Boule de cristal

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Tom Albanese, patron déchu de Rio Tinto, en Chine en 2011. Ce pays sera la première puissance économique du monde en 2050.Copyright Reuters

"A long terme, on sera tous morts", ironisait Keynes quant on lui demandait de prévoir l'avenir.  Cela n'a pas pour autant empêché le cabinet d'études PwC, de se livrer au jeu des pronostics pour l'année...2050. Il prévoit notamment qu'a cette date, la Chine sera la première puissance économique (en parité de pouvoir d'achat) devant les Etats-Unis et l'Inde. Comme le suivant sera le Brésil, on peut donc dire que le centre de gravité de l'économie sera asiatique et que les économies développées actuelles seront dominées par les émergentes. Car PwC précise que d'ici là des pays comme l'Indonésie, le Nigéria et le Vietnam devraient connaître un progression spectaculaire.

Il ne s'agit que de projections, donc à prendre avec précaution. Si l'on avait dit aux Grecs en 2006 qu'ils seraient dans la situation qu'ils connaissent aujourd'hui, ils vous auraient regardé incrédules en se demandant si vous n'aviez pas abusé de l'ouzo.

D'ailleurs, cette suprématie des émergents - avec des Américains qui restent largement dans la course, il ne faut pas l'oublier - est relativisée par les experts de PwC, qui soulignent que l'Inde et le Brésil devront faire face à un déficit budgétaire important, que la Russie et le Nigéria seront trop dépendants de la rente pétrolière, et la Chine devra composer avec des tensions sociales créées par des inégalités croissantes. On remarquera qu'il n'y a là rien de nouveau sous le soleil puisque ce sont déjà des problèmes auxquels font face ces pays.

Et l'Europe ? Le premier pays du continent restera évidemment l'Allemagne, 9e, talonnée par la France 10e. Nous serons encore dans le Top Ten en 2050, les déclinistes auraient donc tout faux!

Est-ce cette perspective de déclassement qui a poussé les Allemands à rapatrier leur or dans les coffres de la Bundesbank - ce sont les deuxièmes réserves du monde - dont les deux tiers étaient stockés depuis la deuxième guerre mondiale à l'étranger, notamment à New-York, à Londres et à Paris? Les autorités outre Rhin assurent évidemment que non. Il n'empêche, Berlin considère que son métal jaune est mieux à la maison. En ces temps de crise, si une longue traversée du désert dans la zone européenne advient dans les prochaines années, il sera toujours bon d'avoir une poire pour la soif, surtout au cours actuel de l'or.

C'est également sur une question de métal qu'a chuté le sémillant Tom Albanese, le patron de Rio Tinto, l'un des groupes les plus riches du monde, avec BHP Billiton et Vale, dont le métier consiste à creuser inlassablement la terre pour extraire du minerai. Rio Tinto vaut de l'or car il est un des premiers fournisseurs mondiaux de minerai de fer dont le prix a plus que décuplé ces dernières années. Albanese a été renvoyé pour avoir fait perdre plus de 10 milliards d'euros en raison d'investissement contre-productifs dans l'aluminium, et mené à un fiasco dans l'exploitation du charbon au Mozambique.

Tom Albanese travaillait depuis 30 ans chez Rio Tinto. Où en sera le monde dans 30 ans ? On l'a dit, la Chine dominera. La Chine, qui est aujourd'hui le premier client de Rio Tinto. Les clients actuels du géant minier sont donc promis à un bel avenir.
 

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