Le doute est jeté

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, l'économie américaine s'est de façon surprenante contractée, Israël perd un pilier avec la démission de Stanley Fischer et l'Egypte court le risque croissant de sombrer dans le chaos.
Stanley Fisher, gouverneur de la Banque centrale d'Israël. Copyright Reuters

La confiance en berne du consommateur américain était un prélude, les chiffres officiels de l'activité aux Etats-Unis le confirment : l'économie ne redémarre pas vraiment puisque le PIB au quatrième trimestre 2012 accuse une contraction sur un an de 0,1%.

C'est la douche froide après le troisième trimestre où le PIB affichait une progression de 3,1%. Les analystes justifiaient cette contre-performance par la chute des dépenses publiques.

Même si, sur l'année 2012, la croissance du PIB est de 2,2%, après + 1,8% en 2011, l'accélération du premier moteur mondial n'est toujours pas au rendez-vous.

Le problème est d'abord politique

Et comme dans le cas de la crise de la zone euro, le problème est d'abord politique. Le blocage entre républicains et conservateurs s'éternise pour trouver un accord sur une réduction des dépenses publiques sur 10 ans. Cela coince surtout sur la façon de répartir l'effort.

Le désendettement des économies américaine et européennes est le fardeau que vont porter les gouvernements dans les prochaines années, avec outre la délicate question de la fiscalité la redéfinition du rôle exact de l'Etat. Le doute qui s'installe dans les populations n'est pas seulement une lubie, il trahit le sentiment diffus que la situation ne sera plus la même qu'avant.


Stanley Fisher inspirait la confiance

En Israël, c'est aussi la réduction des dépenses de l'Etat qui fait débat. C'était d'ailleurs une forte pomme de discorde entre Stanley Fisher, le gouverneur de la Banque centrale d'Israël, qui les recommandait avec insistance, et le ministre des Finances, Yuval Steinitz. « C'était », parce que Fisher, dont le mandat courait jusqu'à 2015 a présenté sa démission, sans fournir d'explication officielle. Il quittera son poste le 30 juin. Cet élégant américain de 69 ans, qui avait acquis la nationalité israélienne au moment de son recrutement à la tête de l'institution s'était fait une réputation d'économiste rigoureux au poste de chef économiste à la Banque mondiale.

Sa candidature avait été un temps avancée pour diriger le FMI, au moment où Christine Lagarde se présentait. Internationalement et nationalement, Stanley Fisher inspirait la confiance et avait par sa politique monétaire grandement contribué à la stabilité économique du pays, en particulier dans sa gestion de la crise financière mondiale de 2008.

Il quitte son poste au moment même où le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu va négocier la constitution d'un gouvernement de coalition avec le centre-gauche, qui a percé aux dernières élections législatives. Ce centre-gauche qui milite pour une réduction des dépenses publiques, et l'équité fiscale. Un programme qui a sans nul doute la faveur de l'ancien haut fonctionnaire de la Banque mondiale.

La crainte du chaos

Le doute est en revanche bien installé chez le pays voisin, l'Egypte. Le président Mohammed Morsi et la main-mise de sa formation, les Frères Musulmans, à tous les niveaux de l'appareil d'Etat, pas l'armée, ont poussé l'opposition à descendre dans les rues des grandes villes du pays. La répression a fait selon un bilan provisoire 60 morts. Si les progrès en matière de démocratie sont essentiels, c'est surtout la situation économique qui se détériore rapidement qui fait craindre le chaos.

L'Egypte a un besoin urgent de prêts des institutions internationales pour pouvoir au moins maintenir l'activité économique et le fonctionnement d'un Etat, notoirement corrompu. Depuis plusieurs mois, les négociations avec le FMI sur le déblocage d'une aide d'un montant de de 4,8 milliards de dollars patinent. Elles devraient reprendre la semaine prochaine.

Des réserves équivalentes à trois mois d'importation

Le secteur du tourisme est en berne, et les investisseurs étrangers ont fui le pays. Les réserves de change ont fondu comme neige au soleil pour enrayer la dépréciation de la livre. Elles s'élèvent à 15 milliards de dollars, soit l'équivalent de quelque trois mois d'importations.

La division qui s'accentue entre deux camps voit l'espoir d'un consensus pour appliquer des mesures impopulaires pour redresser l'économie du pays s'éloigner à grande vitesse. Le printemps arabe est bien fini.

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