Mauvaises pratiques

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, la Deutsche Bank perd de l'argent pour solder certains égarements, un scandale financier menace le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy et les dirigeants chinois n'aiment pas que l'on parle de leur fortune personnelle.
Le Premier ministre chinois Wen Jiabao, sur lequel le New York Times a publié une enquête révélant une fortune personnelle de plusieurs milliards de dollars. queCopyright Reuters

C'est vieux comme le monde, il y a toujours eu des tricheurs, qui veulent gagner de l'argent sans suivre les règles du jeu. Durant la crise financière de 2008, nombre de sociologues, philosophes et autres chercheurs en sciences sociales ont mis en évidence combien les individus étaient dominés par la cupidité. En réalité, nous le sommes tous.

Les saints sont exceptionnellement rares

Bien sûr, une éducation fondée sur le respect des valeurs morales peut-être une première protection. Mais les saints sont rares, exceptionnellement rares. Qui plus est lorsque la tentation est grande de pouvoir s'affranchir des règles en raison de la toute puissance qui peut se rencontrer dans les hautes sphères des différents pouvoirs.

Le philosophe Friedrich Nietzsche dit en substance dans "Humain, trop humain" que les hommes (et les femmes, quoique sa mysoginie pouvait faire une disctinction) évitent de mentir parce que c'est fatiguant, plus que pour des raisons morales. Cela semble bizarre, mais il y a du vrai dans cette affirmation. C'est en tout cas pour cette raison que les démocraties ont mis en place des systèmes judiciaires indépendants qui peuvent dissuader les tentations, car le prix à payer s'avére trop élevé, autrement dit très fatiguant.

La réputation d'une honorable banque ternie

La Deutsche Bank, la première banque outre Rhin, en donne un exemple. Cette honorable institution vient d'annoncer un bénéfice net pour 2012 de 611 millions d?euros, c'est 85% de moins par rapport à 2011.

Cette contre-performance n'est pas dû à un retournement du marché, mais à des dépréciations et des provisions qui ont coûté pour le seul quatrième trimestre 2,2 milliards d?euros. Sont en cause le solde de tous ses produits financiers à risque hérités de l?époque où la sophistication financière était le nec plus ultra de l?activité bancaire pour gagner rapidement de l?argent, en tous les cas plus vite qu'avec la gestion des comptes de dépôts des particuliers. Mais ces provisions concernent également le montant lié aux problèmes judiciaires du scandale du Libor (manipulation du taux de référence interbancaire) et à la fraude à la TVA sur les marchés européens des quotas de CO2.

Les enquêtes sont toujours en cours. Les dirigeants, qui se croyaient au-dessus des lois, sont dans le collimateur de la justice. La réputation de la Deutsche Bank est ternie.

Versements occultes pour le PP, rigueur pour les Espagnols

En Espagne, c?est le milieu politique qui est touché, plus exactement le Partido Popular (PP), la formation du Premier ministre, Mariano Rajoy. L'affaire concerne des versements, sous forme de suppléments de salaires, au bénéfices des dirigeants du parti entre 1990 et 2008, un argent qui n'aurait pas fait l'objet d'une déclaration au fisc. Et cela se faisait via un compte bancaire suisse.

Le quotidien El Pais a publié le fac-similé du livre de comptes répertoriant les bénéficiaires des versements : le nom de Mariano Rajoy y figure. Si les faits s?avéraient vrais cela déboucherait sur un scandale dont n?avait pas besoin le pays. Les Espagnols vont être choqués par l?immoralité de l?opération. D'autant que ce sont les mêmes qui imposent aujourd'hui des sacrifices à l?ensemble des Espagnols qui hier profitaient d'une caisse noire.

Si il faut attendre les éclaircissements de l?enquête sur cette caisse avant de tirer des conclusions définitives, Mariano Rajoy, qui passait par un homme politique honnête, voit d'ores et déjà lui aussi sa réputation ternie.

Des hackers pour trouver ceux qui salissent la réputation des dirigeants chinois

On savait que les autorités chinoises ne supportent pas la critique, surtout ad hominem, et attaquent ceux qui s?y risquent. Le New York Times l?a appris à ses dépens après avoir publié une enquête qui révélait la fortune s?élevant à plusieurs milliards de dollars amassée par le Premier ministre chinois Wen Jiabao et sa famille.

En rétorsion, le système informatique du quotidien américain a subi durant quatre mois les attaques des hackers chinois. Pékin a rejeté toutes les accusations en responsabilité. Mais l?armée dispose de « pirates de l'informatique » qui travaillent discrètement pour son compte. Car, précise le New York Times, ce n'était pas le sabotage du site qui était visé mais la recherche des noms des informateurs des journalistes américains qui avaient mené l?enquête. L?agence Bloomberg qui avait mené le même travail sur la fortune du futur président Xi Jinping a subi le même sort.

Evidemment, tous les Etats de la terre ont leur service d?espionnage et de renseignements. Mais ce qui étonne, c'est la démesure et la grossiereté des moyens mis en oeuvre pour tenter de remonter à l'origine des révélations. La Chine est un des pays les plus corrompus de la planète. Trop d'argent circule entraînant trop de tentation. Plus ou moins tranquillement faute d'un système judiciaire indépendant.

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