne revêt-il pas une signification positive ?

Outre-Atlantique, Wall Street accueillait mardi par une hausse la perspective d'un compromis entre républicains et démocrates qui pourrait déboucher sur un accord pour relever le plafond officiel de la dette américaine. Mais c'est surtout le programme de réduction des dépenses publiques sur dix ans pour économiser quelque 2.400 milliards de dollars sur 10 ans, qui est la clé de ce compromis, autrement dit un programme d'austérité. Ou de rigueur. Si même les Etats-Unis y viennent...

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 19/12/2012 à 16:55
Signaler
Si dans le même temps les pays (en europe) qui ont une santé de fer, une balance commerciale très positive,une balance de paiement qui leur permet d'épargner, relancaient leur propre demande intérieure (multiplicateur des exportations pour les autres...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.