Pas de panique

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, vu de Davos, la situation financière s'améliore, en Espagne, les chômeurs en doutent, tandis qu'à Wall Street, Apple affole les investisseurs.
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Gideon Rachman, journaliste respecté du Financial Times, est un des privilégiés qui hante les couloirs du Forum économique mondial de Davos. Lors d'un dîner privé, il s'est risqué à soumettre aux autres convives attablés cette idée qu'il n'y avait plus de risques de panique financière.

Le bazooka ne suffit pas

Depuis que l'Allemagne a dit que la Grèce resterait dans la zone euro, depuis que Mario Draghi, le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE) a joint le geste à la parole - en agitant la menace du fameux « bazooka » rebaptisé pour l'occasion OMT -, les marchés financiers ont retrouvé une certaine sérénité. Nouriel Roubini, l'économiste devenu vedette internationale par sa prédiction de la crise de 2008, a approuvé.

Pour autant, tout va-t-il pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ? Et non. Car, comme le souligne Gideon Rachman lui-même, la fin des incertitudes financières est une condition nécessaire mais non suffisante pour renouer avec la croissance.

Plus d'un jeune Espagnol sur deux n'a pas d'emploi

Le chômeur espagnol approuvera ce constat, en particulier s'il est jeune. Car employer un singulier pour évoquer les demandeurs d'emplois du Royaume est une pure figure de rhétorique. Au dernier trimestre 2012, les sans emplois représentaient 26% de la population active, soit presque 6 millions de personnes. Pour les moins de 25 ans, ce taux grimpe à 55 %. C'est le plus haut niveau depuis 1976.

Malheureusement, cette sinistre progression ne devrait pas s'infléchir à court terme - en tout cas au premier semestre 2013 - car les mesures de rigueur touchant notamment la fonction publique commencent à entrer dans les faits et dans les chiffres.

L'Espagne devrait connaître une nouvelle année de récession (- 1,5% selon le FMI). De l'autre côté des Pyrénées, si la panique n'est plus dans la finance, en revanche, elle s'est communiquée à l'économie réelle, sous une forme dépressive.

La rude loi de la Bourse

Les investisseurs financiers ont en revanche paniqué à Wall Street après la publication mercredi soir de chiffres trimestriels d'Apple jugés décevant par les analystes. Jeudi, le titre a perdu en début de séance jusqu'à 11% de sa valeur. Le paradoxe est que la firme à la pomme a affiché des records de vente pour la plupart de ses appareils, mis à part ses Mac.

Oui, mais voilà, ces dernières années, Apple avait habitué ses actionnaires à un renforcement continu de son leadership. L'avenir ne s'annonce plus aussi radieux. Les investisseurs en sont déçus et vendent des actions de la firme californienne. C'est la rude loi de la Bourse. Il n'y a cependant pas de quoi paniquer, Apple restera un géant. Il ne fallait simplement pas oublier ce vieil adage boursier : les arbres ne montent pas au ciel. S'en souvenir aurait épargné au marché une panique inutile.

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