Soyons résolus

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Pour célébrer le nouvel an, un homme plonge dans le Tibre du pont Cavour à Rome, perpétuant une tradition qui remonte à 1946. Copyright Reuters

Sacrifions au seuil de cette nouvelle année à l'exercice des bonnes résolutions à prendre. Il y a d'abord celles, capitales, du président de la république. Lors du traditionnel message télévisé des v?ux à la nation François Hollande a indiqué que pour 2013 « le cap est fixé : tout pour l'emploi, la compétitivité et la croissance ».

Fixer un cap ne veut pas dire pour autant l'atteindre, et le programme proposé était déjà celui du candidat, qui revendiquait même à l'époque un pacte de croissance à l'échelle européenne, pour faire pièce à la seule politique d'austérité prônée par Bruxelles.

Plus nouveau en revanche a été la déclaration suivante : « Je vous assure que chaque euro prélevé sera accompagné d'une lutte drastique pour réduire les dépenses publiques inutiles... » Comme les impôts vont augmenter - et pas seulement pour les plus riches -, la lutte contre les dépenses publiques inutiles - aveu qu'il en existe ! - devrait donc s'avérer implacable. Attendons de voir comment le gouvernement va s'y prendre en la matière.

Car la tâche s'avère difficile si l'on regarde ce qui se passe de l'autre côté de l'Atlantique. En guise d'étrennes pour le nouvel an, démocrates et républicains sont bien parvenus mardi à un accord sur le « mur budgétaire » mais il s'agit en vérité d'un répit. Les deux camps ont surtout voulu éviter le programme mécaniquement mis en place en cas de dépassement du plafond de la dette, autrement dit un cocktail de hausses d'impôts et de réduction des dépenses publiques, qui aurait été fatal pour la fragile reprise de l'économie américaine - 2% tout de même en 2012, de quoi faire pâlir d'envie un Européen bon teint.

Car si les Républicains et les Démocrates sont d'accord sur la nécessité de réduire drastiquement le niveau de la dette américaine, qui dépasse les 100% du PIB, ils se divisent sur les mesures, couper davantage dans les dépenses publiques et réduire les impôts pour les premiers, augmenter les impôts des plus riches et couper davantage dans le budget de la Défense que dans les programmes sociaux pour les seconds.

Le débat sans fin qui a lieu aux Etats-Unis tout comme celui sur le fait de savoir si l'austérité permet de régler une crise européenne qui n'en finit pas de finir manque peut-être la nature réelle du problème.

Et si l'on en croit une étude publiée par le Boston Consulting Group (BCG), intitulée « Pour en finir avec l'ère de la finance Ponzi », le citoyen lambda a de quoi s'inquiéter. En effet, selon le BCG, la cause principale des problèmes des économies développées réside dans un endettement organisé en une véritable chaîne de Ponzi.

Charles Ponzi est devenu célèbre par une fraude désormais classique consistant à payer de bons rendements aux premiers investisseurs avec l'argent de la vague suivante d'investisseurs alléchés par de tels rendements, jusqu'à ce que la supercherie est mise à jour lorsque l'instigateur est dans l'incapacité d'honorer les remboursements. On se souvient que Bernard Madoff avait réussi à prospérer ainsi durant des années, avant que la crise financière de 2008 révèle son tour de passe-passe qui avait trompé même des financiers aguerris.

Mais nos Etats sont-ils des Madoff en puissance ? Il est vrai que l'augmentation du poids de la dette publique va peser sur les futures générations. Celles-ci devront consentir des sacrifices pour rembourser des emprunts qui n'auront pas servi à financer des projets qui leur profiteront, comme par exemple un pont ou un centre de recherche. Au contraire, une part de l'argent emprunté est utilisé pour couvrir les dépenses courantes, les échéances de remboursement des emprunts précédents ou encore à financer des promesses électorales, ou les demandes des lobbies, qui répondent davantage à des intérêts corporatistes qu'à l'intérêt général.

Or le phénomène a pris une ampleur inquiétante. Selon les chiffres de la Banque des règlements internationaux (BRI), l'addition des dettes des Etats, des entreprises et des ménages de l'ensemble des pays de l'OCDE a représenté quelque 320% du PIB total en 2010 contre 160% en 1980. Tenir le rang d'un « Etat providence »... à crédit devient de plus en plus cher d'autant que la croissance n'est pas là.

Aussi, pour stopper cette dérive à la Ponzi, le BCG préconise 10 mesures pour 2013 aux responsables politiques des économies développées :

1. S'attaquer en priorité à la dette publique.
2. Abandonner les promesses irréalistes faites par les responsables politiques
3. Rendre l'Etat plus efficace
4. Anticiper la rareté de main d'?uvre (pour certains pays)
5. Mettre en place une politique d'immigration intelligente pour compenser le vieillissement de la population
6. Investir dans l'éducation
7. Investir à nouveau dans des infrastructures de qualité
8. Rendre plus efficiente la consommation des ressources naturelles
9. Coopérer mondialement
10. Lancer une nouveau cycle long de croissance (par l'innovation, la prise de risques...)


Sur ces bonnes résolutions, la Tribune souhaite à ses abonnés une excellente année 2013.
 

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Commentaire 1
à écrit le 03/01/2013 à 17:59
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beaucoup plus esthétique que le plongeon du CAC 40 sur 5 ans....!!!

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