C'est fait, les partenaires sociaux ont signé un accord sur l'emploi ou plus précisément sur la « flexisécurité » à la française, in extremis dans la soirée de vendredi. Désormais, le texte devra passer au parlement vers la fin février pour avoir un débouché législatif, ce qui signifie qu'il est largement amendable.
Deux syndicats parmi les plus importants (en terme d'adhérents), la CGT et de FO, ont refusé de signer, ce qui leur laisse donc toute latitude pour en contester la future application.
L'idée, rappelons-le, est de fluidifier un marché du travail réputé figé - les salariés en CDI sont davantage protégés que les CDD et tendent à refuser toutes les évolutions - et de stopper la montée inexorable du chômage, qui touche désormais 3 millions de personnes. Cette fluidité consiste à vouloir donner plus de souplesse aux entreprises pour licencier et plus de protection au salarié qui serait l'objet d'un licenciement.
Nombre de commentateurs y ont vu une avancée significative. Néanmoins, il ne résout pas pour autant le problème de fond pour la France, loin s'en faut, qui réside dans le manque de compétitivité général dans la course mondiale, et sa capacité à créer de la richesse que traduirait la croissance. Le gouvernement campe sur +0,8 % cette année contre à peine +0,2% estimé par plusieurs institutions internationales. Pour faire baisser le chômage selon les experts il faudrait une croissance à 1,5%. On a est loin. La France pourrait même être en récession en 2013, avec un investissement général qui pourrait chuter. Face à un tel risque d'embourbement, la "flexisécurité" ne sera pas d'un grand recours.
Un autre front sur lequel le risque d'embourbement est réel est celui du Mali. La France a donc décidé vendredi de s'engager militairement pour appuyer l'armée régulière et un contigent interafricain pour stopper l'avancée des terroristes islamistes qui maîtrisent le nord du pays, où ils ont installé un régime régie par la charia. Cette guerre, appelons les choses par leur nom, est soutenue diplomatiquement par l'Union européenne et, selon Paris, par l'administration Obama.
Il n'en reste pas moins que la France est seule, sur le terrain. Si jusqu'à présent, ce sont des opérations de bombardement aériens qui caractérisent l'opération, il faudra tôt ou tard aller sur le terrain pour mettre hors d'état de nuire les réseaux islamistes face à un ennemi rompu à la guerilla. Le risque d'embourbement est réel.
Jusqu'alors la puissance régionale, l'Algérie s'était toujours montrée réticente à intervenir. Le voyage récent de François Hollande à Alger a permis d'obtenir au moins une neutralité du gouvernement pour mener une opération face à un risque de déstabilisation régionale - le Mali étant le maillon faible -, voire à la création d'un sanctuaire pour le terrorisme islamisque.
Par une sorte d'effet boomerang, la France qui s'était voulue en première ligne pour faire chuter le régime de Kadhafi en Lybie, doit maintenant lutter contre les effets secondaires de la guerre lybienne. Les pétrodollars libyiens permettaient en effet de pouvoir régler les factures de certains Etats sub-africains et de conserver une certaine stabilité en contenant les mouvements terroristes islamistes. Avec le chaos qui a suivi la fin du régime de Kadhafi, qui était surarmé, la prolifération de l'arsenal lybien s'est répandu dans l'ensemble du Sahel via les mouvements touaregs.
L'intervention au Mali présente un danger réel pour la France, celui d'un enlisement qui s'éternise.
Sujets les + commentés