Le coût de la transgression

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Kim DotCom samedi jour de lancement de Mega, plate-forme d'échange gratuit de fichiers. Mega remplace Megaupload, femré par les autorités américaines. Reuters

Le bilan de la tragique prise d'otages par un groupe terroriste de jihadistes sur le site gazier algérien de In Amenas pourrait se révéler plus lourd qu'initialement indiqué. Samedi, à l'issue du raid des forces spéciales algériennes, les autorités annonçaient la mort de 23 otages et de 32 ravisseurs. Mais la découverte macabre des corps de 25 autres otages dimanche indique qu'il va falloir encore attendre pour connaître le coût d'une opération qui aura démontré la détermination et l'audace des terroristes.

En effet, l'Algérie, réputé un pays hautement contrôlé, subit là un revers en matière de sécurité. Les installations d'exploitation d'hydrocarbures étaient pourtant réputées inviolables. Nombre de spécialistes ont souligné ? notamment au regard du nombre de ravisseurs impliqués ? qu'une telle opération nécessite des semaines sinon des mois de préparation, et ne peut être programmée sans des complicités en interne.

Les jihadistes aurant donc marqué des points en s'attaquant à ce qui paraissait réputé inattaquable. De ce point de vue, médiatiquement parlant, ils ont atteint leur but, et leur détermination à tuer froidement leurs otages ? même s'il faudra attendre les résultats d'une enquête, si tant est que les autorités algériennes acceptent d'en communiquer les détails ? aura montré qu'ils savaient à quoi s'en tenir face à des autorités algériennes qui ont refusé toute négociation.

Cette transgression fait leur force, en montrant qu'ils peuvent frapper où ils veulent quand ils veulent, et créer un état d'insécurité généralisée. De ce point de vue, la décision des 500 entreprises françaises de rester en Algérie, annoncée par la voix de Laurence Parisot, la patronne des patrons français, va dans le bon sens. Elle est une réponse à ce chantage de la terreur.

Nettement moins tragique, mais tout aussi transgressif est le lancement samedi sur internet de Mega, un nouveau site gratuit de partage de fichiers. Ce projet est dû à Kim Dotcom, ce sulfureux chantre de la liberté sur le Net, et qui, il y a un an, avait été arrêté en Australie en tant que gestionnaire de Megaupload. Les Etats-Unis demandent son extradition pour le juger. En effet, Mega, comme Megauplod, va permettre de télécharger illégalement de la musique, des films ou encore des jeux informatiques, une gratuité qui ruine les entreprises commerciales. Mais cette fois-ci Kim Dotcom s'est débrouillé pour décentraliser ses serveurs aux quatre coins de la planète rendant difficile son démantèlement. Bref, Kit Dotcom attaque sur le terrain même de "l'ennemi" en défiant à nouveau les Etats, et leur législation.

Transgresser coûte cher. Selon le Journal du Dimanche, au terme d'un arrangement conclu à la fin du mois de novembre dernier, Dominique Strauss Khan aurait accepté de verser 1,5 million de dollars à Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel qui l'accuse d'agression sexuelle. L'arrangement met ainsi fin aux poursuites au civil et évite le procès à l'ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI). Évidemment, avec cette conclusion, et en l'absence de procès, on ne saura jamais exactement ce qui s'est passé dans la chambre du Sofitel puisque, et c'est une des caractéristiques du droit américain, ce qui prime est le dédommagement de la victime plus que l'établissement des faits.

C'est d'ailleurs peut-être l'une des conséquences des actes de transgression : les certitudes les plus établies sont ébranlées.

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